Passé à la postérité pour ses écrits anticolonialistes (Peaux noires, Masques blancs en 1951, Les Damnés de la terre en 1961) et pour son engagement aux côtés des indépendantistes algériens, Frantz Fanon fut médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville de 1953 à 1956. Fanon s’employa à y mettre en oeuvre les méthodes de la « psychothérapie institutionnelle » qu’il avait apprises de son maître, le docteur François Tosquelles à l’hôpital de Saint-Alban.
Ce Fanon-là sort trois mois après celui réalisé par Jean-Claude Barny qui avait engrangé un beau succès public, dépassant les deux cent mille entrées. Pourquoi un tel doublon ? Parce qu’on fête cette année le centenaire de la naissance de Fanon. Parce que surtout les deux projets se sont montés parallèlement en s’ignorant mutuellement, le premier en France, le second, qui lui est en fait antérieur, en Algérie. On imagine volontiers l’agacement de chacune des équipes quand elles ont appris l’existence du projet de l’autre.
Car les deux films se superposent parfaitement. Seule différence : celui de Jean-Claude Barny se prolongeant jusqu’à la mort de Fanon alors que celui de Abdenour Zahzah s’arrête à son départ de Blida. Autre différence : le film de Zahzah ne parle quasiment pas de l’engagement politique de Fanon ni de ses livres, se bornant scrupuleusement à décrire son activité réformatrice au sein de l’hôpital.
Tout ce qu’il raconte et qu’on a déjà vu dans le précédent film est l’engagement du médecin auprès de ses malades pour en améliorer le sort à rebours des usages rétrogrades qui prévalaient à l’époque et malgré les résistances de ses collègues conservateurs et racistes.
J’avais éreinté le Fanon de Barny, ne lui mettant aucune étoile. Pourtant, il surpasse sur tous les tableaux celui de Zahzah qui accumule les défauts. Son manque de budget se voit à chaque plan. Le pire : son interprétation calamiteuse par des acteurs qui récitent besogneusement leur texte (la prime allant à la malheureuse interprète de Josie Fanon là où Deborah François arrivait à lui donner tant de charme).
S’il n’y avait eu Valensole 1965, Frantz Fanon aurait emporté haut la main le prix du navet de l’été.