Transit ★☆☆☆

À une époque indéterminée, qui pourrait être contemporaine, mais qui rappelle les événements de la Seconde guerre mondiale, des réfugiés allemands se pressent à Marseille en quête d’un bateau vers les Amériques.
Parmi eux, Georg (Frank Rogowski) a subtilisé les papiers de Weidel, un écrivain qui s’est suicidé après que sa femme l’a quitté. Mais les pas de Georg croisent ceux de Marie Weidel (Paula Beer) qui ignore la mort de son mari et cherche à le retrouver.

Adapté d’un roman autobiographique de la romancière allemande Anna Seghers, réfugiée au Mexique en 1941, Transit opte pour un parti pris de mise en scène audacieux quoique pas totalement inédit (au théâtre le procédé est monnaie courante et au cinéma, Peau d’Âne ou, plus récemment, Marguerite & Julien étaient construits selon le même principe) : mélanger les temporalités en tournant un film d’époque dans des costumes et des décors contemporains.

C’est sans doute la principale richesse du film mais aussi sa principale faiblesse.
Sa principale richesse car l’histoire de Georg, de Marie et des quelques malheureux réfugiés qui errent dans les rues de Marseille, dans ses hôtels sordides, dans ses consultas débordés, n’est pas sans écho avec notre époque. L’accueil qui leur est fait, qui alterne et combine l’indifférence, l’hostilité et parfois la solidarité, n’a rien à envier à celui qui est réservé aux réfugiés qui franchissent ces temps-ci la Méditerranée au péril de leur vie. En mettant en scène une famille maghrébine, dans une banlieue défavorisée, à laquelle Georg se lie, Christian Petzold souligne d’ailleurs lourdement cette dimension de sa parabole.

Pour autant, on peine à comprendre l’utilité du procédé. Et on n’arrive pas à se convaincre que le film n’aurait pas été autant sinon plus efficace s’il avait été tourné dans des costumes d’époque. Si bien que ce qui est revendiqué comme un parti pris audacieux de mise en scène se révèle ex post comme un moyen habile de faire des économies sur le budget de production.

Cette mise en scène est d’autant moins stimulante qu’elle se met au service d’un scénario qui a mal vieilli. Le roman d’Anna Seghers décrivait une galerie de personnages auxquels le film accorde une attention trop limitée. Et son coup de théâtre final est trop daté pour émouvoir. La qualité des acteurs (Franz Rogowski, aperçu dans Happy End et dans Victoria, Paula Beer dont la démarche élancée et les talons mi-hauts rappellent immanquablement Nina Hoss, l’égérie des précédents films de Christian Petzold) ne suffisent pas à sauver ce film déséquilibré.

La bande-annonce

Un commentaire sur “Transit ★☆☆☆

  1. Ping Le Ciel rouge ★★☆☆ | Un film, un jour

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