Un clochard se suicide en se pendant à un radiateur durant son expulsion du local qu’il occupait sans titre. Orsolya, l’huissière de justice chargée de cette expulsion, ne se remet pas de ce drame et cherche auprès de son entourage le réconfort.
Dans le très riche cinéma roumain (Mungiu, Puiu, Porumboui….) Radu Jude occupe une place à part : celle de sujets très provocateurs qui critiquent le régime roumain, les discriminations dont il est coupable, et celle d’un traitement formel radical (son dernier film, N’attendez pas trop de la fin du monde comportait un plan fixe de quarante-cinq minutes !).
Kontinental ’25 se présente à nous sous les atours sympathiques d’une comédie avec son affiche arty, son titre façon Europe 51 et son affiche qui rappelle Audrey Hepburn et les films américains des années 50. Le contre-sens – ou plutôt la tromperie sur la marchandise – ne pouvait pas être plus grand.
Car Kontinental ’25 – dont je n’arrive pas à comprendre le titre – a les deux pieds dans le monde contemporain. Il a été tourné à Cluj, la capitale de la Transylvanie, dont chaque coin de rue est filmé en plans fixes, au point, lors de la dernière séquence d’une vingtaine (?) de plans immobiles successifs, qu’on a l’impression de visiter une exposition photo sponsorisée par JC Decaux. Il met en scène un clochard dont on suit d’abord les déambulations jusqu’à son suicide. Le film alors change de focale et se concentre sur le personnage d’Orsolya, que ses origines hongroises désignent à l’hostilité de la population roumaine.
Le sujet pourrait être intéressant : comment une huissière de justice vit-elle le suicide du clochard qu’elle a expulsé de son domicile ? Mais son traitement devient vite insupportable. Radu Jude filme en plans fixes les longs tête-à-tête qu’Orsolya a successivement avec son mari, avec son patron, avec sa meilleure amie, avec sa mère, avec un ancien étudiant et avec un prêtre. Ces plans interminables et leur logorrhée sont venus à bout de ma résistance, à l’exception peut-être de celui avec l’étudiant qui prend un tour savoureux.
Je suis à 100% d’accord. Personnellement, j’ai failli sortir avant la fin ce qui ne m’arrive jamais.
J’ai du mal à m’expliquer que ses films soient régulièrement primés, à Berlin notamment : ici avec l’Ours d’argent du scénario et l’Ours d’Or pour Bad Luck Banging or Loony Porn ?