Médéric (Jean-Charles Clichet) est un geek clermontois, maladroit et célibataire, amateur de course à pied. Alors qu’un attentat meurtrier vient de frapper la capitale auvergnate et que la paranoïa gagne ses habitants, Médéric noue une idylle improbable avec Isadora (Noémie Lvovsky), une prostituée dans la force de l’âge, aliénée par un mari violent.
Alain Guiraudie est un réalisateur hors normes. Communiste, homosexuel, aveyronnais, il s’est fait connaître en 2013 avec L’Inconnu du lac – dont l’affiche polémique avait été retirée à Versailles et à Saint-Cloud. En 2016, Rester vertical divisait la critique. Zéro étoile pointé dans mon blog et un commentaire lapidaire : » Rester vertical est peut-être un bon film. Mais je l’ai détesté. »
Viens je t’emmène n’aura pas suscité de ma part une telle hostilité. Mon jugement n’en est pas pour autant enthousiaste.
J’ai trouvé en effet que les deux récits qui y étaient entremêlés peinaient à se rencontrer.
D’un côté, c’est l’histoire d’amour qui se noue entre un célibataire maladroit et une prostituée aux orgasmes retentissants. Cette histoire d’amour qui n’a rien de romantique est joyeusement dionysiaque. Elle est l’occasion de plusieurs scènes de sexe systématiquement interrompues par un facteur extérieur : le flash télévisé qui annonce l’attentat, l’arrivée impromptue du mari d’Isadora, un appel téléphonique de l’associée de Médéric (Dora Tillier méconnaissable), etc. Noémie Lvovsky, dans une improbable fourrure rouge renard, y prend, comme toujours, sa part à la perfection en jouant du charme gouailleur qu’elle possède.
De l’autre, c’est une histoire plus politique qu’Alain Guiraudie nous raconte en montrant le poison délétère que le terrorisme distille dans une ville de province qui se claquemure pour se protéger d’un meurtrier en cavale. L’action se recentre sur l’immeuble où habite Médéric et où il a accepté d’héberger temporairement Sélim, un jeune Maghrébin qui se dit à la rue et qui pourrait en fait être recherché par la police. Cet hôte inopiné excite les réactions contrastées des voisins de Médéric : certaines sont franchement haineuses, d’autres sont plus empathiques.
Alain Guiraudie avait la matière pour faire deux films, tout aussi stimulants l’un que l’autre. L’émulsion qu’il a essayé de concocter n’est pas franchement réussie.
Fabrice (Jean-Paul Rouve) est un acteur comique de cinéma jouissant d’une petite notoriété. Il vit heureux dans un pavillon de banlieue avec son épouse Fabienne (Julie Depardieu) et son fils Gérard. Il commet hélas l’erreur de faire les courses de la semaine au supermarché sans sa carte de fidélité et devient illico l’ennemi public numéro un. Toutes les polices de France, sous la direction du commissaire Jeanne Weber (Yolande Moreau), spécialement rappelée au service pour l’occasion, sont à ses trousses. Fabrice part se cacher en Lozère. La population réclame la tête du criminel. Une partie de la profession, sous l’égide de Florence (Julie Gayet) se mobilise pour le défendre. Un film se prépare même où Benjamin (Ramzy Bedia) interprétera le rôle de Fabrice.
Deux années ont passé à Gotham City. Les élections municipales approchent qui opposeront le maire sortant et une jeune Afro-américaine réformiste. Batman, le justicier masqué, prend toujours sa part dans la lutte contre la criminalité qui gangrène la mégalopole ; mais sa tâche semble sans fin.
Le documentariste suisse Gabriel Tejedor est allé planter sa caméra à Magnitogorsk, à la frontière de l’Europe et de l’Asie, dans cette immense cité sidérurgiste. Pendant plus d’une année, il a attaché ses pas à ceux de trois familles et en a filmé la vie quotidienne.
Cassandre (Adèle Exarchopoulos) a vingt-six ans. Elle est hôtesse de l’air dans une compagnie low cost basée aux Canaries. Chaque jour, elle répète la même routine : elle se maquille, tire ses cheveux dans un chignon impeccable, endosse son uniforme et arbore un sourire de façade pour servir un mauvais café à des hommes d’affaires méprisants ou des touristes alcoolisés. Le mutisme de Cassandre est l’armure qu’elle s’est construite pour soigner une blessure enfouie.
Buddy, neuf ans, est un adorable garçonnet couvé par sa mère qui grandit, malgré les absences de son père qui travaille en Angleterre, sans avoir conscience des nuages qui s’accumulent au-dessus de sa tête. Belfast, à l’été 1969, est frappé par la guerre civile qui oppose catholiques et protestants. Les tensions interconfessionnelles transforment la rue de Buddy en camp retranché. La question du départ se pose à ses parents qui ne veut pas abandonner la ville où il a grandi et ce grand-père si attachant qui se meurt lentement de silicose.
À la fin du dix-neuvième siècle, Eugénie Cléry (Lou de Laâge) est une jeune fille de la haute bourgeoisie parisienne dont les parents collets montés n’apprécient guère les foucades féministes. Quand Eugénie prétend communiquer avec les esprits, ils la placent à l’asile de la Salpêtrière dans le service du docteur Charcot qui met en oeuvre des méthodes révolutionnaires pour soigner l’aliénation mentale. Terrifiée par son nouvel environnement, Eugénie apprend à connaître les autres convalescentes. Elle supplie qu’on la libère et révèle ses dons à Geneviève, l’infirmière en chef (Mélanie Laurent).
Au début du vingtième siècle, dans un petit village de pêcheurs sur une plage du Frioul, Agata accouche d’une fille mort-née, enterrée avant d’être baptisée. La jeune mère ne se résout pas à laisser son enfant errer anonyme dans les limbes. Elle a vent d’une légende : il existerait un sanctuaire dans la montagne où les enfants mort-nés sont ressuscités le temps qu’on les prénomme. Elle décide, contre toute raison, de s’y rendre. En chemin, sa route croise celle de Lynx, un autre vagabond.
En vertu de l’article 175 du Code pénal allemand, qui depuis 1871 pénalise l’homosexualité, Hans Hoffmann (Franz Rogowski) a été arrêté et déporté sous le nazisme. Mais, à la chute d’Hitler il doit encore exécuter le reliquat de sa peine avant d’être libéré. En 1957 et en 1968, il sera à nouveau arrêté et emprisonné dans le même établissement où il retrouve Viktor (Georg Friedrich), un héroïnomane qui deviendra, malgré son homophobie, son ami le plus cher.
Béatrice a quarante-quatre ans. Aide soignante dans un hôpital gériatrique, elle vient de perdre son mari, employé de police violent, alcoolique et volontiers raciste. À Calais, ni lui, ni elle ni les autres policiers qui l’assurent de son amitié ne portent dans leurs cœurs les réfugiés qui s’entassent dans la « jungle » dans l’attente d’un hypothétique passage en Angleterre.