200 mètres, c’est l’espace qui sépare la maison de Mustafa à Tulkarm en Cisjordanie de l’appartement où vivent sa femme et ses trois enfants, de l’autre côté du mur, en Israël. Chaque jour, Mustafa le franchit pour aller travailler en Israël, supportant sans broncher la longue attente aux checkpoints et les procédures humiliantes de sécurité. Mais chaque nuit, il en est réduit à faire clignoter le lampadaire de sa terrasse pour communiquer avec sa famille.
Cette routine épuisante connaît toutefois un loupé le jour où le fils aîné de Mustafa est gravement accidenté côté israélien. Faute d’avoir fait renouveler à temps ses papiers, Mustafa est bloqué au checkpoint. Pour rejoindre sa famille, il doit se résoudre à solliciter l’aide de passeurs. Avec trois autres passagers, le voici entraîné dans un voyage dangereux dont il aurait volontiers fait l’économie.
La frontière est un lieu éminemment cinématographique. Les VIIèmes rencontres Droit et cinéma de La Rochelle en juin 2014 lui consacraient d’ailleurs un séminaire. On y montrait que leur franchissement et la tension dramatique qu’il provoquait avait de tous temps intéressé les réalisateurs. Pendant la Guerre froide, on filmait le Mur de Berlin. Depuis 1989, on en filme d’autres : le mur, autour de Ceuta, qui défend l’Europe de Schengen et où se pressent des immigrés africains (Loin, Goodbye Morocco, Roads), la frontière américano-mexicaine (Savages, Sicario, Desierto) et enfin le mur érigé depuis 2002 entre Israël et la Palestine. Amos Gitaï l’évoque dans deux de ses films : Promised Land en 2004 et Free Zone en 2005. Eli Suleiman, avec son humour pince sans rire reconnaissable au premier coup d’oeil, en fait le personnage principal de Intervention divine en 2002.
C’est sur ce très riche terreau que repose le premier film du jeune Ameen Nayfeh qui s’est nourri des mille et une anecdotes tragi-comiques que vivent les populations limitrophes du mur pour en construire l’intrigue. Telle est la direction que semble d’ailleurs prendre 200 mètres dans son premier tiers : la chronique douce-amère de la vie au pied du mur vécue par une famille palestinienne qui n’arrive pas à choisir le côté où s’installer. Mais le film connaît ensuite une brusque bifurcation qui en altère le sens. Son tempo s’accélère. La chronique familiale se mue en thriller mettant en scène Mustafa et ses compagnons de voyage (un jeune Palestinien qui veut aller s’employer en Israël, une documentariste allemande qui ne joue peut-être pas franc-jeu, son guide arabe qui souhaite se rendre au mariage d’un cousin) qui tentent, à leurs risques et périls, de franchir le mur en fraude.
Ce mélange des genres est revendiqué par le réalisateur dans son dossier de presse. Il n’en constitue pas moins pour autant, à mes yeux, une faiblesse. J’aurais préféré que 200 mètres reste sur le premier registre, ou alors se déroule entièrement, depuis ses toutes premières minutes, sur le second. On a un peu l’impression que les deux sujets étant intéressants, Ameen Nayfeh n’a pas réussi à choisir lequel sacrifier. Le thriller multiplie les incohérences et, plus grave, se termine en queue de poisson. Qu’a-t-on appris à la fin de 200 mètres qu’on ne savait déjà ? Que le mur dresse un obstacle absurde entre deux peuples. Soit….
Sophie (Sara Forestier) a vingt-huit ans, une amie-pour-la-vie (Laetitia Dosch) et pas mal de soucis. Elle a un solide coup de crayon mais n’a pas fait les Beaux-Arts. Faute de mieux, elle cumule un boulot de serveuse dans un restaurant et d’attachée de presse dans une petite maison d’édition dirigée par un patron tyrannique (Grégoire Colin). Sa vie amoureuse n’est guère plus flamboyante. Elle enchaîne coups de foudre et ruptures.
Thomas (Victor Belmondo), vingt-six ans, est un jet-setteur invétéré qui a abandonné ses études et passe ses nuits en boîte. Après une énième avanie (il a noyé le coupé BMW dans la piscine familiale), son père (Gérard Lanvin), chirurgien en pédiatrie, décide de le mettre au pied du mur : Thomas sera jeté dehors s’il n’accepte pas de s’occuper de Marcus (Yoann Eloundou), un jeune garçon de douze ans affecté d’une grave malformation cardiaque. Entre les deux jeunes gens naîtra une amitié improbable qui les fera mûrir tous les deux.
Après la mort de son mari, après la fermeture de l’usine où elle travaillait avec lui qui provoqua la désertion de leur petite ville du nord du Nevada, Fern (Frances McDormand), la soixantaine, n’a d’autre solution que de quitter sa maison et de s’installer rudimentairement dans sa camionnette. Le temps des fêtes de fin d’année, elle trouve un emploi chez Amazon avant de prendre la route. Au Dakota du Sud, elle travaille dans un parc national puis va faire la récolte des betteraves au Nebraska. Sur sa route, Ferne croise d’autres vagabonds qui, comme elle, par choix de vie ou par nécessité, refusent de se sédentariser.
La Seconde Guerre mondiale vient de se terminer et dans l’Amérique, encore ségrégée, Billie Holiday (Andra Day) est au sommet de sa carrière. Son interprétation de Strange Fruit, une métaphore déchirante du lynchage, lui vaut l’hostilité du FBI qui utilise ses deux points faibles pour la discréditer : son instabilité sentimentale et sa consommation inquiétante de drogue. Jimmy Fletcher (Trevante Rhodes), un inspecteur sous couverture qui se fait passer pour un soldat, réussit à se faire admettre parmi son premier cercle pour récolter la preuve des trafics qui y sévissent et faire emprisonner la chanteuse. Mais, tombant sous son charme, l’inspecteur repenti va vite se rapprocher de la chanteuse et tenter vainement de la guérir de ses addictions.
Dans un petit village du nord de l’Iran, une équipe de cinéma tourne un film. Toute l’équipe s’agite autour du réalisateur qui procède à un casting dans une école. Il porte son choix sur Tahereh, une jeune fille dont les parents sont morts dans le tremblement de terre qui a dévasté la région. Pour remplacer au pied levé l’acteur bègue incapable de lui donner la réplique, le réalisateur choisit Hossein, un jeune maçon qui avait demandé sans succès la main de Tahereh à sa grand-mère.
Dans la Tchécoslovaquie des années 80, l’Église catholique est divisée. Une partie d’entre elle a dû accepter de se placer sous la férule du régime communiste pour continuer à former ses prêtres, à les ordonner et à leur confier une paroisse avec l’autorisation d’y dire la messe ; une autre a au contraire refusé cette compromission et est entrée dans la clandestinité. C’est dans ce contexte troublé que Juraj et Michal entrent au séminaire de Bratislava. Très vite, comme leurs aînés, ils devront effectuer des choix cornéliens qui mettront en péril leur foi, leur amitié sinon leur vie.
Le milliardaire Gilles Fontaine (Patrick Bruel) est visé par la justice qui lui reproche les conditions opaques de l’acquisition de la luxueuse Villa Caprice dans la presqu’île de Saint-Tropez. Pour le défendre, il choisit le meilleur avocat parisien, Luc Germon (Niels Arestrup). Les deux hommes au tempérament bien trempé ne se font pas spontanément confiance mais sont condamnés à faire cause commune pour résister à la vindicte du juge d’instruction (Laurent Stocker) qui s’est juré d’avoir la tête de l’homme d’affaires.
Bernard alias Feu-de-bois (Gérard Depardieu) est un vieil homme rongé par la solitude, la haine de soi et des autres. L’esclandre qu’il provoque à l’anniversaire de sa sœur Solange (Catherine Frot), devant son cousin Rabut (Jean-Pierre Darroussin), conduit les trois personnages à plonger dans leurs souvenirs enfouis de la guerre d’Algérie où Bernard et Rabut avaient été enrôlés.
Suzanna Andler (Charlotte Gainsbourg), la quarantaine, est mariée et mère de famille. Son mari, Jean, la trompe éhontément. Suzanna a pris un amant, Michel (Niels Schneider). Venue sur la Côte d’Azur à la morte saison pour y louer une maison, elle s’interroge sur ses sentiments pour Jean et pour Michel.