Tuyautés par une connaissance, deux zozos belges s’embarquent dans une combine passablement douteuse. Ils vont séquestrer Wilfrid, le propriétaire d’une chaîne de car wash, et encaisser à sa place la recette.
Pour les aider dans leur tâche, ils recrutent deux cagoles.
Contre toute attente, Wilfrid est ravi de cette prise d’otage qui égaie sa vie morne et solitaire et lui fournit le prétexte à de longues discussions poétiques.
Sur la forme comme sur le fond, Braquer Poitiers est une entreprise étonnante. C’est au départ un moyen-métrage de cinquante-neuf minutes, couronné par le Prix Jean-Vigo 2019, né d’une rencontre improbable entre le réalisateur, Claude Schmitz, et l’acteur Wilfrid Ameuille. Le film a été tourné dans la propriété poitevine de l’acteur et produit en partie par lui. À l’été 2018, l’équipe très légère de tournage s’y est retrouvée, quasiment sans script. Le film en porte la trace qui raconte le fil ténu des jours qui se suivent et filme des discussions qui dérapent.
C’aurait pu être du grand n’importe quoi. C’est étonnamment réussi. Les saynètes s’enchaînent. Quelques unes sont miraculeuses, ainsi de Francis Soetens – un acteur amateur et une sacrée gueule qui fut chanteur de rue dans une vie antérieure – qui entonne en play back Ces gens-là de Brel. On craint un temps leur juxtaposition paresseuse à la va-comme-je-te-pousse. Il n’en est rien : elles forment un continuum qui construit une histoire. Dans le même genre, Thalasso – sauvé par son duo de stars – éprouvait autrement plus de difficulté à tisser un narratif.
Hélas, pour sortir sur grand écran, ce moyen-métrage a été lesté d’un court de vingt-six minutes intitulé Wilfrid et qui en constitue la suite. On quitte l’été pour la morte saison. On retrouve les mêmes personnages, à peine reconnaissables dans leurs vêtements d’hiver.
Mais dans cet épilogue triste, tout ce qui faisait le charme du moyen métrage a disparu : la lumière chaude de l’été, les crépuscules interminables, les corps indolents, la légèreté frivole des échanges… La magie s’est évaporée comme elle était venue.
Exilé en France depuis 1973 et le coup d’Etat qui a renversé Allende et porté au pouvoir Pinochet, le Chilien Patricio Guzmán ne cesse de film en film de documenter l’histoire de son pays. La Cordillère des songes est le troisième volet d’un triptyque géographique. Après Nostalgie de la lumière en 2010 consacré au désert d’Atacama, après
Stan (William Lebghil), Hugo (Bastien Bouillon) et Bérénice (Izïa Higelin) ont grandi ensemble dans un petit village au fond des Alpes. Perdus de vue, ils se retrouvent quinze ans plus tard, la trentaine bientôt entamée à l’occasion de l’enterrement de Pierre (Jérémie Elkaïm), le frère aîné de Hugo.
Yoko (l’excellente Atsuko Maeda) est présentatrice de télévision. Avec une équipe légère de quatre hommes – un réalisateur, un chef opérateur, un régisseur et un traducteur – elle tourne en Ouzbékistan un reportage.
Un ménestrel et son assistante, pris par l’hiver, se réfugient dans une grotte. Ils y réveillent un vieil ours. Pour l’amadouer, ils lui racontent la fameuse invasion des ours en Sicile.
Sofia (Ilse Salas) mène une vie de grande bourgeoise. Les confortables revenus de son mari Fernando l’ont tenue à l’abri du besoin. Thé entre amies, parties de tennis, shopping dans les meilleures boutiques, son quotidien est oisif.
Shaun le mouton vit paisiblement avec ses congénères dans la ferme de Mossy Bottom. Les tours facétieux qu’il joue à Bitzer, le chien de berger, égaient un quotidien sans histoires.
La plasticienne Prune Nourry, Française établie à New York où elle a commencé à se faire un nom dans le monde de l’art contemporain, a trente ans à peine quand on lui diagnostique un cancer du sein.
Jean-Pierre Thorn est un vieux militant gauchiste et ne s’en cache pas. Il a filmé en mai 68 Oser lutter, Oser vaincre dans l’usine Renault de Flins occupée. Puis il a travaillé dix ans comme OS chez Alsthom à Saint-Ouen avant de revenir à la réalisation et filmer ses camarades en grève dans Le Dos au mur.
Ricky et Abby vivent à Newcastle dans un logement dont ils n’ont pas les moyens de devenir propriétaires. Ils ont deux enfants. Si leur fille est encore jeune, leur garçon , en pleine crise d’adolescence, leur donne bien du souci. Working poors, Ricky et Abby travaillent du matin au soir. Abby est aide à domicile. Ricky, après avoir enchaîné les petits emplois, veut se mettre à son compte. Il décide de vendre la voiture d’Abby, d’acheter un camion à crédit et de travailler pour une société de livraison.