Madame Hyde ★☆☆☆

Madame Géquil enseigne la physique dans un lycée professionnel de banlieue. Dénuée de toute autorité, elle est constamment chahutée par ses élèves.

Le dernier film de Serge Bozon commence calamiteusement. Son pitch ressemble à s’y méprendre aux innombrables films qui traitent, sur un mode parfois comique parfois tragique, de la difficulté d’enseigner dans l’éducation nationale : Les Profs, Le plus beau métier du monde, La Journée de la jupe

Il prend ensuite une voie toute différente en plongeant dans le fantastique. Après avoir été électrocutée, Madame Géquil, désormais dotée de surprenants pouvoirs surnaturels, devient Madame Hyde, une enseignante sûre d’elle-même respectée de ses élèves. Ses explications deviennent limpides. Le jeune Malik, le garçon le plus dissipé de la classe, devient le plus attentif. Même le proviseur et l’inspecteur d’académie, qui doutaient à raison de ses compétences pédagogiques, tombent sous le charme.

Hélas cette piste ne s’avère guère plus intéressante que celle, paresseuse, qu’empruntent les autres films consacrés au petit monde de l’école. L’exercice est trop artificiel, les dialogues trop littéraires pour convaincre. Isabelle Huppert, abandonnée à elle même, ne sait pas vraiment sur quel pied danser. José Garcia joue à contre emploi le rôle de son époux. Seul tire son épingle du jeu Romain Duris dans le rôle loufoque du proviseur imbu de lui-même.

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Vent du nord ★★☆☆

Dans le Pas-de-Calais, Hervé, la cinquantaine, travaille dans une usine de chaussures sur le point d’être délocalisée.
L’usine rouvre en Tunisie. Foued, la vingtaine, y est embauché.

Vent du nord colle deux histoires que rien ne rapproche sinon une usine qu’on délocalise, un train de banlieue et un bus de tourisme qui circulent sur deux voies parallèles durant quelques secondes et un feu d’artifice (tout s’éclairera en regardant le film).
C’est sa principale force. C’est sa principale faiblesse aussi.

Car il y avait sans doute quelque chose à tirer de ce parallèle, une sorte de « convergence des luttes » pour reprendre une expression à la mode en ces temps de grèves SNCF et d’occupations d’université.
D’un côté, l’histoire d’un lumpenprolétariat vieillissant dans le Nord de la France – comme on l’a déjà filmé cent fois. De l’autre celui d’un lumpenprolétariat beaucoup plus jeune dans la Tunisie des zones franches – qui, lui, l’a moins souvent été.
Le premier est au chômage, mais ne vit pas si mal : Hervé habite dans un petit pavillon, s’achète un hors-bord avec sa prime de licenciement et se paie même des vacances low cost en Tunisie avec sa femme. Le second vient de trouver un emploi, qui lui permettra de payer les frais de santé de sa mère malade et de se rapprocher de la fille qu’il aime, mais ne vit pas si bien faute de pouvoir réaliser ses rêves.

Vent du nord aurait pu entrelacer ces deux histoires. Mais le montage opte pour un parti pris différent. Pendant la première demie heure, la caméra reste à Boulogne. C’est seulement dans la deuxième qu’on part, sans transition, en Tunisie. Le temps d’y prendre ses marques, on revient en France. Du coup, au lieu d’avoir un film construit en miroir autour de l’opposition/ressemblance entre les deux situations, on a plutôt deux historiettes, deux nouvelles filmées bout à bout. Le résultat est tout autre. Pas sûr qu’il convainque.

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Le Collier rouge ★★☆☆

Devant une prison, un chien aboie. À l’intérieur, Morlac, un soldat démobilisé (Nicolas Duvauchelle), attend d’être jugé. Son juge, le commandant Lantier du Grez (François Cluzet), instruit son dossier. Il rencontre sa femme Valentine (Charlotte Verbeeck).

Sous ses airs de drame historique, Le Collier rouge tire plutôt du côté du roman policier façon L’Eté meurtrier dont il emprunte le cadre : un petit village du Sud de la France, écrasé par la chaleur de l’été, endormi au chant des cigales.

Son titre et son affiche sont trompeurs. on imagine un roman dont le chien serait le héros. Sans doute ce chien qui accompagna Morlac au front joue-t-il un rôle moteur dans l’intrigue. Mais les vrais héros en sont les trois humains qui jamais ne se réuniront dans le même plan.

Le Collier rouge est l’adaptation fidèle du roman publié par Jean-Christophe Rufin en 2014 chez Gallimard. L’académicien en a co-signé le scénario avec Jean Becker, son réalisateur. Le vieux cinéaste – qui fit ses premiers pas il y a plus de cinquante ans aux côtés de son père Jacques dans Touchez pas au grisbi – s’est fait une spécialité des films de la ruralité, sans sexe ni violence, qui font un bide à Paris et un tabac dans nos provinces : Les Enfants du marais, Dialogue avec mon jardinier, La Tête en friche

Le Collier rouge a les mêmes défauts et les mêmes qualités. Il se caractérise par une direction d’acteurs impeccable (à noter dans les seconds rôles le toujours parfait Patrick Descamps et la révélation Sophie Verbeeck qu’on retrouve dans Mes provinciales), une reconstitution soignée d’un village français en 1919, une mise en scène effacée et un peu fade. Le Collier rouge est un film intemporel. Il aurait pu être tourné en 2018 ou trente ans plus tôt. Un spectacle à savourer en pantoufles, le dimanche soir devant sa télévision avec sa vieille maman.

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Transit ★☆☆☆

À une époque indéterminée, qui pourrait être contemporaine, mais qui rappelle les événements de la Seconde guerre mondiale, des réfugiés allemands se pressent à Marseille en quête d’un bateau vers les Amériques.
Parmi eux, Georg (Frank Rogowski) a subtilisé les papiers de Weidel, un écrivain qui s’est suicidé après que sa femme l’a quitté. Mais les pas de Georg croisent ceux de Marie Weidel (Paula Beer) qui ignore la mort de son mari et cherche à le retrouver.

Adapté d’un roman autobiographique de la romancière allemande Anna Seghers, réfugiée au Mexique en 1941, Transit opte pour un parti pris de mise en scène audacieux quoique pas totalement inédit (au théâtre le procédé est monnaie courante et au cinéma, Peau d’Âne ou, plus récemment, Marguerite & Julien étaient construits selon le même principe) : mélanger les temporalités en tournant un film d’époque dans des costumes et des décors contemporains.

C’est sans doute la principale richesse du film mais aussi sa principale faiblesse.
Sa principale richesse car l’histoire de Georg, de Marie et des quelques malheureux réfugiés qui errent dans les rues de Marseille, dans ses hôtels sordides, dans ses consultas débordés, n’est pas sans écho avec notre époque. L’accueil qui leur est fait, qui alterne et combine l’indifférence, l’hostilité et parfois la solidarité, n’a rien à envier à celui qui est réservé aux réfugiés qui franchissent ces temps-ci la Méditerranée au péril de leur vie. En mettant en scène une famille maghrébine, dans une banlieue défavorisée, à laquelle Georg se lie, Christian Petzold souligne d’ailleurs lourdement cette dimension de sa parabole.

Pour autant, on peine à comprendre l’utilité du procédé. Et on n’arrive pas à se convaincre que le film n’aurait pas été autant sinon plus efficace s’il avait été tourné dans des costumes d’époque. Si bien que ce qui est revendiqué comme un parti pris audacieux de mise en scène se révèle ex post comme un moyen habile de faire des économies sur le budget de production.

Cette mise en scène est d’autant moins stimulante qu’elle se met au service d’un scénario qui a mal vieilli. Le roman d’Anna Seghers décrivait une galerie de personnages auxquels le film accorde une attention trop limitée. Et son coup de théâtre final est trop daté pour émouvoir. La qualité des acteurs (Franz Rogowski, aperçu dans Happy End et dans Victoria, Paula Beer dont la démarche élancée et les talons mi-hauts rappellent immanquablement Nina Hoss, l’égérie des précédents films de Christian Petzold) ne suffisent pas à sauver ce film déséquilibré.

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Rampage ☆☆☆☆

Une station spatiale explose et les gènes pathogènes qui y étaient testés sont projetés sur la surface du globe terrestre où ils infectent un gorille, un loup et un alligator, les transformant en monstres immenses et agressifs.
Seuls un primatologue musclé et une généticienne sexy seront capables de trouver l’antidote qui sauvera le monde de leur furie dévastatrice.

Dwayne Johnson est en passe de devenir une superstar. Ou peut-être devrais-je savoir qu’il l’est depuis longtemps devenu si je m’intéressais un peu plus à sa filmographie : Le Retour de la momie, San Andreas, Jumanji, Baywatch, Fast and Furious 5, 6, 7 et 8… Le catcheur bodybuildé aligne les blockbusters comme Arnold Schwarzenegger, dont il copie la musculature et parfois le second degré, l’avaient fait trente ans plus tôt.

La Warner n’a pas regardé à la dépense pour son prochain film. 120 MUSD pour animer trois gros monstres qui détruisent avec un plaisir communicatif Chicago – faut-il y voir une arme de guerre trumpienne contre son prédécesseur, ancien sénateur de l’Illinois ? Le problème est que cette scène, aussi spectaculaire soit-elle ne suffit pas à faire un film. Il faut bien l’introduire et se creuser la tête à écrire un scenario en inventant un personnage de primatologue, ancien commando (sic) plus à l’aise avec les singes qu’avec les hommes (re-sic), qui aurait sauvé le gorille albinos George de méchants chasseurs alors qu’il travaillait pour la Force onusienne de lutte contre le braconnage (re-re-sic).

C’est là que le bât blesse. Car si, à l’extrême limite, on peu prendre un plaisir infantile à la scène de destruction porn [c’est le mot nouveau du jour calqué de food porn] filmée avec un luxe d’effets spéciaux et une régressive jouissance destructrice, on s’ennuie ferme durant l’heure qui la précède.

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Action ou vérité ★☆☆☆

Une bande de jeunes Américains en spring break au Mexique tombe sous le coup d’une malédiction. Ils sont condamnés à jouer au jeu Action ou Vérité. Celui qui refusera mourra. Celui qui n’effectuera pas l’action attendue de lui mourra. Celui qui mentira à la question posée mourra. Comment échapper à la malédiction ?

Action ou vérité détourne le jeu enfantin, rite de passage d’une adolescence en friche, pour en faire un jump scare movie à la mecanique bien huilée. Il ne s’agit pas de lâcher une bande d’ados une nuit sans lune dans une forêt obscure et sans réseau ; mais c’est tout comme. Les héros sont ici sept étudiants en goguette au Mexique – interprétés par une brochette d’acteurs trentenaires qui peinent à se faire un nom au cinéma après quelques succès éphémères à la TV ou dans des teen-drama (ainsi de la ravissante Lucy Hale révélée par la série Pretty Little Liars ou Tyler Posey héros de Teen Wolf). À noter l’absence dangereusement incorrecte d’acteurs noirs dans cette troupe – la présence d’un jeune Asiatique gay ne suffisant peut-être pas,à elle seule, à assurer la représentation non discriminatoire des minorités. Comme on s’y attend le petit groupe sera progressivement décimé par la malédiction jusqu’à ce que ne restent que les deux héroïnes, dont l’amitié indestructible avait été temporairement compromise par les péripéties de l’histoire, mais que consacrera un épilogue étonnamment immoral.

Action ou vérité serait un effroyable nanar interdit aux moins de douze ans pour la violence et aux plus de seize pour sa bêtise s’il n’était sauvé par la richesse de son scénario. Car, en effet, l’action, loin de faire du surplace, avance au fur et à mesure des défis lancés par le démon qui s’est emparé de nos jeunes godelureaux qui force, par exemple, l’héroïne à révéler les sentiments qu’elle nourrit pour le boyfriend de sa meilleure amie ou le gay à faire son coming out. Rien bien sûr de shakespearien ou de dostoïevskien. Mais l’entrelacement intelligent des codes de la comédie romantique et du film d’horreur n’est  pas inintéressant.

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MILF ★☆☆☆

Trois amies, la petite quarantaine, inséparables depuis le lycée, partent ensemble dans le Sud de la France ranger la maison de vacances que l’une d’elles s’apprête à vendre. Élise (Axelle Laffont), la plus fantasque, élève seule sa fille. Cécile (Virginie Ledoyen) vient de perdre son mari. Sonia (Marie-Josée Croze) vit une relation toxique avec un homme marié.
Une fois sur la plage, les trois femmes découvrent que leurs charmes n’est pas sans effet sur une bande d’adolescents, malgré leur différence d’âge.

Amis lecteurs, êtres de pureté et d’innocence, feignez comme moi un instant l’ignorance et réjouissez vous d’élargir votre champ lexical à des expressions qui vous étaient jusqu’alors inconnues : MILF, camel toe, biffle, squirt…

La MILF ne doit pas être confondue avec la cougar. L’expression, popularisée à la fin des années 90 par le film American Pie, ne désigne pas la prédatrice d’une quarantaine d’années attirée par des hommes plus jeunes mais celle du même âge qui suscite passivement l’intérêt lascif de ceux-ci. Vous me direz que le résultat est le même. Vous n’aurez pas tout à fait tort.

En choisissant pareil titre, Axelle Laffont annonce la couleur : celle d’une comédie sur un phénomène de société qui en explore parfois, non sans intelligence, les causes et les conséquences. MILF contient quelques scènes réussies qui décrivent le malaise des célibattantes, trop vieilles pour être jeunes, trop jeunes pour être vieilles, et l’écart générationnel difficile à combler qui les sépare des garçons vingt ans plus jeunes dont la sexualité s’est construite devant YouPorn. Mais hélas, l’affiche que MILF s’est choisie, d’une rare laideur (ah ! ces tons orange) et d’une rare beauferie (ah ! ce regard insistant d’ados à casquettes sur les fesses des héroïnes), nous rappelle à la dure réalité : MILF ne sera pas le film féministe promis par sa réalisatrice, mais une comédie un peu grasse, façon Les Tuche ou Camping, qui émoustillera les jeunes sans trop choquer les vieux.

MILF n’évoque pas une seule fois Brigitte Macron. Il a cette élégance. Mais c’est bien la seule d’un film trop long, pas drôle, limite vulgaire.

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Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot ★☆☆☆

Né sous X, alcoolique à treize ans, tétraplégique à vingt-et-un, John Callahan n’a pas eu une jeunesse facile. D’autres que lui auraient pu sombrer. D’ailleurs l’accident qui le prive de l’usage de ses membres ne le dissuade pas de continuer de boire.
Mais, grâce à la chaleur amicale d’un groupe d’Alcooliques anonymes, grâce à l’amour d’une femme, grâce surtout à la pratique du dessin qui fera connaître ce dessinateur au trait provocateur du monde entier, John Callahan va commencer une nouvelle vie.

On comprend l’intérêt que Gus Van Sant a trouvé dans la rédemption de John Callahan, originaire comme le cinéaste, de Portland dans l’Oregon. Le personnage est attachant qui refuse toute démagogie, dans ses œuvres comme dans sa vie, et cultive une capacité étonnante à déplaire. En ces temps où la résilience est à la mode, ce feel good movie pourra toucher.
D’ailleurs sa première demie-heure fait illusion, qui entrelace plusieurs chronologies avec une étonnante maestria : une réunion des AA où Callahan fait retour sur son passé, sa vie débridée et alcoolique au début des années 80 (ah ! ces coiffures !), son arrivée à l’hôpital après son accident et sa terrible rééducation.

Mais le film souffre d’une cruelle défaillance de scénario. Aucune tension ne l’innerve, aucun fil ne le tend, aucun enjeu ne le fait avancer. Gus Van Sant se borne à raconter, aussi brillamment soit-il, l’histoire d’un homme qui s’en est sorti. Ce biopic sirupeux et inconsistant s’étire sur près de deux heures. Il rappelle Will Hunting – avec Robin Williams auquel le rôle de John Callahan était promis – et Harvey Milk dont je n’ai jamais partagé l’admiration respectueuse dont il fait l’objet. Quand bien même l’interprétation est étincelante (Joaquin Phoenix, qui aligne ces temps-ci les rôles titres, confirme qu’il est l’un des plus grands acteurs de sa génération, Jonah Hill surprend dans un rôle à contre-emploi, même Rooney Maria parvient à sauver son personnage de la caricature), elle ne suffit pas à tirer le spectateur de la lente somnolence dans laquelle il a tôt fait de glisser.

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Coby ★★★☆

Suzanne est un garçon manqué. Depuis son plus jeune âge, elle a la conviction que la nature s’est trompée en lui donnant un corps de fille. Avec l’assentiment de ses parents, elle décide d’en changer. Suzanne deviendra Jake. Mais le temps de la « transition », il/elle est Coby.

Les hasards du calendrier amènent sur les écrans ce documentaire qui décrit le changement de sexe d’une jeune Américaine, un mois à peine après Finding Phong, qui racontait celui d’un jeune Vietnamien. Les deux documentaires racontent ces deux histoires symétriques avec le même parti pris : nous faire voir et comprendre sans voyeurisme un processus qui suscite une curiosité parfois malsaine, le désamorcer de tout ce qu’il pourrait avoir de choquant ou de ridicule. Parce qu’il n’a pas la charge exotique des Lady Boys asiatiques, parce qu’il nous ressemble, Coby nous touche plus que Phong.

On découvre un foyer bobo de l’Ohio : une mère aimante dont on comprend qu’elle a eu, plus jeune, une vie moins rangée et un premier enfant, le réalisateur français de ce documentaire, un père déjà âgé et dont les commentaires révèlent une rare humanité, un frère aîné dont la ressemblance avec son cadet s’accentuera au fur et à mesure de la masculinisation de ce dernier et enfin une petite fille dont les photos d’enfance – dont celle stupéfiante qui fait l’affiche du film – révèlent immanquablement le trouble identitaire.

Christian Sonderegger, qui est donc le demi-frère de Coby, filme ce foyer en 2016 alors que Coby hésite à pratiquer l’hystérectomie qui la transformera irrévocablement en homme. Cinq ans plus tôt, elle a commencé un traitement à la testostérone qui a radicalement modifié son apparence physique : pilosité, musculature, tessiture… Rien ne laisse supposer que ce séduisant barbu fut jadis une adolescente en fleurs. Les interviews que le réalisateur a avec les membres de la famille – ainsi qu’avec Sara dont on comprend qu’elle est depuis toujours la petite amie de Suzanne/Coby et qu’elle l’accompagne amoureusement dans sa transition – sont entrecoupés d’images d’archives : Coby s’était longuement filmé pour expliquer sur un forum transgenre sa transformation.

Comme Les Invisibles de Sébastien Lifshitz qui décrivait la vie ordinaire de couples homosexuels, en démontrant, à rebours des outrances incendiaires des opposants au mariage pour tous, que les gays n’étaient ni des monstres dénaturés ni des pervers partouzeurs, que l’homosexualité pouvait se vivre sereinement, Coby témoigne que la « réassignation sexuelle » – l’expression savante pour désigner le changement de sexe – peut se vivre sans drame.

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Sonate pour Roos ★★☆☆

Au terme d’un long voyage automobile dans la Norvège enneigée, Roos, la trentaine, photographe professionnelle, rejoint Louise, sa mère, une ancienne concertiste, et Bengt, son jeune demi-frère passionné d’acoustique. Entre la pianiste et la jeune femme, la tension est palpable, nourrie de rancœurs et de non-dits. Roos a un secret à partager dont elle tarde à s’ouvrir.

Sonate pour Roos est un film européen. Son réalisateur et ses deux actrices principales sont néerlandais. Son action se déroule en Norvège. Ses dialogues sont en anglais.

Son sujet est plus classique. Il traite des relations mère-fille dans une ambiance hivernale et morbide qui n’est pas sans rappeler Ingmar Bergman. Car le besoin d’amour de Roos se heurte au mutisme dédaigneux de sa mère, que la pratique exigeante de son art et la vie recluse dans le nord de la Scandinavie n’ont pas habituée aux épanchements maternels. Seules sources de réconfort pour Roos : la douceur d’un ancien amant qu’elle retrouve pour une courte étreinte et l’amour de son jeune frère, empli d’une rage artistique que la vie isolée qu’il mène avec sa mère peine à satisfaire.

Le sujet pourrait être plombant. Il est traité sans afféterie. Les mots sont rares dans ce film silencieux et volontiers contemplatif qu’emplissent la musique de Louise, les sons de Bengt et les photos de Roos. Il se termine par une scène glaçante dont je ne crains que trop d’avoir compris la signification.

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