Marre du foot à la télé ? Allez en voir au cinéma !
Laurentiu Ginghina habite Vaslui, en Roumanie près de la frontière de la Moldavie. Considérant que le football est trop violent, la circulation du ballon pas assez « libre », il propose d’en modifier les règles.
Depuis que Cristian Mungiu a décroché la Palme d’or à Cannes en 2007 pour Quatre mois, trois semaines, deux jours, le cinéma roumain ne cesse de nous étonner.
Parmi les réalisateurs de cette Nouvelle vague, Corneliu Porumboiu ne nous est pas inconnu. Son premier film, 12h08 à l’est de Bucarest, aux frontières du documentaire et de la fiction, disséquait les réactions des Roumains à l’annonce de la chute de Ceaucescu. Son dernier, Le Trésor, était un modèle d’humour noir, raillant les travers d’une société gangrenée par la corruption.
Fils d’un ancien arbitre professionnel, Corneliu Porumboiu avait consacré un documentaire à un match opposant les deux équipes de Bucarest durant les dernières heures du communisme sous la neige. C’est à nouveau au football qu’il s’intéresse avec un documentaire au format court (soixante-dix minutes seulement) dont la sortie coïncide avec la Coupe du Monde 2018.
Laurentiu Ginghina fut victime durant son adolescence sur un terrain de football d’un tacle meurtrier qui lui fractura le péroné et compromit son avenir professionnel. Faute d’avoir entrepris des études de sylviculture, faute d’avoir réussi à s’installer durablement aux Etats-Unis, Ginghina a pris un obscur poste de bureaucrate dans l’administration de Vaslui. On le voit, encravaté derrière son bureau, tentant sans conviction de démêler les tracas administratifs d’une vieille babouchka.
Ginghina se rêve en super-héros dont le train-train ennuyeux serait en fait une couverture. Ginghina aspire à une autre vie, dans laquelle il ne croupirait pas derrière un bureau. Ginghina imagine d’autres règles au football comme il fantasme d’autres règles à sa vie.
Du coup, après avoir écouté un temps avec amusement ses propositions, d’ailleurs pas si saugrenues, on s’en désintéresse vite pour se focaliser sur celui qui les énonce. On comprend que le sujet du film n’est pas le football mais la folie douce d’un homme plein d’imagination.