Ouaga Girls ★☆☆☆

À Ouagadougou, au Centre féminin d’Initiation et d’Apprentissage aux Métiers (CFIAM), Bintou, Chantal et Dina s’initient à la profession de mécanicienne automobile. Theresa Traoré Dahlberg les a suivies durant leur (trans)formation.

Burkinabée par son père, suédoise par sa mère, la documentariste interroge la place des femmes au Burkina Faso en filmant une promotion d’une demie douzaine de jeunes filles qui se forment à un métier a priori masculin : la réparation automobile.

Sorti le 7 mars, la veille de la Journée internationale des femmes, Ouaga Girls raconte les difficultés de ces jeunes femmes à se trouver une place dans une société patriarcale. L’une aimerait chanter, l’autre a eu un enfant trop jeune. Chacune s’interroge sur son avenir.

Ouaga Girls n’est pas seulement un film féministe dont les héroïnes auraient pu indifféremment vivre dans n’importe quel pays d’Afrique à la situation interchangeable. C’est un film tourné en 2015 dans un pays en plein changement : le Burkina Faso qui, l’année d’avant avait renversé son président, et s’apprêtait, à l’occasion des élections présidentielles et législatives de novembre 2015 à embrasser un nouvel avenir constitutionnel. Le sujet n’est jamais traité de front. Mais il est l’arrière plan permanent (une émission de radio entendue chez le coiffeur, une affiche électorale entr’aperçue tandis qu’on suit une jeune fille en mobylette…) de Ouaga Girls.

Ce documentaire pudique a les défauts de ses qualités : les jeunes filles qu’il suit sont si timides, si effacées qu’on peine à s’attacher à elles. Dommage…

La bande-annonce

Suspiria ★☆☆☆

Susie Bannion (Dakota Johnson) a été élevée dans une famille Amish en Ohio. Elle la quitte pour Berlin où elle doit intégrer une prestigieuse école de danse. Sous la férule de madame Blanc (Tilda Swinton), les ballerines sont soumises à une discipline de fer. Certaines d’entre elles n’y résistent pas et disparaissent mystérieusement, telles Patricia (Chloë Grace Moretz) qui a trouvé refuge chez le docteur Klemperer.

C’est peu dire que le nouveau film de Luca Guadagnino était attendu avec impatience. Sa présentation à la Mostra de Venise a fait l’événement. Tout était réuni pour susciter l’envie. Le remake du film culte de Dario Argento. Une brochette d’artistes parmi les plus trendy du moment. Derrière la caméra le réalisateur de Call me by your name.

Le résultat ne laissera pas indifférent. Sorti lessivé de la salle après plus de deux heures trente, on criera au génie ou à l’imposture. On sera époustouflé par le culot d’une mise en scène qui s’autorise toutes les outrances, filme le Berlin gris des années soixante-dix, leste un film d’horreur de références à la Shoah et à la Fraction Armée Rouge, abandonne la linéarité du récit pour la fulgurance de quelques scènes de danse d’une beauté magnétique.

Ou bien on décrochera vite d’un film trop long, presqu’obèse, dont on ne comprend rien et, pire, dont on aura renoncé à y comprendre quelque chose, copie sans imagination du film démodé de Dario Argento dont on se demande quel écho il suscite quarante ans après sa sortie, surenchère de sang et de corps dénudés filmés avec complaisance, culminant dans un gigantesque sabbat de sorcières plus risible que véritablement impressionnant.

La bande-annonce

Mon tissu préféré ★☆☆☆

En mars 2011, la Syrie plonge inexorablement dans la guerre civile. Nahla vit dans un petit appartement de Damas avec sa mère et ses deux sœurs cadettes. Elle exerce un petit boulot dans un magasin de prêt-à-porter et rêve d’une autre vie. Sa mère a organisé pour elle un projet de mariage avec un compatriote expatrié aux États-Unis. Mais leur rencontre tourne au fiasco et le fiancé lui préfère sa sœur.
Pour s’évader, Nehla se réfugie chez une voisine, Madame Jiji, qui vient d’ouvrir une maison close.

Projeté à Cannes en mai dernier dans la section Un Certain regard, Mon tissu préféré est l’œuvre d’une réalisatrice syrienne, réfugiée en France depuis 2012, qui tente sans succès de traiter de front deux sujets.

Le premier est l’émancipation d’une jeune femme. Le second est la guerre civile qui déchire le pays. Le problème est que ces deux sujets ne résonnent guère. C’était d’ailleurs le défaut l’an passé de Une famille syrienne, huis clos théâtral qui mettait en scène plusieurs familles coincées dans un appartement sous les bombes. Que la tragédie que vit son pays puisse bouleverser la réalisatrice est légitime. Mais qu’elle en fasse l’arrière-plan obligé de son film, comme si taire ce contexte dramatique serait trahir ses origines, n’est pas indispensable.

Car que le film se déroule dans un pays au bord de la guerre civile ou pas ne change pas grand chose au trouble de Nahla. Elle vit les tourments, mille fois filmés, de la sortie de l’adolescence, de l’entrée dans l’âge adulte, de la découverte de la sexualité, du départ à la fois désiré et redouté du nid familial. D’ailleurs cette émancipation n’est pas surdéterminée par son milieu : on sait gré à Gaya Jiji de nous avoir évité les lieux communs sur la femme arabe et son asservissement. Ce qui advient à Nahla, qui vit tête nue dans une ville où le voile n’est pas de rigueur et n’est nullement contrainte à un mariage qu’elle ne veut pas, pourrait advenir à n’importe quelle jeune fille sous n’importe quelle latitude.

On en revient à Nahla et à ses émois. Ils sont étrangement inaboutis. C’est d’ailleurs peut-être une preuve d’authenticité. Sauf que cette authenticité passe mal. Son personnage, pas vraiment sympathique, ne suscite guère d’empathie ; ses atermoiements lassent bientôt. On ne sait pas où elle va. Du coup, on n’a guère envie d’y aller avec elle.

La bande-annonce

A Star is Born ★☆☆☆

Jackson Maine (Bradley Cooper) est une star rongée par l’alcool. Un soir, à la recherche d’un verre, il échoue dans un rade et y découvre Ally (Lady Gaga) dont la voix puissante l’impressionne.
Réunis par la passion de la musique, Jack et Ally se mettent en couple. Mais, tandis que la carrière d’Ally décolle, Jack ne parvient pas à échapper aux démons qui le rongent.

Une étoile est née est au départ un film tourné en 1937 qui obtint sept nominations aux Oscars. Son remake de 1956 avec Judy Garland et James Mason l’a surpassé – même s’il n’a remporté aucune statuette. Quand à son deuxième remake en 1976, tout entier à la gloire de Barbara Streisand, il est tombé dans l’oubli.

Pourquoi vouloir aujourd’hui en tourner un nouveau remake ? L’idée aurait été caressée par Clint Eastwood, en confiant à Beyoncé le rôle principal. Mais le projet fut abandonné à cause de la grossesse de la chanteuse – tandis que les noms de Christian Bale, de Leonardo diCaprio, de Will Smith ou de Tom Cruise circulaient pour interpréter son partenaire à l’écran. Finalement le projet est échu à Bradley Cooper, bombardé à la fois réalisateur, co-scénariste, co-producteur et acteur principal.

À trente-deux ans, alors que sa carrière se cherche un second souffle voire que Lady Gaga fait déjà figure de has been, la star américaine, d’origine italienne, interprète le rôle d’Ally. Avoir choisi l’actrice la plus sophistiquée, la plus excentrique, la plus maquillée qui soit est un choix surprenant pour un personnage censé, comme Judy Garland en son temps, représenter l’innocence et l’authenticité. Mais la vérité oblige à reconnaître que, pour son premier rôle significatif au cinéma, la star new yorkaise crève l’écran.

Il s’agit hélas du seul atout du film, qui s’étire interminablement durant plus de deux heures. La BOF a beau être en tête des ventes aux États-Unis et au Royaume-Uni, j’avoue – avec une pointe de snobisme assumée – n’y voir aucun intérêt. Quant au scénario, qu’on connaît déjà trop bien, il déroule imperturbablement son histoire connue d’avance jusqu’à son inévitable dénouement.

La bande-annonce

Kursk ★★☆☆

En août 2000, le sous-marin russe K-141 Koursk de classe Oscar fait naufrage en mer de Barents suite à l’explosion d’une torpille. La plupart des marins périrent sur le coup, mais vingt-trois purent trouver refuge dans le neuvième compartiment.
L’armée russe refusa l’aide internationale qui lui était proposée et ne parvint pas à sauver les rescapés.

Voilà longtemps qu’on n’avait plus vu de films de sous-marins. Il s’agit pourtant d’un genre à part entière avec ses chefs d’œuvre (Das Boot de Wolfgang Petersen), ses tubes (The Hunt for Red October de John McTiernan et Crimson Tide de Tony Scott), ses avatars SF (Abyss de James Cameron). Mon préféré : K-19 : the Widowmaker de Kathryn Bigelow avec Harrison Ford et Liam Neeson.

Kursk est fidèle au genre, comme il est fidèle à la réalité des faits. Il rassemble un casting cosmopolite : le Belge Matthias Schoenaerts (en courageux capitaine-lieutenant), la Française Léa Seydoux (en mère-courage), le Britannique Colin Forth (en commodore anglais), le Suédois Mawx von Sydow (en amiral russe cacochyme), l’Allemand August Diehl (en compagnon d’infortune), etc. Le tout sous la direction d’un directeur danois plus connu pour ses drames intimistes que pour ses films grand spectacle.

Un tel gloubi-boulga semblait constituer une recette infaillible pour une catastrophe annoncée. Mais la mayonnaise prend néanmoins. Certes, ce n’est pas de la grande cuisine, mais Kursk se laisse gentiment regarder.

Le problème est que le vrai sujet du film était ailleurs. Le naufrage du Koursk n’est pas seulement une catastrophe sous-marine qui fit cent dix-huit victimes ; c’est aussi, c’est surtout le symbole éclatant d’une Russie à bout de souffle dont l’appareil de défense tombe en miettes mais dont le chauvinisme viscéral et la méfiance atavique à l’égard de l’Occident lui interdisent de solliciter l’aide internationale. Marc Dugain traitait ce sujet-là dans son roman Une exécution ordinaire qui entrelaçait les événements du Koursk avec d’autres se déroulant à l’époque de la Russie soviétique. Thomas Vinterberg est resté à la surface des choses. Un comble pour un film de sous-marin…

La bande-annonce

Sale temps à l’hôtel El Royale ★☆☆☆

L’hôtel El Royale est construit sur la frontière qui sépare le Nevada de la Californie. Il a connu au début des années soixante son heure de gloire ; mais dix ans plus tard il est tombé à l’abandon et n’est plus guère géré que par un seul garçon d’étage (Lewis Pullman)
C’est là que se retrouvent quatre personnages : un prêtre amnésique (Jeff Bridges), une chanteuse de blues sans le sou (Cynthia Erivo), un VRP trop bavard (Jon Hamm) et une jolie pépé (Dakota Johnson). Chacun cache un secret.

« Le cinéma selon Goddard » (Libération ! Si tu me lis, embauche moi !). Drew Goddard s’était fait connaître en 2011 avec son premier film, La Cabane dans les bois, un slasher plus malin que les films du genre, produit pour trente millions de dollars et qui en a rapporté le double. On l’attendait au tournant. Le revoici sept ans plus tard avec un film bien différent.

Sale temps à l’hôtel El Royale ressemble à une pièce de théâtre. Tout le film se déroule entre les quatre murs d’un hôtel, isolé au milieu de nulle part, quasiment sans clients, qui cache derrière ses miroirs sans tain des portes dérobées et des couloirs secrets. Les décors, la musique ressuscitent une époque : celle de la fin des années soixante, de Woodstock, de Charles Manson dont Chris Hemsworth – dont l’entrée en scène se fait longtemps attendre – constitue un double à peine déguisé.

Le film a trois défauts.
Le premier est perceptible dès la bande-annonce. Celle-ci commence comme une comédie qui mettrait en scène quelques clients rassemblés dans un sympathique lieu de débauche, pour tourner quelques secondes plus tard, au drame. Entre ces deux registres, Sale temps à l’hôtel El Royale hésite sans jamais choisir.
Le second est que l’opacité des personnages disparaît rapidement. On comprend l’histoire de chacun – grâce à quelques pachydermiques flash-back – et la coïncidence de leur rencontre. Si bien que, faute de suspense, la tension dramatique se relâche et qu’on devine par avance vers quelle conclusion le film se dirige.
Le troisième est que ladite conclusion tarde à se dessiner. Sale temps à l’hôtel El Royale aurait pu durer une heure trente et constituer un film sympathique et joliment troussé. Il dure cinquante minutes de plus et y perd en densité.

La bande-annonce

Johnny English contre-attaque ★★☆☆

L’agent secret le plus calamiteux de Sa Gracieuse Majesté est de retour. Après qu’un hacker a révélé l’identité de tous les agents sous couverture et que les quelques 007 retraités sont morts (dans une scène hilarante), le MI7 (sic) n,’a d’autre ressource que de rappeler Johnny English (Rowan Atkinson) au service.
Avec Bough (Ben Miller), son fidèle second, il se lance à la poursuite de l’auteur de ces cyberattaques, Jason Volta (Jake Lacy), qui, par son charme et son talent, est sur le point de convaincre la Première ministre britannique (Emma Thompson) de lui confier la gestion des données personnelles du pays. Sur la Côte d’Azur, il rencontre Ophelia Bhuletova (Olga Kurylenko), une espionne du KGB, qui a réussi à s’infiltrer dans l’entourage de Volta.

Voici le troisième opus des aventures de Johnny English, seize ans après le premier, sept ans après le deuxième. L’effet de surprise ne joue plus. Mais le plaisir est toujours aussi grand devant les defunèsseries de l’hilarant Rowan Atkinson. Aux prises avec un homard (un des sketchs les plus drôles des Vacances de Mr Bean) ou prisonnier d’une armure médiévale, il continue à nous faire rire quand bien même ses gags ont un goût de resucée.

Le scénario est d’une bêtise assumée. Aussi on lui pardonnera son indigence. Car le film ne trompe pas son spectateur et ne cherche pas à se faire plus malin qu’il ne l’est. Il s’agit d’enfiler quelques sketchs – dont les plus réussis ont hélas été déflorés par la bande-annonce – comme celui où English teste dans les rues de Londres un simulateur de réalité virtuelle.

Rowan Atkinson n’est pas le seul à s’amuser. Les seconds rôles s’en donnent à cœur joie : la sublimissime Olga Kurylenko qui avait joué les vraies James Bond girls aux côtés de Daniel Craig est toujours aussi belle dans le rôle d’une fausse. Emma Thompson est comme d’habitude parfaite, ici dans le rôle d’une Première ministre portée sur la bouteille et prête à tout pour sauver son pays.

La bande-annonce

Shut Up And Play The Piano ★★☆☆

Chilly Gonzales est un musicien hors norme. Fils d’un self-made man canadien qui fit fortune dans le BTP, il commença sa carrière dans le rap punk, au Canada d’abord, en Allemagne ensuite, avant de changer de style. Sans rien renier de ses provocations, il abandonne le chant pour le piano que ce génie né pratique sans jamais l’avoir appris. il rencontre le succès avec son album Solo Piano en 2004.

Philippe Jedicke lui consacre un documentaire bien sage qui retrace sa vie. On l’y voit au Canada, dans sa famille, en rivalité avec son père et avec son frère aîné qui est devenu musicien pour les studios d’Hollywood (il signe notamment la BOF Buffy contre les vampires) puis sur la scène underground berlinoise. Il collabore avec Peaches, Feist, Daft Punk et Jarvis Cocker, le leader de Pulp.

Chilly Gonzales n’est jamais aussi fascinant que quand il joue au piano. Il n’est jamais plus irritant que quand il parle de lui, laissant s’exprimer un ego boursouflé dont on sent confusément qu’il va de pair avec une immense timidité. Rarement titre de documentaire n’aura été plus approprié : « Tais-toi, Chilly, et mets-toi au piano ! »

La bande-annonce

Amin ★★☆☆

Amin (Moustapha Mbengue) est sénégalais. Pour offrir à sa femme Aïcha (Marème N’Diaye) et à ses trois enfants, restés au pays, une vie meilleure, il a émigré en France. Installé dans un foyer, il travaille sur les chantiers.
Gabrielle (Emmanuelle Devos) est infirmière. Après un divorce difficile, elle élève seule sa fille. Amin vient effectuer des travaux dans son jardin.

Le succès surprise de Fatima (César 2016 du meilleur film) a révélé au grand public l’œuvre discrète et sensible de Philippe Faucon. Avec Amin, ce réalisateur toulonnais poursuit sa radioscopie tout en finesse de l’immigration en France. Samia faisait le portrait d’une jeune beurette de la deuxième génération en pleine crise d’adolescence ; La Désintégration se frottait à la radicalisation intégriste (trois ans avant Charlie Hebdo et quatre avant le Bataclan) ; Fatima chroniquait l’intégration sans cesse recommencée.

Avec Amin, Philippe Faucon hésite entre deux thématiques.

Amin est d’abord un film sur l’exil qui rend compte, mieux que de volumineux traités, de la solitude du travailleur émigré, obligé de quitter sa famille pour l’aider à vivre. Un montage alterné montre la double solitude d’Amin en France, réduit à un travail salissant et des conditions de vie misérables, et d’Aïcha au Sénégal qui peine à assumer seule les charges de son ménage.

Mais Amin se veut surtout, comme l’annonce son affiche et le couple mixte qu’elle montre, un film sur l’amour qui unit son héros avec la femme blanche qui l’emploie. Il y aurait eu beaucoup à dire et à montrer sur cette relation déséquilibrée, lourde de fantasmes sexuels, pas toujours acceptée par la société. Philippe Faucon la filme avec une grande délicatesse. Trop peut-être. Il va trop vite sur la façon dont le couple se forme : un verre d’eau offert et hop… les voilà tous les deux au lit ! On comprend que deux solitudes se rencontrent, se réconfortent, qu’une page de tendresse s’écrit. Et … c’est fini.

La bande-annonce

Frères ennemis ★★☆☆

Driss et Manuel ont grandi ensemble dans les barres de Bagnolet. Mais Driss (Reda Kateb) a quitté la cité pour devenir policier aux Stups tandis que Manuel (Matthias Schoenaerts) en est devenu l’un des caïds.
Les deux « frères ennemis » vont se rapprocher à la mort d’Imrane, un complice de Manuel recruté comme indic par Driss.

Frères ennemis revisite sans guère d’imagination un scénario déjà mille fois filmé. Rien de nouveau sous le soleil – ou le ciel gris du 9-3 avec cette histoire à tiroirs de trafiquants infiltrés par la police et mis à mal par des gangs rivaux telle qu’Olivier Marchal en a filmée treize à la douzaine. Rien de nouveau non plus avec le personnage de Driss, tiraillé entre la fidélité à ses origines et le dévouement à son travail, comme Roschdy Zem par exemple en a tant joué. Rien de nouveau enfin à ce face-à-face entre les deux héros, le flic et le voyou, qui partagent le même passé, mais pas les mêmes choix et s’interrogent sur la perméabilité de la frontière qui les sépare, comme Guillaume Canet et François Cluzet dans Les Liens du sang.

Pour autant, Frères ennemis ne saurait être assimilé au tout-venant télévisuel, sitôt vu et sitôt oublié. Car David Oelhoffen n’est pas né de la dernière pluie, qui sait donner du nerf à son scénario, tenir le spectateur en haleine sans temps mort et diriger ses acteurs. Ceux-ci sont parmi les tout meilleurs du cinéma contemporain et on s’étonne qu’aucun réalisateur n’ait eu l’idée de les réunir plus tôt.

La bande-annonce