Cuba. 1990. L’île communiste, privée du soutien de l’URSS étouffe sous l’embargo américain. Sans prévenir personne, René Gonzalez (Edgar Ramirez) décide de faire défection, abandonne sa femme et sa fille et rejoint Miami aux manettes d’un avion de tourisme. Quelques mois plus tard, un autre officier de l’armée de l’air cubaine le rejoint. Les deux hommes rejoignent à Miami la Fédération nationale américo-cubaine, un groupe de résistance anti-castriste qui porte secours aux réfugiés cubains qui tentent de gagner les côtes américaines à bord d’embarcations de fortunes mais qui est aussi impliquée dans le trafic de drogue et la réalisation d’actions violentes sur l’île.
Olivier Assayas est décidément un réalisateur à plusieurs facettes. Il réalise des grands drames bourgeois (Les Destinées sentimentales adapté de Chardonne, L’Heure d’été…) ou de petits thrillers futuristes (Demonlover, Boarding Gate…). Les pieds solidement ancrés en France, il a la tête tournée vers l’Asie – dont il fut l’un des premiers à s’intéresser au renouveau du cinéma alors qu’il était critique aux Cahiers – et vers l’Amérique latine.
Ce Cuban Network s’inscrit dans la veine de Carlos, le biopic-fleuve qu’il avait tourné en 2010 avec, déjà, Edgar Ramirez dans le rôle titre.
Son scénario est foisonnant, avec ses nombreux personnages et ses multiples rebondissements, plus ou moins inspirés d’une histoire vraie. Mais, sauf à se faire accuser de dévoiler le ressort du film, on ne peut évoquer l’histoire vraie dont il s’inspire.
Cuban Network se regarde comme une mini-série. C’est sa principale qualité. Mais c’est aussi son principal défaut.
Pendant plus de deux heures, on ne regarde pas sa montre tant l’action est dense et le film prenant. On est immédiatement en sympathie avec René Gonzalez, le héros du film, autour duquel toute l’histoire se construit, et avec sa femme, interprétée à la perfection par la toujours parfaite Penelope Cruz. La galerie de personnages cubains qu’ils croisent, castristes, anti-castristes, espions et agents doubles, est croustillante. À commencer par Walter Moura, l’acteur brésilien rendu célèbre par son interprétation de Pablo Escobar dans la série à succès Narcos. Un coup de chapeau à Ana de Armas dans un rôle ingrat, belle comme le diable.
Mais, on se demande si ce matériau, si riche, ne se serait pas précisément mieux prêté à la réalisation d’une mini-série. Le scénario est si dense qu’on aurait aimé qu’Olivier Assayas prenne un peu plus de temps pour le raconter. Je me plains souvent que les films soient trop longs. Je regrette que Cuban Network ait été trop court. Jamais content…