Qu’un sang impur… ☆☆☆☆

Le lieutenant-colonel Breitner (Johan Heldenbergh) se voit confier la mission d’aller retrouver son ancien chef, le colonel Delignières (Olivier Gourmet) disparu dans les Aurès. Pour mener à bien sa tâche, il réunit autour de lui une troupe hétéroclite : sa compagne, une fière guerrière hmong (Linh-Dan Pham), un tireur d’élite illettré et raciste (Pierre Lottin), un sergent-chef sénégalais (Steve Tientcheu). En chemin, ils font prisonnier une artificière du FLN (Lyna Khoudri).

Un mythe tenace voudrait que le cinéma français ait superbement ignoré la guerre d’Algérie, à la différence de Hollywood qui a pris à bras le corps le conflit vietnamien. Le mythe n’est qu’à moitié vrai. Très rapidement, des films ont été tournés avec pour toile de fond la guerre d’indépendance d’Algérie : Le Petit Soldat de Jean-Luc Godard, RAS d’Yves Boisset, L’Honneur d’un capitaine de Pierre Schoendoerffer… Le flux ne s’est pas tari et on a vu encore, ces dernières années, des films traiter le même sujet : L’Ennemi intime de Florent Siri, La Trahison de Philippe Faucon, Hors-la-loi de Rachid Bouchareb…

Qu’un sang impur… s’inscrit dans cette généalogie. Il est l’oeuvre d’un vieux routier du cinéma français qui, après avoir signé plusieurs scénarios (Mesrine, Un prophète, la série Braquo), passe pour la première fois derrière la caméra. Abdel Raouf Dafri n’instruit pas à charge le procès d’une sale guerre. S’il montre sans fard les tortures pratiquées par les troupes françaises (le film est, à bon droit, interdit aux moins de douze ans), il ne cache pas les exactions commises par les fellaghas.

Le problème est que ce projet parfaitement honorable est desservi par un scénario maladroit et une direction d’acteurs calamiteuse. Le scénario louche un peu trop ostensiblement du côté de Apocalypse now, en mettant en scène un colonel la boule à zéro, animé de pulsions de mort. Olivier Gourmet, qui est pourtant l’un des meilleurs acteurs du moment, réussit à se ridiculiser dans cette mauvaise doublure de Marlon Brando. On se demande bien pourquoi on est allé chercher le belge Johan Heldenbergh pour interpréter le rôle de Martin Sheen. Des dizaines d’acteurs français, plus jeunes, plus charismatiques, auraient mieux fait l’affaire. Seuls surnagent les seconds rôles : Lyna Khoudri (l’héroïne de Papicha), Salim Kechiouche (acteur récurrent chez Kechiche), Steve Tientcheu (le maire des Misérables)…

La bande-annonce

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