Le Photographe ★★☆☆

Rafi est un Indien pauvre qui a quitté son village pour Bombay afin d’y rembourser la dette contractée par son père et racheter la maison familiale. Installé dans un appartement minuscule qu’il partage avec quelques camarades d’infortune, il travaille sur le front de mer, à la Porte de l’Inde, où il prend les touristes en photo. C’est là que sa route croise celle de Miloni, une jeune étudiante, première de sa classe, issue de la classe moyenne, dont les parents sont en train d’organiser l’avenir.
Pressé par sa grand-mère de se marier, Rafi lui envoie une photo de Miloni en prétendant qu’il va l’épouser. Mais les choses pour lui se corsent quand sa grand-mère lui annonce sa venue prochaine à Bombay pour faire la connaissance de Miloni.

Un tel pitch aurait pu donner lieu à un film comique fait de quiproquos et de renversements, façon Au théâtre ce soir. Mais telle n’est pas la marque de fabrique de Ritesh Batra qui revient en Inde après un détour (pas vraiment convaincant) par Hollywood, six ans après le succès mondial de The Lunchbox. Le monde entier – moi inclus – avait été séduit par cette romance délicate entre une épouse mal mariée et un employé de bureau timide qu’un destin malicieux réunissait par le biais d’un panier-repas mal distribué.

C’est un peu le même principe qui est appliqué dans Le Photographe. Un titre mal choisi car il braque les projecteurs sur l’un des deux héros au détriment de l’autre. La Photo ou Le Mariage aurait été un titre plus pertinent qui, comme le panier-repas du film précédent, aurait insisté sur le medium mettant en relation les deux protagonistes.

Loin des comédies musicales virevoltantes auxquelles Bollywood nous a habitués, Ritesh Batra nous offre l’image d’un cinéma indien tout en subtilités – dont d’ailleurs la principale cible n’est pas domestique mais internationale. Il y est question de sentiments, comme dans toute romance. Mais il y est surtout question de relation de classes comme c’était déjà le cas dans l’excellent Monsieur (qui méritait dans mon souvenir une étoile de plus que les deux que je lui ai mégottées). Il ne s’agit pas ici de la relation entre une servante et son patron comme dans Monsieur mais entre deux amoureux d’une classe sociale différente.

Sanya Malhotra est parfaite dans le rôle de la jeune fille, d’une maladive timidité, qui a laissé ses parents prendre sa vie en mains. Le grand acteur Nawazuddin Siddiqui, qui jouait déjà dans The Lunchbox, est bien trop vieux pour interpréter Raffi, un rôle qui aurait dû échoir à un acteur plus jeune qui aurait donné plus de crédibilité au couple et à leurs sentiments.

La fin du film est surprenante. Elle a laissé la salle sur sa faim, qui s’est répandue, dès les lumières rallumées, en interrogations bruyantes et en commentaires désemparés. On n’en dira pas plus, sinon qu’elle est aussi frustrante que stimulante.

La bande-annonce

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