À la frontière du Mexique et des Etats-Unis, Tijuana est une ville violente rongée par la prostitution et le trafic de drogue. Nick (Paul Anderson, l’aîné des frères Shelby dans la série Peaky Blinders), un vétéran d’Irak, traumatisé par la mort de ses frères d’armes, est venu s’y enterrer vivant. Sa route croise celle d’Ana (Adriana Paz), une jeune Mexicaine qui recherche son frère, et celle de Topo (Noé Hernadez) un chef de gang sans foi ni loi.
Le réalisateur Jean-Charles Hue trace un sillon original. Ses deux premiers films, La BM du Seigneur et Mange tes morts, suivaient les pas d’une famille yéniche dans le Nord de la France. Son troisième change radicalement d’horizon et nous amène en Amérique du Nord, dans un territoire anomique que le réalisateur connaît bien pour le fréquenter depuis douze ans.
Son ambition, on le sent, est de nous faire toucher du doigt la réalité de cette ville violente et âpre. Avec son chef opérateur, il capte des jeux de lumière d’une beauté bouleversante, reflets du parcours intérieur du héros qui traque la poésie dans la fange. Il est aidé par la prestation impressionnante de Paul Anderson, dont l’interprétation à fleur de peau dans Peaky Blinders avait révélé l’immensité du talent. Nul doute qu’on tient ici une « gueule » hors pair qui, si elle sait choisir ses rôles et si Hollywood sait lui en écrire, peut espérer une carrière à la Willem Dafoe ou à la Mickey Rourke.
Mais cette visée documentaire est contredite par l’objet du film. Jean-Charles Hue signe une fiction avec un scénario. Le problème est que ce scénario est bien faiblard, même si la quête quasi-policière du fils disparu aurait dû suffire à le tendre. Sans doute aurait-il mieux fait de sauter le pas et de consacrer à Tijuana le documentaire qu’il avait envie de réaliser.