Deux enfants. Frère et sœur. Billie, l’aînée a quinze ans ; Nico, le cadet, onze à peine. Ils sont élevés à la dure par un père aimant mais alcoolique, incapable, malgré l’amour qu’il porte à ses enfants, de maîtriser sa violence. Leur mère a refait sa vie avec une brute et n’accepte qu’avec réticence de s’en occuper. Après une altercation plus dramatique que les précédentes, les deux enfants fuguent en compagnie d’un troisième, Malik.
Avec Sweet Thing, le réalisateur indépendant américain Alexandre Rockwell n’entend pas révolutionner le cinéma. L’histoire qu’il raconte – la résilience de gamins confrontés à des adultes toxiques – et la façon de la filmer – en 16mm dans un noir et blanc qui rappelle les premiers Spike Lee – n’ont rien de bien nouveau.
Mais faut-il à tout prix innover ? le cinéma et l’art en général sont-ils condamnés à une éternelle fuite en avant ? un film, parce qu’il reprendrait les recettes de films précédents, serait-il sans intérêt pour ce seul motif ? J’ai souvent tendance moi-même à le dire, reprochant un sujet « éculé », un traitement « sans originalité » et à verser dans un snobisme avant-gardiste. Par réaction à ce penchant condamnable, j’aurai vis-à-vis de Sweet Thing la réaction inverse : tout en reconnaissant son manque d’originalité et son sujet éculé, je saluerai la qualité de sa mise en scène, sa direction d’acteurs (Billie, Nico et leur mère sont interprétés par les propres enfants du réalisateur et par son épouse) et l’émotion que ce film simple et sincère suscite.