Aristocrats ★☆☆☆

À vingt-sept ans, Hanako, la cadette d’une famille très aisée de Tokyo, n’est toujours pas mariée. Ses amies se mettent en quatre pour lui trouver un fiancé. Et elle croit rencontrer la perle rare avec Koichiro, le fils d’une famille plus aisée encore,  diplômé d’une brillante université, promis à un brillant avenir. Mais après les fiançailles, Hanako découvre que Koichiro entretient une liaison avec Miki, une jeune provinciale d’un milieu très modeste.

Trois semaines à peine après The Housewife avait déboulé sur nos écrans un autre film d’une réalisatrice japonaise. Comme dans The Housewife, il avait pour sujet la place de la femme dans la société nippone, l’injonction au mariage et à la maternité. Mais il doublait cette réflexion d’une autre : le cloisonnement social d’une ville, Tokyo, qui possède elle aussi son Neuilly-Auteuil-Passy dont il est aussi difficile de sortir que d’y rentrer.

Le propos est intéressant. Mais hélas la façon dont le traite la jeune réalisatrice Yukiko Sode – dont c’est le troisième long et le premier diffusé en France – est trop académique pour sortir de l’ordinaire. Ses vaines tentatives pour rompre la linéarité du récit et pour renverser les points de vue causent plus de confusion (je n’ai toujours pas compris le sms de Miki au sujet de son chargeur) qu’elles ne dynamisent la narration.

La bande-annonce

Freaks Out ★★☆☆

En 1943, à Rome, quatre monstres de cirque partent à la recherche de leur directeur, pris dans une rafle, au risque de tomber dans les mains d’un Nazi psychopathe.

Gabriele Mainetti s’était fait connaître en Italie et au-delà avec un premier film surprenant, On l’appelle Jeeg Robot, croisement étonnant et détonnant du film de super-héros et du polar.

Freaks Out s’inscrit aussi à la croisée de deux genres. D’un côté, le film historique avec en arrière-plan l’Italie fasciste, la déportation des Juifs et, en méchant de comédie, un Nazi caricaturalement hystérique (joué avec un plaisir communicatif par l’excellent Franz Rogowski qu’on avait connu plus sobre chez Christian Petzold). De l’autre le film de super-héros avec, comme dans X-Men ou dans Les Quatre Fantastiques un quatuor formé par une jeune femme électrisante, un albinos qui commande aux insectes, un homme à barbe et un nain magnétique.

Le résultat n’est pas mauvais ; mais il n’est pas non plus franchement réussi. L’originalité du propos se dissout rapidement et Freaks Out se réduit bien vite à un sous-produit hollywoodien dopé aux effets spéciaux dont on réalise un peu trop tard qu’on ne constituait pas le cœur de cible.

La bande-annonce

Apples ★☆☆☆

Un mal mystérieux s’est abattu sur la ville. Certains de ses habitants sont frappés par une amnésie totale. Un homme, la quarantaine, qui avait quitté son domicile et errait dans les rues, est retrouvé assoupi au terminus d’une ligne d’autobus. Il dit ne se souvenir de rien. Il n’a aucun papier pour l’identifier, aucun proche qui vienne le rechercher à l’hôpital où il a été pris en charge. Après une courte convalescence, deux psychiatres lui proposent de s’installer dans un logement en ville et de suivre un programme pour retrouver une vie sociale normale. Mais le veut-il vraiment ?

Apples est un film grec qui n’a rien d’exotique. Il s’inscrit dans la filiation du réalisateur grec contemporain le plus connu, Yórgos Lánthimos, dont Christos Nikou fut l’assistant sur Canine. On y retrouve le même goût pour l’absurde, la même critique acerbe de nos sociétés contemporaines et de leurs impasses.

Le héros anonyme de Apples, de chaque plan, est un clown triste et solitaire, en marge d’une société dont il peine à réapprendre les codes. Le propos du film s’éclaire à sa toute fin – même si je n’étais pas absolument certain d’en avoir compris le sens et ai eu besoin de quelques béquilles extérieures pour confirmer ma perception. Cet épilogue est assez poignant et donne au film une dimension beaucoup plus intéressante qu’on ne l’avait pensé.

Malheureusement, prisonnier de son procédé, Apples est bien trop lent et bien trop long – même s’il dure quatre-vingt dix minutes à peine – pour soutenir l’attention.

La bande-annonce

A Chiara ★☆☆☆

Chiara a seize ans et vit une adolescence protégée dans une petite ville de Calabre, entre ses amies du lycée, sa sœur aînée qui fête sa majorité et sa petite cadette. Tout s’effondre avec la disparition brutale de son père qui révèle à la jeune fille des pans mystérieux de son existence.

Jonas Carpignano est un jeune cinéaste italien, revenu en Sicile après des études de cinéma aux Etats-Unis. Il a fait de la petite ville calabraise de Gioia Tauro le théâtre d’un triptyque qui s’achève avec A Chiara. Meditteranea avait pour héros deux immigrés burkinabés fraichement débarqués en Italie. A Ciambra s’intéressait à un jeune rom. L’héroïne d’A Chiara semble à première vue être une adolescente sans histoire. Mais son père est en fait un des lieutenants de la Ndrangheta, la mafia calabraise.

A Chiara suit la jeune fille dans sa patiente enquête autour de de son père. Elle nous apprend une monstruosité de la loi pénale italienne : pour rompre les liens du sang dont se nourrit la mafia, les enfants mineurs de mafiosi peuvent être séparés de force de leurs parents et envoyés dans des familles d’accueil dans le Nord de l’Italie. C’est le sort réservé à Chiara qu’évoque d’ailleurs la bande-annonce. On n’en dira pas plus.

A Chiara est le portrait touchant d’une adolescente que les événements obligent à plonger sans attendre dans le monde des adultes, leurs silences, leurs compromissions. Ce genre d’histoires, pour touchantes qu’elles soient, ont hélas été déjà trop souvent filmées pour susciter encore l’intérêt.

Post-scriptum : je ne suis pas sûr d’avoir compris la scène finale : où se déroule-t-elle ? en Calabre ou à Urbino ? Et qu’est-il advenu du père ? Vos réponses en mp m’éclaireraient….

La bande-annonce

La Colline où rugissent les lionnes ★★☆☆

Qe, Jeta et Li sont trois amies d’enfance qui chassent ensemble l’ennui qui écrase leur petit village du Kosovo. L’une, orpheline, ne réussit pas à faire le deuil de ses parents ; l’autre est violentée par un père abusif ; la troisième refuse le destin tout tracé que sa mère, propriétaire d’un salon de coiffure, entend lui imposer.

La Colline où rugissent les lionnes, c’est d’abord un joli titre. C’est ensuite un projet sympathique tourné par la jeune actrice franco-kosovare Luàna Bajrami qui, au lieu de flamber ses cachets gagnés sur le tournage de Portrait de la jeune fille en feu, L’Evénément ou Les 2 Alfred, les a investis dans son premier film réalisé dans son pays natal. C’est enfin un sujet inspirant : l’amitié sororale de trois amies qui, lorsque les portes de l’Université se ferment devant elles, décident de se transformer en gang de braqueuses. Après quelques cambriolages et une échappée belle dans un hôtel de luxe payé avec leur butin, le destin les rattrapera.

Le problème de cette Colline est que son thème archi-rebattu a déjà été mille fois visité, souvent avec plus de talent : je pense à l’excellent Foxfire (2012) de l’excellent Laurent Cantet adapté d’un roman de la non moins excellente Joyce Carol Oates.

Son autre problème, le plus grave sans doute, est l’absence de maîtrise de son scénario, qui fait du surplace dans sa première demi-heure, semble ensuite s’engager dans une voie qui n’est pas exploitée (l’irruption d’une quatrième amie, venue de France interprétée par Luàna Bajrami elle-même dans un rôle qu’on imagine très autobiographique), puis trouve enfin son sens après près d’une heure (quand les trois héroïnes se lancent dans une série de braquages) avant de se terminer en épingle à cheveux avec un plan  glaçant qu’on peine à comprendre. Beaucoup sera pardonné à un premier film tourné par une réalisatrice âgée de vingt ans à peine ; mais, il ne faut pas pousser Papy dans les orties non plus.

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Les Crimes du futur ★★☆☆

Dans un avenir proche indatable et dans un lieu inconnu, semble-t-il marqué par un déclin industriel et un détraquement climatique, Saul Tenser (Viggo Mortensen) est un artiste qui utilise son corps et les excroissances cancéreuses qui s’y développent mystérieusement. Avec l’aide de Caprice (Léa Seydoux), il en met en scène leur exérèse.
Leur chemin va croiser celui de deux fonctionnaires tatillons, d’un détective undercover et d’un groupe d’anarchistes post-humanistes qui cherchent à les associer à leur cause.

Après quelques films dont il faut bien dire qu’ils ne valaient pas tripette (Maps to the Stars, Cosmopolis, A Dangerous Method) et l’annonce d’arrêter le cinéma, David Cronenberg, 79 ans au compteur, renoue avec ses vieilles obsessions : des corps mutants, malades et lubriques, une science-fiction spectrale…

Le résultat est moins gore que la bande-annonce et le parfum de soufre qui précédait la sortie du film pouvaient le laisser escompter. D’ailleurs le film en France est autorisé à tous les publics – des esprits chagrins et/ou des parents poules pourraient toutefois légitimement estimer qu’il ne convient pas aux jeunes enfants.

Mais il n’en est pas moins diablement séduisant. David Cronenberg y retrouve pour la cinquième fois Viggo Mortensen. Léa Seydoux passe haut la main l’examen d’entrée : sa perfection plastique et l’élégance de son accent anglais font d’elle une parfaite héroïne cronenbergienne. Kristen Stewart – méconnaissable sur l’affiche à force d’être photoshoppée – interprète avec beaucoup de second degré un second rôle qui n’est pas à la hauteur de son talent.

Les Crimes du futur pêche par son scénario paresseux qui peine à retenir l’attention sur la durée. C’est d’ailleurs le reproche qu’on pourrait faire à beaucoup de films de Cronenberg : ce réalisateur de génie préfère décrire des états que raconter une histoire. Mais on aurait scrupule à lui reprocher d’enchaîner quelques scènes d’anthologie, aussi belles qu’horrifiques, quand bien même elles ne mènent nulle part.

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Sentinelle sud ★☆☆☆

Christian Lafayette (Niels Schneider) est un marsouin de l’armée française, rapatrié d’Afghanistan après une embuscade qui a décimé son peloton. Le retour à la vie civile n’est pas simple pour lui qui n’a trouvé qu’un emploi de manutentionnaire dans un supermarché et noie son mal-être dans l’alcool.
Henri, un autre soldat démobilisé, a perdu la raison et est soigné dans un hôpital psychiatrique. Mounir (Sofian Khammes), le frère de lait de Christian, qui l’a suivi par amitié en Afghanistan, est aussi mal en point que lui, une jambe folle et impliqué dans des trafics louches.

Sentinelle sud entrelace deux histoires. D’un côté le stress post-traumatique de soldats détruits par la guerre, incapables de se réadapter à une vie « normale ». De l’autre un polar assez classique avec son lot de petites frappes, de coups tordus et de braquages plus ou moins bien ficelés.

La recette n’est pas nouvelle et a déjà été utilisée dans plusieurs films français ou américains plus ou moins fameux : Rambo, Né un 4 juillet avec Tom Cruise,  Démineurs, l’Oscar du meilleur film attribué en 2010 à Kathryn Bigelow, American Sniper de Clint Eastwood, Maryland, un petit film français passé inaperçu avec pour acteur principal Matthias Schoenaerts, Voir du pays, sur le séjour de décompression que les militaires français déployés en Afghanistan effectuent à Chypre sur le chemin du retour, etc.

Le problème de Sentinelle sud est qu’il n’innove guère sur cette trame bien usée. L’interprétation parfaite de ses deux principaux protagonistes, brillamment secondés par India Hair dans le rôle d’une infirmière compatissante et par Denis Lavant dans celui d’un commandant droit dans ses bottes, n’y change rien.

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L’Hypothèse démocratique – Une histoire basque ★☆☆☆

L’Hypothèse démocratique se penche sur une page méconnue de notre histoire politique : la lutte pour l’indépendance basque de l’ETA, fondée en 1958 en plein franquisme, jusqu’à son auto-dissolution en 2018.
Il le fait en donnant longuement la parole aux principaux leaders de l’organisation qui témoignent pour la première fois à visage découvert.

L’Hypothèse démocratique permet d’entendre, ce qui n’est guère fréquent, cette étrange langue basque, aux origines mystérieuses, dont on dit parfois qu’elle est la plus vieille d’Europe.
Il est aussi l’occasion de réunir, dans un exemple rare de réconciliation, deux femmes : le père de la première a été tué par les GAL, ces milices espagnoles anti-indépendantistes, à Bayonne, le mari de la seconde était un policier espagnol assassiné par l’ETA.

Mais pour le reste, L’Hypothèse démocratique – dont rien n’éclaire le titre trop abstrait – gâche un sujet en or.
Il le gâche de trois façons. D’abord par sa durée anormalement obèse et que rien ne justifie : ce documentaire de 2h20 aurait été autrement plus percutant amputé d’une bonne heure.
Ensuite par son montage paresseux : des interviews trop longues sont chichement entrecoupées d’images d’archives trop rares qui ne permettent pas de comprendre la lutte indépendantiste, ses objectifs et les raisons pour lesquelles l’ETA a finalement déposé les armes
Enfin, L’Hypothèse démocratique présente le défaut de ne donner la parole qu’à un seul camp. Un seul Espagnol – qui a participé aux négociations de paix – est interviewé. Cette absence de contrechamp nuit à l’objectivité du propos ainsi qu’à son intelligibilité.

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Downton Abbey II ★★★☆

1928 à Downton Abbey. La douairière Lady Violet vieillit. Ses descendants apprennent avec étonnement que le marquis de Montmirail lui a légué par testament une luxueuse villa dans le sud de la France. Ils décident de s’y rendre pour éclaircir le mystérieux passé de leur aïeule.
Pendant ce temps, à Downton, un film se tourne avec des vedettes de cinéma toutes plus étonnantes les unes que les autres.

J’ai déjà dit le plaisir addictif que j’avais pris à regarder les sept saisons et les cinquante-deux épisodes de l’une des séries les plus célèbres au monde.
Je découvre avec étonnement en la relisant ma critique bien sévère du premier film qui en avait été tiré, sorti fin 2019. Le problème est que le second (ou le deuxième ?), sorti le mois dernier lui ressemble énormément.
Deux options s’offrent à moi : répéter les mêmes reproches au risque du bégaiement ou me montrer plus élogieux au risque de l’incohérence.

Au risque de l’incohérence, c’est cette seconde voie que je choisirai.
Je crains hélas que l’opinion qu’on se fait d’un film soit très fluctuante : elle dépend de notre humeur quand on le voit et du moment dont on en parle ensuite. N’y a-t-il pas des comédies que vous n’avez pas trouvées drôles, bien qu’elles le fussent, parce que vous les avez vues de mauvaise humeur ? Des films dont vous dites le plus grand bien aujourd’hui alors que vous vous y étiez copieusement ennuyé, mais dont les qualités, passées au tamis du temps, ont fini par vous toucher ? Bref, l’opinion qu’on se fait d’un film est terriblement subjective et fluctuante.

De ce Dowton Abbey II – qui ressemble furieusement au Downton Abbey I – je pense le plus grand bien – alors que j’ai dit du mal du I. Pourquoi ?
C’est difficile à dire. Peut-être parce que cela faisait plus de deux ans que je n’avais plus été plongé dans la si délicieuse compagnie des Crawley. La série était trop proche du premier film, alors qu’elle est suffisamment éloignée du second.

J’ai retrouvé ces personnages qui, après tant d’heures à partager leurs vies, font un peu partie de ma famille : Lord Crawley, sa femme Cora, leurs filles Mary et Edith  (Sybil, la si jolie benjamine, me manque terriblement) ainsi que leurs gendres et, bien sûr, la nombreuse domesticité, Carson, Barrow, Bates et son épouse Anna si aimante, Molesley…

Dowton Abbey II m’a fait pensé au jeu Tetris auquel nous avons tous joué : il s’agit d’enchasser en les faisant pivoter des formes géométriques tombées du ciel. Dans Downton Abbey, plusieurs fils narratifs sont tirés qui finissent par s’imbriquer les uns aux autres dans une parfaite harmonie. Dans Downton Abbey aussi, chacun est à sa place, chaque place à son chacun. La société a beau connaître une scandaleuse division entre maîtres et serviteurs (à quelques rares exceptions près, tel Tom Branson, le chauffeur irlandais devenu l’époux de Sybil). Cet apartheid ferait frémir les marxistes les plus dogmatiques. J’avoue, toute honte bue, qu’il n’a pas terni le plaisir que j’ai pris à ces histoires.

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Sous l’aile des anges ★★☆☆

Le jeune Abraham Lincoln, avant de devenir un immense président, a connu une enfance misérable. Né en 1809 dans le Kentucky, cadet d’une sœur aînée (un troisième enfant décèdera en bas âge), il déménage en 1816 dans l’Indiana où ses parents cherchaient une vie meilleure en s’installant au fond des bois. Sous l’aile des anges le filme à ses dix ans, lorsque sa mère meurt d’un mal mystérieux et que son père, un homme frustre et dur, se remarie.

En 2012, l’immense Steven Spielberg consacrait à Abraham Lincoln un biopic sobrement intitulé Lincoln. Ce film, voué, avant même que sa première image soit tournée, à un succès universel, par la miraculeuse combinaison de son sujet, de l’identité de son réalisateur et du choix de ses acteurs, filmait les derniers mois de la vie du seizième président américain assassiné en 1865 après avoir fait adopter le Seizième amendement à la Constitution américaine qui abolit l’esclavage.

Deux ans plus tard, A.J. Edwards tournait un autre film sur Abraham Lincoln. Mais le prisme en était totalement différent. Le grand homme est un enfant, certes plus doué que la moyenne, mais que rien ne prédispose à un tel destin. C’est un enfant doux et sensible qui vit sous une double tutelle masculine et féminine : un père taiseux et rude à la tâche et une mère trop tôt décédée qui cède la place à une belle-mère aussi aimante qu’elle.

Montré en 2014 à Sundance, à Berlin et à Deauville, Sous l’aile des anges est diffusé aux Etats-Unis à l’automne 2014. Bizarrement, il aura fallu attendre près de huit ans sa sortie en salles en France.

A.J. Edwards est le monteur des films de Terrence Malick. L’influence du maestro est écrasante. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est quasiment muet et fait un usage parfois bien encombrant de la voix off. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est monté comme un long clip vidéo, comme une interminable bande-annonce. Comme les films de Malick, Sous l’aile des anges est un film panthéiste, qui filme la nature en de longs panoramiques à ras des herbes hautes, langoureusement caressées par des acteurs et des actrices qui y caracolent façon Laura Ingalls dans La Petite Maison dans la prairie.

On pourrait penser, après avoir lu ce paragraphe venimeux, que je n’ai rien aimé dans ce faux biopic. Ce serait excessif. Sous l’aile des anges est un film qui enchantera les fans de Terrence Malick et de son cinéma élégiaque. Je le déconseille radicalement aux autres. Quant à moi, qui ne puis rétrospectivement m’empêcher de considérer Une vie cachée ou The Tree of Life comme des chefs d’oeuvre, des chefs d’oeuvre boursouflés, mais des chefs d’oeuvre quand même, je ne sais pas trop si j’ai aimé ou pas Sous l’aile des anges.

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