Pendant ce temps sur terre ★☆☆☆

Elsa (Megan Northam) ne se remet pas de la mort de son frère Franck, spationaute porté disparu en mission trois ans plus tôt. Alors que son don pour le dessin la destinait aux Beaux-Arts, elle vivote avec un emploi d’aide médicale dans l’EHPAD que dirige sa mère (Catherine Salée) dans une petite ville du Puy-de-Dôme. Mais un beau jour, elle entend la voix de son frère et de ses ravisseurs, des extra-terrestres qui lui proposent un pacte faustien : en échange de cinq corps humains dans lesquels ils souhaitent se glisser pour venir visiter la Terre, ils promettent à Elsa le retour de son frère sain et sauf.

Jérémy Clapin revient là où on ne l’attendait pas. Son premier long-métrage, J’ai perdu mon corps, sorti en 2019, un film d’animation, avait emporté un immense succès mérité. Il aurait pu rester dans cette veine. Il en choisit une autre, hybride. Hybride par la forme : Pendant ce temps sur terre contient des séquences d’animation futuristes, produits de l’imagination d’Elsa qui louchent du côté de René Lanoux (j’ai pensé à La Planète sauvage) et de l’esthétique des BD des années 70 et possède une bande-son absolument hypnotisante signée Dan Levy . Hybride par le sujet : Pendant ce temps sur terre joue sur les registres de plusieurs genres, la science-fiction façon Interstellar (les voix mystérieuses entendues par Elsa sont-elles bien réelles ou le produit de son imagination délirante ?), l’horreur façon David Lynch (cette graine translucide qu’elle se glisse dans l’oreille pour communiquer et qu’elle ne réussit plus à retirer de son organisme), le drame social (le naufrage d’une famille détruite par la disparition de Franck)….

Cette qualité hélas se retourne. Pendant ce temps sur terre souffre de ce mélange des genres – comme déjà avant lui L’Astronaute ou Proxima, deux films français la tête perchée dans les étoiles. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ces films là, comme si la conquête spatiale ne supportait pas de rester coincée les deux pieds dans la glaise. Qui dit science-fiction, dit voyage intergalactique, navette spatiale, combinaison spatiale, apesanteur, voire petits bonshommes verts, et pas campagne auvergnate, rond-point ou EHPAD.

La bande-annonce

Les Fantômes ★☆☆☆

Hamid (Adam Besa, révélé dans Les Bienheureux et Harka) est un rescapé des prisons syriennes. Exilé à Strasbourg, il traque, pour le compte d’une mystérieuse organisation secrète, son ancien bourreau (Tawfeek Barhom, jeune étudiant en plein conflit de loyauté dans La Conspiration du Caire).

Les Fantômes est un thriller. Il est construit autour de deux séries d’interrogations. La première est en partie éventée par le résumé que je viens d’en faire : qui est Hamid, pour quelle organisation travaille-t-il, qui cherche-t-il ? La seconde restera entière jusqu’à la fin du film : Harfaz est-il bien le criminel que Hamid recherche ?

Les Fantômes respecte tous les codes du film d’espionnage : un héros mystérieux lesté d’un lourd passé et entouré de quelques faire-valoir féminins, une mission périlleuse… Sa musique est particulièrement envoûtante. Mais Les Fantômes souffre d’un budget trop réduit et surtout d’un scénario trop pauvre. Il ne ménage pas son lot de rebondissements qu’on est en droit d’attendre de ce genre de films. Si bien qu’après un début très réussi, qui campe les personnages et la situation, on en vient vite à s’ennuyer.

Notre déception est d’autant plus grande qu’on escomptait beaucoup de ce film tendu inspiré d’une actualité géopolitique si prégnante. Sur la Syrie et ses fantômes, on préfèrera largement Les Âmes perdues.

La bande-annonce