Arthur (Benjamin Biolay), journaliste chez Libération, se voit confier par son directeur (Hippolyte Girardot) le soin de couvrir l’évacuation d’un camp de réfugiés sur le périphérique parisien. Il y rencontre Mathilde (Camille Cottin), une ancienne avocate, bénévole dans une ONG et accepte, dans la foulée, pour lui (com)plaire, d’accueillir, « quelques jours pas plus » un immigré afghan à son domicile.
Depuis quelques années, le cinéma français, sous convert d’engagement citoyen, se plaît à raconter le parcours éprouvant des immigrés qui frappent à nos portes et leur rencontre avec des Français ordinaires, brutalement dessillés par la découverte de cette humanité en détresse. Ce cinéma là a deux terres d’élection : Calais (Welcome, Ils sont vivants) et Briançon (Les Engagés , Les Survivants, La Tête froide).
Quelques jours pas plus se déroule à Paris. Le détail a son importance. Il s’agit de la très fidèle adaptation par Julie Navarro du roman de son compagnon Marc Salbert, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire (la signification du titre passablement déroutant s’éclaire vite si l’on explique que Arthur se voit confier la rédaction de cet article sur l’évacuation des réfugiés de la Porte de la Chapelle après avoir jeté un minibar depuis la chambre d’hôtel où son journal le logeait).
On pourrait dire de Quelques jours pas plus que c’est un hymne à l’hospitalité républicaine dégoulinant de bien-pensance. On n’aurait pas tort. Mais il serait injuste de n’en dire que ça. Certes, son sujet conformiste est de ceux qui provoquent le soutien pavlovien du CNC et des chaînes TV. Certes la comédie sentimentale dont le scénario est lesté, qui verra immanquablement le rapprochement des contraires, le bobo cynique et la pasionaria des prétoires, est téléphonée. Certes enfin l’histoire gentillette se déroule gentiment jusqu’à la conclusion prévisible, ni trop joyeuse ni trop désespérante, vers lequel le film n’avait d’autre choix qu’aboutir (le scénario de La Vie de ma mère , un film pour lequel j’ai eu la dent très (trop ?) dure, se conclut exactement dans les mêmes termes).
Pour autant, j’ai trouvé à l’exécution de ce film très quelconque un charme indéniable. La responsabilité en revient à ses deux acteurs, et plus particulièrement à Benjamin Biolay. Il n’a jamais eu la voix aussi grave ; il n’a jamais été aussi beau. Son rôle, à la frontière de la comédie, est d’une auto-dérision pleine d’ironie. Pendant longtemps, Benjamin Biolay était un chanteur qui tournait des films ; il est en train de devenir – ou peut-être l’était-il devenu depuis longtemps mais j’en prends conscience grâce à ce film – un acteur de cinéma qui, à ses heures perdues, pousse la chansonnette.
Après
Jamie (Margaret Quilley) et Marian (Geraldine Wisvanathan) forment un duo désassorti. Autant Jamie est extravertie et libérée, autant Marian est timide et collet-monté. Le hasard les réunira pour une virée en Floride au volant d’une voiture de location dont le coffre se révèlera contenir deux paquets compromettants.
Abel Trem est un lycéen besogneux qui, malgré l’aiguillon de ses parents, révise sans conviction les épreuves du baccalauréat. Il sera collé à l’épreuve d’histoire, ne trouvant rien à dire aux deux sujets qui lui sont successivement proposés. Pour expliquer sa faillite à son père furieux, Abel invoque la remarque que lui a faite un examinateur qui l’a questionné sur la cocarde tricolore qu’il portait à sa boutonnière, un signe de reconnaissance des partisans du Fidesz, le parti conservateur de Viktor Orban. Monté en épingle et déformé, l’échec au bac d’Abel Trem vient aux oreilles d’une jeune journaliste qui en fait l’objet d’un article.
Xavier (Bruno Campan) et Sophie (Isabelle Carré) forment un couple vieillissant. Avec les années, le désir s’en est allé et, avec lui, la tendresse qui les unissait l’un à l’autre. Ce soir-là, la mauvaise humeur de Xavier, professeur de musique aigri, compositeur raté, est encore accrue par la décision que Sophie a prise : inviter à dîner Alban (Pablo Pauly) et Adèle (Julia Faure) leurs nouveaux voisins dont les retentissants ébats nocturnes les réveillent chaque nuit.
Pierre (William Lebghil) a la trentaine déjà bien entamée. Pourtant, il peine encore à se stabiliser. Professionnellement : la fleuristerie qu’il a reprise n’a pas encore atteint le point d’équilibre. Sentimentalement : il ne parvient pas à se déclarer à Lisa (Alison Wheeler). La raison de ces blocages réside dans sa relation compliquée à sa mère (Agnès Jaoui) qui revient brutalement dans sa vie, après deux ans d’absence. Gravement bipolaire, elle vient de s’échapper du centre psychiatrique où elle avait été internée. C’est à Pierre qu’il incombe de l’y reconduire.
Delphine (Louise Bourgoin) est une agrégée de lettres classiques désabusée qui a passé un pacte avec la bande de cinq élèves paresseux qu’elle se coltine depuis la classe de seconde : en échange de la paix royale qu’ils lui laissent, elle leur met à tous 19 de moyenne. Mais son stratagème se retourne contre elle lorsque ces résultats exceptionnels qualifient ses élèves pour une compétition internationale de latin organisée à Naples. Leur ignorance crasse risque d’éclater au grand jour. D’autant que Rodolphe (Xavier Lacaille), le propre neveu de la directrice (Noémie Lvovsky), qui termine une thèse sur l’apprentissage immersif du latin, est du voyage.
Lili d’Alengy (Leïla Bekhti) est une cocotte parisienne qui cache un secret : elle a une fille déficiente mentale, Tina, confiée aux soins de sa mère. Mais à la mort de celle-ci, Lili , encombrée de Tina, n’a d’autre solution, pour éviter que ce secret honteux ne s’évente, que de quitter Paris pour Rome, où un riche marquis lui a proposé de l’héberger en échange de la jouissance de ses charmes.
Prêtre à Auxerre, Simon (Grégory Gadebois) se dévoue corps et âme à ses paroissiens. Au beau milieu de l’enterrement de l’un d’entre eux, Louise (Géraldine Nakache), avec qui il avait eu une liaison, douze ans plus tôt, avant son ordination, revient dans sa vie et lui présente son fils, Aloé. Elle lui demande de le reconnaître.
Julien (François Civil) est un jeune et enthousiaste professeur de français. Dans le collège de banlieue où il est affecté, il essaie de transmettre sa passion à ses élèves, pas toujours faciles. Mais un beau jour, Leslie, une élève taiseuse, écrit une lettre à la CPE : elle reproche à son professeur de lui avoir fait des avances. Bientôt une plainte est déposée à la police. Très vite, Julien se retrouve seul face à ces accusations infondées : face au frère aîné de Leslie, un voyou psychopathe qui le menace de mort, face à la police qui refuse d’enregistrer sa propre plainte, face aux autres parents d’élèves parmi lesquels la suspicion monte, face à ses collègues qui, après lui avoir spontanément manifesté son soutien, remettent en cause ses méthodes pédagogiques transgressives, face à son directeur enfin qui rechigne à lui accorder la protection fonctionnelle qui lui permettrait de payer un avocat pour sa défense…