Emir va mourir. Emir meurt. Cet Algérien, émigré en France a eu une vie bien remplie, du côté des immigrés et des plus faibles, et une descendance nombreuse. Toute sa famille l’entoure à l’heure de sa mort : ses deux filles (Fanny Ardant, Caroline Chanollieau), ses petits-enfants (Maïwenn, Marine Vacth toujours aussi parfaite, Dylan Robert qui n’a rien perdu de sa tchatche depuis Shéhérazade, Florent Lacger, Henri-Noël Tabary…). L’organisation de ses funérailles la voit se déchirer autour de choix futiles – le modèle du cercueil, le choix du capiton – qui cachent des fêlures plus profondes. La mort de son grand-père cause à Neige (Maïwenn) un profond traumatisme. Elle la pousse à partir à la découverte de ses racines algériennes.
Selon qu’on trouvera Maïwenn bouleversante ou horripilante, on adorera ou on détestera ADN. Ce film dont elle est la réalisatrice, la co-scénariste, l’actrice principale gravite autour d’elle et lui est tout entier voué. Elle a raconté, à longueur d’interviews , qu’il ne s’agissait pas à proprement parler d’une auto-fiction. Elle n’en a pas moins tiré l’inspiration d’une vie familiale cabossée, entre une mère franco-algérienne possessive et un père franco-vietnamien absent (interprété ici avec une perfidie sadique par l’immense metteur en scène Alain Françon), qui avait déjà largement nourri ses précédents films, tout aussi impudiques : Pardonnez-moi (2006), Le Bal des actrices (2009), Polisse (2011), Mon roi (2015).
Maïwenn fait son Angot ? Oui. Mais elle le fait avec plus de talent et plus de grâce que la hargneuse romancière. Elle a le don pour filmer les groupes et y capter des instants magiques parfois involontaires. Aidé par un Louis Garrel irrésistible dans le rôle d’un ex bout-en-train, elle nous arrache des éclats de rire inattendus, comme dans ces funérailles où Caroline Chanollieau fredonne les paroles d’une chanson pop déplacée. Elle sait aussi nous faire monter les larmes aux yeux dans ce face-à-face terrible entre sa mère, jouée par une Fanny Ardant dont l’hystérie trouve enfin à s’exprimer sans paraître surjouée, et elle au funérarium du Père-Lachaise.
ADN souffre, c’est vrai, d’un problème de construction. Toute sa première partie, qui dure plus d’une heure, gravite autour d’Emir, ses derniers jours dans un EHPAD filmé sur un mode quasi-documentaire, avec ses vieux qui gagattent et ses familles qui essaient en vain de s’excuser de les y avoir parqués, puis avec son incinération et les préparatifs chaotiques qui l’ont précédée. La seconde partie du film est plus courte et se recentre sur Neige. Le film chorale devient un film solitaire. On adhère moins à cette introspection nombriliste dont on pressent l’issue, dans les rues ensoleillées d’Alger en plein Hirak.
ADN ne m’a pas emporté comme Mon roi l’avait fait : un film passionné, excessif, irrésistible, parmi mes tout préférés de l’année 2016. ADN est plus sage. Il n’en est pas moins touchant.
Documentaire de 4h30, City Hall décrit au jour le jour le fonctionnement de la municipalité de Boston, dirigée par un maire démocrate.
En pleine conquête de l’Ouest, Martha Jane Cannary est une petite fille de dix ans comme tant d’autres qui avec son père, son petit frère et sa petite sœur, traverse dans une caravane de pionniers les plaines immenses du Midwest. Quand son père se blesse, la responsabilité de conduire le charriot incombe à la jeune Martha qui a appris en cachette à monter à cheval, à lancer le lasso et à porter des pantalons. Ses nombreuses enfreintes au règlement lui valent le surnom de « calamité » et l’hostilité de l’austère chef du convoi qui, lorsqu’un vol est commis, en prend prétexte pour mettre Martha aux arrêts.
Israël, le voyage interdit est un documentaire fleuve, de plus de onze heures, sorti en salles en quatre parties. Il est l’œuvre de Jean-Pierre Lledo, un documentariste français, né en Algérie en 1947 d’une mère juive et d’un père communiste venu de Catalogne. Marxiste lui aussi, athée, anti-colonialiste et pro-indépendantiste, Jean-Pierre Lledo nourrit jusqu’en 1993, date de son départ forcé d’Algérie sous la menace des islamistes, le rêve d’une Algérie multiconfessionnelle et multiethnique qu’il a raconté dans trois documentaires, Un rêve algérien, Algéries, mes fantômes et Algérie, histoires à ne pas dire, réalisés en 2003, 2004 et 2007.
Quatre ans ont passé depuis la pandémie qui a dévasté la péninsule coréenne et dont quelques rares survivants seulement ont réussi à s’échapper, par train ou par mer.
Ascoval est une aciérie du nord de la France placée en redressement judiciaire fin 2017 qui, grâce au soutien de l’État, a disposé de douze mois pour trouver un repreneur. Le documentariste Eric Guéret a filmé cet angoissant compte à rebours.
Dans l’immense plaine kazakhe, au milieu de nulle part, un jeune garçon est violé et tué. La police corrompue maquille les lieux du crime et inculpe un benêt. C’est à Bekzat, un jeune policier fraîchement émoulu, qu’il incombera de faire disparaître l’inculpé comme avaient disparu dans des circonstances tout aussi fumeuses les précédents accusés de crimes similaires.
En 1512, Michel-Ange achève enfin la peinture du plafond de la chapelle Sixtine à laquelle il aura consacré quatre années de sa vie. Le pape Jules II, son mécène, lui a parallèlement demandé de réaliser son tombeau. Mais le pontife, membre de la puissante famille des Della Rovere, meurt l’année suivante avant l’achèvement de cette commande dont Michel-Ange ne pourra livrer que la sculpture du Moïse. Léon X, un Médicis, lui succède, qui exige de Michel-Ange qu’il se consacre à la façade de la basilique San Lorenzo à Florence. Le génial artiste, déchiré entre ses deux familles, part à Carrare à la recherche du meilleur marbre.
Alexandre se cherche. La mort de ses parents pendant son enfance l’a laissé sans boussole. Sans travail, sans argent, il ne peut guère que s’appuyer sur l’amitié chaleureuse de ses colocataires : Lola, un vieux travelo philosophe (Thibault de Montalembert méconnaissable), Yolande (Isabelle Nanty), sa proprio soixante-huitarde…
Suze Trapet (Virginie Effira), la petite quarantaine, apprend qu’elle n’en a plus que pour quelques mois à vivre. Son dernier désir : retrouver le fils dont elle a accouché sous X quand elle avait quinze ans à peine. Un farfelu concours de circonstances la met en contact avec un informaticien dépressif (Albert Dupontel) et avec un archiviste aveugle (Nicolas Marié). L’improbable trio, poursuivi par la police, réussira-t-il à retrouver le fils de Suze ?