Délicieux ★★☆☆

Ancien boulanger, promu grace à son amour de la cuisine et à son talent, Pierre Manceron (Grégory Gadebois) travaille au service du duc  de Chamfort (Benjamin Lavernhe). Mais l’orgueilleux maître queux est limogé pour avoir refusé de se plier au lourd protocole de la maison et avoir osé servir une mise en bouche à la pomme de terre et à la truffe à son maître et à ses invités. Dégoûté de la vie et de la cuisine, il reprend l’auberge de son père récemment décédé au fond du Cantal. L’arrivée de Louise (Isabelle Carré), qui lui demande de la prendre comme apprentie, lui redonnera progressivement goût à la vie et l’incitera à inventer le premier restaurant.

Avec une gourmandise communicative – et quelques libertés avec la réalité des faits – Eric Besnard nous raconte une page très politique de l’histoire de la gastronomie française : l’invention du restaurant. Jusqu’alors, les riches comme les pauvres mangeaient chez eux : les premiers trop grassement d’interminables banquets, les autres trop chichement des soupes maigres. Les relais de poste et les auberges se souciaient plus de la santé des bêtes que de l’appétit des voyageurs. Surtout, le strict cloisonnement social qui caractérisait la France de l’Ancien Régime rendait impossible que des convives de classes sociales différentes prennent leur repas ensemble.

Deux amies cinéphiles ont vu Délicieux et en ont fait deux critiques radicalement divergentes.
La première encense ce feel-good movie, l’interprétation parfaite de Grégory Gadebois et d’Isabelle Carré (qui, la cinquantaine approchant, porte crânement ses rides), l’excitation de nos papilles devant ces plats amoureusement mitonnés, la lumière de plans millimétrés qui rappellent la peinture de genre de Lupin Baugin.
La seconde a la dent bien plus dure. Elle reproche à ce film d’être bien gentillet et trop manichéen. Elle dit même s’y être ennuyée. Elle le compare à d’autres oeuvres qui ont le même sujet ou la même atmosphère et qui étaient, chacune dans leur registre, autrement plus mémorables : Ridicule – que la scène d’ouverture copie sans talent – Tous les matins du monde, Le Festin de Babette….

Ces deux opinions sont radicalement incompatibles. Et pourtant, dans une impossible posture (macronienne ?), je suis d’accord avec toutes les deux. La première aurait mis haut la main trois étoiles à Délicieux, la seconde une à peine, et encore…. Comme de bien entendu, ne voulant me fâcher avec aucune mais risquant de ne satisfaire ni l’une ni l’autre, j’en mettrai salomonesquement deux.

La bande-annonce

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