House of Gucci ★★★☆

Fondé au début du vingtième siècle par un modeste tanneur toscan, Gucci est devenu une marque de luxe internationalement réputée. Dans les 70ies, l’entreprise familiale est co-dirigée par les deux fils du fondateur, Rodolfo (Jeremy Irons) et Aldo (Al Pacino). Ils se déchirent sur la stratégie à suivre. Rodolfo, esthète florentin, est soucieux de qualité avant tout ; Aldo, installé à New York, veut internationaliser la marque, quitte à encourager en sous-main la contrefaçon.
Rodolfo et Aldo ont chacun un fils. Maurizio (Adam Driver) est un jeune homme discret qui ne souhaite pas travailler dans l’entreprise familiale ; mais Patrizia Reggiani (Lady Gaga), une jeune femme d’origine modeste, qu’il épouse, est ambitieuse pour deux. Paolo (Jared Leto), le fils d’Aldo, est au contraire un personnage excentrique qui se pique de créer alors qu’il est dépourvu de tout talent.

Un mois après Le Dernier Duel sort un nouveau film de Ridley Scott. Ils sont à la fois différents et similaires. Le premier se déroule dans la France médiévale, le second dans l’Italie contemporaine. Le premier est centré autour de l’ordalie mettant aux prises un homme accusé de viol (Adam Driver) et l’époux de la femme qui l’accuse de l’avoir violée (Matt Damon) ; le second raconte les querelles des membres d’une famille autour de la marque prestigieuse créée par leur aïeul. Le premier utilise un procédé particulièrement astucieux, la narration successive d’un même événement par ses différents protagonistes, là où le second est plus platement chronologique.

Mais les différences s’arrêtent là. Les deux films ont en commun une durée particulièrement distendue (Le Dernier Duel dure 2h33 et House of Gucci 2h37) à laquelle le cinéma ne nous a plus habitués et qui les rapprochent des séries que nous avons binge-watchées pendant le confinement. Ils s’étalent sur plusieurs années voire sur plusieurs décennies et racontent une histoire riche en rebondissements – mais aussi victimes de quelques « trous d’air ». Ils sont servis par un casting éblouissant. Dans House of Gucci, Lady Gaga réussit le pari incroyable de surpasser de la tête et des épaules ses partenaires. Un défi de taille face à Al Pacino, Jeremy Irons, Adam Driver, Jared Leto (auquel je prédis l’Oscar du meilleur second rôle tant sa prestation est hallucinée) ou Salma Hayek… et quand on mesure à peine 1m55 (contre 1m91 pour Adam Driver).

House of Gucci se déguste comme un énorme dessert, parfois étouffe-chrétien, à l’élégance vénéneuse – puisque l’on sait dès sa première image qu’il y est question de conspiration de crime et de mort. Les costumes, les décors rivalisent d’élégance, de chic…. et parfois de bling-bling scandaleusement daté (les 70ies et les 80ies ont commis quelques funestes erreurs de carre). La musique est une tuerie pour tous ceux et celles qui ont grandi à cette époque : Eurythmics, Blondie, George Michael, Donna Summer…. House of Gucci est un spectacle grandiose et funèbre.

La bande-annonce

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