
Rien ne va plus dans la vie de Lilian Steiner (Jodie Foster), une Américaine installée de longue date à Paris où elle exerce la profession de psychiatre, s’est mariée avec un ophtalmologue hospitalier. Ses voisins du dessus causent un vacarme qui l’empêche de travailler ; un vieux client qu’une hypnotiseuse (Sophie Guillemin) a guéri en une seule séance de son addiction au tabac décide de cesser sa cure et en exige le remboursement ; son fils (Vincent Lacoste), jeune père de famille, lui fait à bon droit le reproche de ne pas s’attacher à son petit-fils ; une de ses patientes (Virginie Efira) vient de se donner la mort et le mari de celle-ci (Mathieu Amlaric) et sa fille (Luana Bajrami) reprochent à Lilian Steiner de l’avoir provoquée avec les médicaments qu’elle lui a prescrits.
Rebecca Zlotowski est une figure désormais installée du cinéma français contemporain. Depuis La Belle Epine qui révéla Léa Seydoux, cette normalienne, agrégée de lettres modernes, passée par la Fémis a fait un sacré chemin. Son dernier film, Les Enfants des autres, où elle évoquait l’attachement d’une femme pour l’enfant de son conjoint et son déchirement après leur rupture, pouvait laisser penser qu’elle se tournait vers un cinéma de société, dans l’air du temps. Vie privée déjoue les pronostics qui est autrement moins sérieux, autrement plus ludique.
On se croirait chez Woody Allen. Peut-être à cause de Jodie Foster dont on passe tout le film à admirer la maîtrise du français qu’elle parle à la perfection. Peut-être à cause de cette pléthore d’acteurs renommés dans toute une série de seconds rôles (mention spéciale à Daniel Auteuil que je n’aime pas mais qui est, force m’est de le reconnaître, parfait). Peut-être surtout par ce sens du rythme, par cette alacrité qui fait qu’on ne s’y ennuie jamais une seconde. Comme l’écrit mieux que je ne saurais le faire Louis Guichard dans Télérama : « il faut imaginer une comédie qui emprunterait à Meurtres mystérieux à Manhattan (pour les spéculations débridées autour d’un possible meurtre), Une autre femme (pour le portrait en profondeur d’une sexagénaire intellectuelle et stricte, en pleine crise) et Alice (pour la traversée des miroirs d’une bourgeoise en vadrouille). »
Vie privée se présente comme une enquête menée par Lilian Steiner autour de la mort de sa patiente. Mais on est moins chez Hitchcock que chez Miss Marple. On comprend dans le premier tiers que l’enjeu du film est moins dans l’élucidation des causes de la mort de Paula Cohen-Solal que dans le couple que forment Lilian Steiner et son ex-mari. Et on se demande comment, dans l’industrie formatée du cinéma, un pareil script a pu franchir tous les obstacles qui se dressent sur le chemin de la réalisation d’un film. Moins enquête policière que comédie du remariage, Vie privée est, même si j’y suis resté étranger, un film inattendu et grisant.



À Boulogne-sur-mer à l’automne 1962, une veuve, antiquaire de profession, Hélène Aughain (Delphine Seyrig), la quarantaine, s’apprête à retrouver Alphonse Noyard (Jean-Pierre Kérien), un homme qu’elle a failli épouser vingt ans plus tôt. L’homme, élégant et séducteur, arrive à la gare de Boulogne avec Françoise (Nita Klein) une actrice débutante qu’il présente comme sa nièce. Il prétend avoir tenu un établissement en Algérie. Hélène partage son appartement avec son beau-fils, Bernard Aughain (Jean-Baptiste Thierée) qui vient d’achever son service militaire en Algérie et en est revenu avec des pulsions suicidaires.
Durant l’été 1923, Franz Kafka rencontre sur les bords de la mer Baltique Dora Diamant, une jeune institutrice, issue d’une famille juive polonaise orthodoxe. C’est auprès d’elle, alors que sa santé décline et que sa famille lui refuse l’argent qui lui permettrait de se soigner de la tuberculose qui le tuera, qu’il passera la dernière année de sa vie.

