
Fabio est un homme taiseux qui travaille chez un ferrailleur en Moselle, près de la frontière allemande. À l’insu de sa famille et de ses amis, il entretient une relation avec Marie, plus âgée que lui d’une vingtaine d’années. Un jour, il reçoit une convocation pour devenir juré d’assises. Avec huit autre jurés, il doit se prononcer en appel sur la peine encourue par un pyromane. Fabio découvre un monde dont il ignorait tout.
Le tournage de ce film a été contrarié par un événement qui en pollue la réception. Son réalisateur, Samuel Theis (Party Girl, Petite Nature) a été accusé de viol par un technicien pendant le tournage. Il a été écarté de sa promotion. Il a été placé sous le statut de témoin assisté et une enquête judiciaire est en cours. Adoptant une stratégie de communication inédite, la productrice et la distributrice ont choisi la transparence.
Je le jure est un film quasiment documentaire qui nous fait découvrir de l’intérieur le fonctionnement d’un jury d’assises. Le sujet n’est pas neuf. C’est l’un des préférés du cinéma américain depuis Douze hommes en colère, le film iconique de John Ford, jusqu’au tout récent Juré n° 2 de Clint Eastwood. Tout récemment, il était au centre de plusieurs films français particulièrement notables : Anatomie d’une chute, Saint Omer, L’Hermine…
L’enjeu du procès n’est pas la culpabilité de l’accusé qui a reconnu les faits mais le quantum de la peine : les douze ans prononcés en première instance sont-ils trop sévères ou trop légers ? Pour l’apprécier, la présidente de la cour (Marina Foïs) consacre les débats à la personnalité de l’accusé, à ses antécédents, à ses risques de récidive. Le sens de la peine est interrogé : à quoi servirait une condamnation plus lourde si l’accusé récidive dès sa sortie ?
La démarche est passionnante. Elle sollicite autant la curiosité que l’intelligence du spectateur. Elle souffre toutefois à mes yeux de trois défauts.
Le premier est la présence de jurés caricaturaux : le réactionnaire (Micha Lescot) qui appelle à la sévérité, l’humaniste (Louise Bourgoin) qui au contraire invoque la clémence.
Le deuxième est le délibéré brutalement escamoté là où on escomptait des débats plus fouillés.
Le troisième est le plus fondamental. Il a trait au héros lui-même. Qu’il soit resté silencieux pendant tout le procès donne aux mots qu’il finira bien par prononcer d’autant plus de poids. Je les ai trouvés hélas bien anodins. Et surtout, je n’ai pas compris le parallèle tissé entre les deux histoires : celle de l’accusé et de son procès, celle du héros et de sa relation avec sa compagne d’une part et avec Julia (Louise Bourgoin), l’une des jurés de l’autre.
[Une question sous forme de spoiler : comment avez-vous compris la scène du baiser volé ? Julia repousse-t-elle définitivement Fabio ? ou son geste laisse-t-il augurer la possibilité d’une idylle ?]
La bande-annonce