Reflet dans un diamant noir ★☆☆☆

Un agent secret à la retraite (Fabio Testi) finit ses jours dans un palace italien au bord de la mer. La disparition de sa voisine de chambre fait resurgir ses vieux démons. Il se remémore ses missions passées et son combat avec la mystérieuse Serpentik.

Hélène Cattet et Bruno Farzani forment un duo à part dans le cinéma français. Français ou peut-être belge car c’est en Belgique que les deux étudiants en école de cinéma se sont rencontrés au début des années 2000, vivent et travaillent aujourd’hui. Leurs films – Reflet… est leur quatrième long – sont des prouesses visuelles à l’esthétique immédiatement reconnaissable. En témoignent les affiches rétro des trois précédents.

Voilà la critique que je faisais de leur film précédent, sorti en 2017, adapté d’un polar de Jean-Patrick Manchette : « Laissez bronzer les cadavres est une accumulation hyper stylisée de plans saisissants de beauté. Pris isolément, chacun est une merveille. Mais montés ensemble, ils ne font guère sens. Si bien qu’après une demi-heure où l’on s’extasie devant tant d’originalité formelle, on s’ennuie ferme et on perd tout intérêt à ce jeu de massacre où s’empilent métronomiquement les cadavres. »

Je pourrais la réécrire à l’identique. Cattet & Farzani font avec les films de James Bond ce qu’ils avaient fait précédemment dans Laissez tomber les cadavres avec les romans noirs : utiliser un genre essoré, le tordre, le briser et le réinventer à leur façon. L’entreprise n’est pas inintéressante. On imagine les débats qu’elle susciterait parmi les étudiants d’une promotion de la Fémis. Mais le résultat pourtant diablement imaginatif laisse sur le bord du chemin le spectateur qui, bien penaud, comme celui de Laissez tomber les cadavres, se sent un peu oublié.

La bande-annonce

Le Rire et le Couteau ★★★☆

Sergio est un ingénieur embauché par une ONG pour réaliser en Guinée Bissau l’audit environnemental d’un projet de route censée désenclaver l’arrière-pays mais traversant une mangrove fragile. Ce jeune trentenaire taiseux rejoint son affectation en voiture, à travers le Sahara. Il découvre progressivement son travail et son environnement.

Le Rire et le Couteau a été projeté à Cannes dans la section Un certain regard. Sa durée est hors normes : trois heures trente. Je me plains trop souvent de l’obésité de certains films pour ne pas souligner que cette durée est, ici, parfaitement appropriée. Car elle nous laisse le temps de pénétrer un univers et de nous débarrasser de nos préjugés.

Le parcours de son réalisateur, Pedro Pinho, engagé dans la militance altermondialiste, et les interviews qu’il a données autour du film pouvaient laisser craindre une charge en règle contre le post-colonialisme et ses avatars capitalistes. Mais heureusement, son film évite le piège du manichéisme.

Loin d’opposer pied à pied les Noirs et les Blancs, les gentils et les méchants, Le Rire et le Couteau prend le temps d’analyser les relations qui se nouent autour de Marcello dans toute leur complexité. Il jette un regard d’une rare intelligence sur la « situation postcoloniale », pour reprendre le titre du livre séminal de Marie-Claude Smouts qui m’a nourri dans l’écriture de « La France en Afrique » (c’était le moment #Autopromotion !)

Le Rire et le Couteau interroge le sens de l’action humanitaire en Afrique. Est-elle utile ? ou donne-t-elle au Blanc bonne conscience ? les deux répond le film qui a l’intelligence d’examiner la question sous plusieurs aspects, en filmant par exemple la tournée en brousse d’une bande d’humanitaires blondinets interrogeant les habitants sur l’usage qu’ils font des latrines impeccables qui leur ont été livrées.

Il interroge aussi le sens du progrès. La route que Sergio construira bouleversera l’écosystème des paysans ; elle encouragera aussi l’exode rural ; mais elle facilitera l’accès aux villes, la commercialisation des productions, l’évacuation sanitaire des malades…

Sergio se rend sur un chantier situé en plein désert. De vieux Portugais y sont employés comme contremaitres. Ils vivent loin de leur famille, avec pour seule motivation l’appat du gain. Leur dur labeur est interrompu par quelques beuveries et par des sorties au night-club du village du coin tenu, mondialisation oblige, par une maquerelle chinoise.

Le Rire et le Couteau explore aussi le domaine de l’intime et ici encore propose de dépasser les frontières. Bisexuel, Sergio va faire deux rencontres. Gui, un travesti brésilien, moustachu et poilu, venu en Guinée Bissau à la recherche de ses racines africaines. Et Diara, une auto-entrepreneuse débrouillarde, reine de la nuit, perruquée, maquillée et piercée.

Après trois heures trente, Le Rire et le Couteau se termine en épingle à cheveux, sans répondre aux questions en suspens. On trouvera à bon droit cette issue frustrante habitué qu’on est à l’usage qui veut qu’un film se close sur lui-même. Mais celui-ci ressemble à la vraie vie qui, pour le meilleur et pour le pire, ne donne pas toujours les réponses aux questions qu’elle lance.

La bande-annonce

I Love Peru ★★☆☆

I Love Peru est un « mockumentaire », un documentaire parodique tourné par Raphaël Quenard et son pote Hugo David. Inconnu il y a quelques années à peine, Quenard est omniprésent depuis cinq ans sur les écrans et a tourné dans une trentaine de films. Avec son phrasé si particulier, sa gouaille et son sens de la répartie, il est devenu rapidement célèbre grâce au César de la meilleure révélation masculine qui lui a été décerné début 2024 pour Chien de la Casse puis ses rôles dans Yannick, Le Deuxième Acte (un de mes coups de cœur de 2024) ou L’Amour ouf (idem). Il endossera bientôt le rôle de Johnny dans le biopic que lui consacrera Cédric Jimenez.

Projeté à Cannes, sorti sur les écrans cette semaine, I Love Peru a été accueilli par une critique quasi-unanime : Raphaël Quenard a du talent, il sait être drôle, son humour auto-dépréciatif fait souvent mouche…. mais son documentaire tourne vite en rond et verse trop souvent dans une vulgarité malaisante.

Je n’aurai pas la dent si dure. Quenard m’est spontanément sympathique. Loin de m’horripiler, il m’amuse. J’ai franchement ri à ses outrances quand bien même elles tangentent dangereusement, voire transgressent sans vergogne, le politiquement correct. Son « documenteur » aurait-il été plus long, je l’aurais peut-être trouvé trop bavard et trop égocentrique. Mais il a la politesse de ne durer qu’une heure neuf à peine.

La bande-annonce

Other ★☆☆☆

Le brutal décès de sa mère oblige Alice (Olga Kurylenko) à revenir dans sa maison d’enfance, perdue au cœur de la forêt du Minnesota, pour y régler les formalités administratives. Elle replonge dans les souvenirs de son enfance traumatisante. Elle se retrouve prise au piège de cette maison qui semble hantée par une mystérieuse créature.

Sortent sur les écrans à flux régulier des films d’épouvante ou d’horreur destinés à un public d’adolescents et de jeunes adultes : The Ugly Stepsister, Sinners, Destination Finale Bloodlines, Companion, Speak No Evil, pour ne citer que les plus récents… Ils font de bons résultats au box office, ce qui explique la prospérité du genre. Mais ils ne révolutionnent que rarement le cinéma, sauf cas exceptionnels (The Substance, Nope, MaXXXine…).

Pourquoi diable me suis-je laissé piéger à aller voir Other ? La faute sans doute à une programmation faiblarde en ce début d’été. La faute aussi à Olga Kurylenko dont je suis tombé sous le charme depuis Quantum of Solace.

Toujours est-il que j’ai perdu mon temps au milieu d’une foule de spectateurs beaucoup plus jeunes et indisciplinés que ceux, CSP ++, amateurs de films en N&B moldo-slovaques, avec lesquels j’ai l’habitude de frayer.

Passée la première demi-heure et le suspense qu’elle installe, le reste du film, tourné dans la banlieue de Bruxelles mais qui pose au thriller made in USA, est une enfilade de jump scares déplaisants. Son affiche et son titre rappellent ceux de Split et laissent augurer une héroïne schizophrène. J’avais parié qu’on découvrirait que les cauchemars qu’elle vit étaient le produit de son cerveau malade. Pour m’avoir fait perdre ce pari, je donne à Other une étoile qu’il ne mérite pas et lui évite le « coup de gueule » qu’il aurait mérité de la part du vieux critique démodé que je suis.

La bande-annonce

Islands ★★★☆

Tom (Sam Riley) est prof de tennis dans un club de vacances aux Canaries. Il tape la balle avec quelques touristes, s’alcoolise en douce, fréquente la boîte de nuit locale et fait parfois des heures sup dans le lit d’une de ses élèves. Cette routine délétère est brisée par l’arrivée d’un jeune couple de riches Anglais au bord de la rupture. Séduit par Anne (Stacey Martin), Tom leur sert de guide sur l’île jusqu’au soir où Dave (Jack Farthing), son époux, disparaît mystérieusement. La police mène l’enquête et suspecte Anne.

Islands est un film d’un réalisateur allemand tourné en Espagne avec des acteurs anglais. Parce que son héros est un joueur de tennis (et que Sam Riley, massif et élancé, en a  parfaitement la silhouette), parce qu’il se déroule sous un soleil insolent, parce qu’il baigne dans une sensualité lourde, il m’a fait penser au récent Challengers avec ses trois acteurs jeunes, sportifs et triolistes. Mais Islands regarde ailleurs, du côté des polars élégants de Patricia Highsmith et de leur adaptation par René Clément (Plein Soleil) ou Anthony Manghella (Le Talentueux Mr Ripley) voire des films de Hitchcock et de ses mystérieuses héroïnes blond platine que rappelle Stacey Martin.

La bande-annonce de Islands, qui dévoile une grande partie de son histoire, comme mon résumé s’est autorisé à le faire, laisse à penser qu’il s’agit d’un vulgaire thriller balnéaire. Mais Islands est plus dense que cela. La disparition de Dave et l’enquête menée par la police n’en constituent pas le cœur. Le sujet est ailleurs, ce qui explique la fin à tiroirs de ce film qui dépasse les deux heures : c’est Tom qui en est le seul héros et la vie qu’il mène, semblable à celle du crooner de Rimini de Ulrich Seidl ou de l’hôtesse de l’air interprétée par Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre. Dans un lieu paradisiaque, éphémèrement traversé par des touristes de passage, c’est une coquille vide qui s’est absentée du monde pour fuir on ne sait quoi et qui se laisse lentement mourir.

La bande-annonce

Des feux dans la plaine ★☆☆☆

Dans une ville anomique du nord-est de la Chine, frappée par la crise industrielle, les chauffeurs de taxi sont en 1997 la cible d’un mystérieux tueur en série. Un policier, Jiang, espère piéger le meurtrier en se faisant passer pour un chauffeur de taxi. Une jeune fille, Li Fei, passionnée de dessin, rêve de quitter cette région déprimée pour le sud de la Chine. Son amoureux, Zhuang Shu, est en conflit avec son père qui s’enrichit sur le dos des ouvriers licenciés. Huit ans passent et le meurtrier court toujours.

Chef opérateur sur les films de Diao Yinan (Black Coal, Ours d’or à Berlin en 2014, Le Lac aux oies sauvages), Zhang Ji a adapté un roman de Shuang Xuetao, traduit en anglais mais inédit en France. Il fait partie d’un mouvement artistique, la « renaissance Dongbei » qui, dans la littérature, la musique et le cinéma, évoque le déclin industriel de la Mandchourie et le mal-être de ses habitants.

Des feux dans la plaine ressemble à ces petits polars poisseux qui nous venaient de Chine dans la seconde moitié des années 2010 : Un été à ChangshaLes ÉternelsUne pluie sans fin… Il n’a plus le parfum de nouveauté dont ces films étaient entourés. Son scénario est particulièrement difficile à suivre. Cette opacité interroge le spectateur occidental qui se demande si elle est la conséquence d’une volonté revendiquée du réalisateur ou si c’est la façon « normale » de raconter une histoire dans le cinéma chinois.

Cette opacité donne peut-être du sel à ce polar. Mais elle en constitue aussi la principale limite. Elle exige du spectateur une attention bien mal récompensée. On sort de la salle perplexe, triste de n’avoir pas tout compris, anxieux de reconstituer tous les éléments d’un puzzle dont on a peut-être saisi l’image d’ensemble mais dont on peine à distinguer les détails. Si on était consciencieux, on irait voir une seconde fois Des feux dans la plaine ; mais on se dit que le film ne le mérite pas et on reste bien seul avec ses questions irrésolues.

La bande-annonce

The Return, le retour d’Ulysse ★★☆☆

Après la guerre de Troie et une longue odyssée, Ulysse (Ralph Fiennes) est enfin de retour à Ithaque, tiraillé par la culpabilité de sa si longue absence. Une foule de prétendants s’y pressent, attirés par la beauté et la richesse de Pénélope (Juliette Binoche) qui repousse la date de son nouveau mariage jusqu’à l’achèvement d’une tapisserie qu’elle coud le jour et découd la nuit tombée. Ils menacent de s’en prendre à Télémaque (Charlie Plummer), le fils de Pénélope et d’Ulysse. Avec la complicité du porcher Eumée (Claudio Santamaria), Ulysse se rend au palais déguisé en mendiant. Son chien le reconnaît, puis sa nourrice, la vieille Euryclée (Angela Molina). Pénélope invente une compétition pour départager ses prétendants.

La rumeur qui entourait ce film était si exécrable que j’ai bien failli ne pas aller le voir. Je l’ai trouvé beaucoup moins mauvais que je ne l’avais craint. Si je n’en avais rien entendu, l’aurais-je pour autant trouvé bon ?

Comme les mauvais vins produits de l’assemblage de cépages de la CEE, The Return est un film cosmopolite. Son réalisateur est italien (il n’a aucun lien de parenté avec Pier Paolo Pasolini mais est le neveu de Luchino Visconti et s’est fait connaître en 2013 avec Une belle fin). Ses deux têtes d’affiche sont anglaise et française. Le reste de la distribution est italienne, espagnole ou néerlandaise. Le film a été tourné en décors naturels en Grèce et en Italie.

Le résultat est très classique. Il n’est pas kitsch pour autant. Le budget de The Return est douze fois moindre que celui du prochain film de Christopher Nolan dont l’adaptation de l’Odyssée est attendue en salles à l’été 2026. Ici, pas d’effets spéciaux renversants mais une mise en scène théâtrale et appliquée, aussi fidèle au texte que possible. Le couple mythique du Patient anglais est reformé près de trente ans plus tard. Il est moins glamour que jadis mais toujours aussi talentueux – même si Juliette Binoche me sort par les yeux.

La bande-annonce

L’Aventura ☆☆☆☆

Sophie (Letourneur) part en vacances en Sardaigne avec ses deux enfants, Claudine, onze ans et Raoul, trois ans. Son compagnon Jean-Philippe (Philippe Katerine) les accompagne.

Sympathique trublion du nouveau cinéma français (La Vie au ranch, Les Coquillettes), Sophie Letourneur reproduit le même dispositif que celui qu’elle avait déjà utilisé dans Voyages en Italie : utiliser ses souvenirs de vacances pour en faire la matière d’un film de fiction…. où elle se met en scène en train de réfléchir au film qu’elle va tourner à partir de ses souvenirs de vacances. Rassurez vous ! Le dispositif est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît. Pour le résumer méchamment : c’est l’histoire d’une réalisatrice qui se regarde le nombril en train de bronzer.

Pour faire bonne mesure, elle utilise une nouvelle fois le titre d’un classique du cinéma italien. Après Rossellini, voici Antonioni. Un troisième volet est annoncé pour clore le triptyque. Où sera-t-il tourné ? À Rome ? Dans une île grecque ? Quel titre aura-t-il ? Vacances romaines ? Mamma Mia ?

Sophie Letourneur part d’un postulat très naturaliste : nos vacances, ce sont avant tout mille petites galères, les gamins stridents, le sable qui gratte sur les sièges en skaï d’une voiture chauffée à blanc, le GPS qui nous perd, la location meublée qui ne ressemble pas à l’image qu’on s’en faisait… Bref, les vacances ne ressemblent pas aux cartes postales qu’on envoie – ou qu’on poste désormais sur nos réseaux sociaux. C’est à cette vérité-là que Sophie Letourneur s’attache.

Mais ce parti pris séduisant vire dans un radicalisme qui devient vite insupportable. De ses vacances, la réalisatrice ne nous montre que ces moments-là, stressants, exaspérants, épuisants. Pas un seul moment de répit, de bonheur. Rien n’est à sauver dans ces vacances, pas un seul coucher de soleil, pas une seule seconde de félicité à se plonger dans la Méditerranée ou à lézarder au soleil, pas une seule rencontre… Comme si ce voyage en Sardaigne se réduisait à une somme de désagréments. Tout y passe : des cacas du gamin, des crises de jalousie de la gamine, de la misanthropie de Philippe Katerine – qui ne nous fait pas rire une seule fois.

On souffre déjà suffisamment dans le TGV aux côtés du gamin insupportable de nos voisins pour ne pas avoir le masochisme d’aller au cinéma voir le même se tortiller sur son siège pendant une heure trente !

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Once Upon a Time in Gaza ★☆☆☆

En 2007, à Gaza, Osama mène derrière sa boutique de falafels un trafic de médicaments. Un jeune étudiant idéaliste, Yahya, l’assiste. Le duo se heurte à Abu Sami, un flic corrompu. Deux ans plus tard, Yahya est recruté pour interpréter le rôle principal d’un film gazaoui. Sur le plateau, il croise Abu Sami.

Les frères Nasser sont de retour,  après Dégradé (2016) et Gaza mon amour (2020). Leur cinéma est pain bénit pour les festivals qui peuvent, en les sélectionnant, tout à la fois cocher les cases palestinienne, anti-colonisation et anti-Hamas. Car les frères Nasser tout en demeurant foncièrement pro-palestiniens et critiques virulents de la politique israélienne ont pris leurs distances à l’égard de l’organisation islamiste portée au pouvoir à Gaza en 2006.

Leur film, tourné en Jordanie, est censé se passer dans la bande de Gaza. Les lieux nous sont presque devenus familiers tant ils constituent le décor d’un grand nombre de films ou de documentaires récemment sortis en salles : Un médecin pour la paix, Voyage à Gaza, Yallah Gaza, L’Apollon de Gaza, etc. Le parti retenu n’est pas documentaire mais fictionnel. L’humour noir des frères Nasser rappelle celui des films d’Elia Suleiman qui tangentaient le cinéma de l’absurde (Intervention divine, Le Temps qu’il reste…)

Leur film hélas pèche par la faiblesse de son scénario. Il est bizarrement coupé en deux, sa première partie se déroulant en 2007, la seconde deux ans plus tard esquissant une mise en abyme où le héros d’un film interprète un rôle qui reflète sa vie. Cette construction bancale nous empêche de nous attacher aux personnages, celui de Osama, qui disparaît trop vite, étant autrement plus intéressant que celui de Yahya, mis sur le devant de la seconde partie.

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28 ans plus tard ☆☆☆☆

Vingt-huit ans plus tôt, le virus de la Fureur (en anglais Rage Virus) s’est répandu en Angleterre infestant toute la population. Le reste du monde a réussi à s’en protéger, mais a mis l’archipel britannique en quarantaine. Au large de ses côtes, sur une île minuscule, s’est installée une petite communauté villageoise. Spike, douze ans, est le fils d’Aaron et d’Isla, atteinte d’une grave maladie cérébrale. Après avoir passé avec succès avec son père l’épreuve d’initiation, Spike décide de partir avec sa mère à la recherche d’un mystérieux médecin capable de la soigner.

Faut-il que le salaire promis à Danny Boyle ait été rondelet pour le convaincre, un quart de siècle après avoir réalisé 28 jours plus tard, de remettre l’ouvrage sur le métier et de signer cette suite dispensable ! Les plus âgés se souviennent du film sorti en 2002 et de son premier plan hallucinant : Cillian Murphy (dont le film avait lancé la carrière), sortant du coma et traversant, dans sa blouse d’hôpital, la capitale anglaise silencieuse et dévastée par un mal mystérieux. Le film avait déjà eu une suite, franchement mauvaise, 28 semaines plus tard.

28 ans plus tard est calibré pour attirer les fans du premier film, comme moi, tout en assurant à ceux qui ne l’ont pas vu qu’ils seront capables de comprendre sa vraie/fausse suite. Il recycle, sans y rien ajouter, sinon la présence d’un « mâle alpha », plus intelligent, plus endurant et plus violent que ses congénères, la trame habituelle des films de zombies : des créatures cannibales menacent d’infecter ce qui reste de l’humanité.

Son scénario est particulièrement peu crédible : qui irait croire qu’un gamin de douze ans est capable de déjouer l’attention des habitants de son village pour prendre avec sa mère la poudre d’escampette et survivre au milieu d’un territoire infesté de créatures menaçantes ? Interdit aux moins de seize ans, il n’est pas particulièrement traumatisant, sinon avec une scène à déconseiller aux femmes enceintes. 28 ans plus tard trouve néanmoins un peu d’intérêt avec l’apparition tardive de Ralph Fiennes, toujours aussi génial, avec son sourire mielleux, une sorte de Dr Kurtz (le héros d’Apocalypse now), le corps enduit de bétadine, au milieu d’une forêt de crânes.

À noter que le film commence et se termine par deux scènes curieuses. Leur seule fonction est d’annoncer une suite qui aurait déjà été tournée et qui sortira en salles début 2026. Pas sûr que j’aille la voir….

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