Richard Williams (Will Smith) a méticuleusement planifié la carrière de ses filles, Vénus et Serena, pour en faire deux des joueuses les plus titrées de l’histoire du tennis.
J’avais raté à sa sortie, le 1er décembre 2021, ce film, d’ailleurs éclipsé par le dernier Almodovar et une énième resucée de SOS Fantômes. L’Oscar du meilleur acteur attribué à Will Smith et le tollé provoqué par sa gifle colérique sur la scène du Dolby Theater de Los Angeles m’ont incité à rattraper mon retard. Que de temps perdu ! La Méthode Williams (dont le titre original, King Richard, est autrement savoureux, mais nettement moins explicite) est un mauvais film parasité par le cabotinage de son héros-producteur.
Venus Williams et Serena, sa cadette de quinze mois, sont des sportives hors du commun dont la carrière méritait sans l’ombre d’un doute un biopic. La façon dont leur père les a coachées, dont il a décidé, contre toute raison, de ne pas leur faire suivre la voie traditionnelle empruntée par toutes leurs prédécesseurs pour les inscrire directement dans le circuit pro sans les faire concourir aux Juniors, est originale. Pour autant, l’hagiographie à laquelle se prête Will Smith – et que co-produisent les deux tenniswomen – est bien trop univoque pour satisfaire la curiosité que ce sujet avait fait naître.
Richard Williams y est présenté comme un homme sans défaut, sinon celui de nourrir une ambition démesurée pour ses filles et de mettre en oeuvre un plan sans jamais y déroger. Rien n’est dit de son passé – avant de rencontrer la mère de Venus et Serena, il eut une première épouse et, avec elle, quatre enfants – ni de son divorce en 2003, ni de son remariage en 2010 avec une jeune femme de trente-sept ans sa cadette. Rien n’est dit non plus de sa « méthode » dont on ne saura pas après deux heures et vingt-cinq minutes de film, comment elle réussit à faire de deux filles apparemment ordinaires des joueuses d’exception.
La Méthode Williams tangente un sujet qui aurait mérité de plus amples développements : la complicité et la rivalité entre les deux sœurs, leur père ayant d’abord fait le choix de n’encourager que l’aînée avant que la cadette, grandie dans son ombre, ne l’égale puis ne la dépasse.