Au Moyen Âge, Violaine, la fille d’un riche fermier, est fiancé à Jacques. Elle se laisse embrasser par Pierre de Craon qui en est amoureux mais qui vient de contracter la lèpre. Mara, la sœur de Violaine, qui est secrètement amoureuse de Jacques, lui révèle l’infidélité de sa fiancée. Elle est aussitôt répudiée et ostracisée tandis que Jacques épouse Mara et a bientôt un enfant avec elle. L’enfant décède. Mara rejoint Violaine et l’implore d’accomplir un miracle et de ressusciter l’enfant. Violaine exauce son vœu.
L’Annonce faite à Marie est d’abord une pièce de théâtre, la première de Paul Claudel à être montée dès 1912. Le jeune Alain Cuny joua en 1941 le rôle de Pierre de Craon au Théâtre de l’Œuvre. Il mit cinquante ans pour en réaliser l’adaptation dans laquelle il interprète lui-même le rôle d’Anne de Vercors, le père de Violaine. Le reste du casting est composé d’amateurs dont la voix a été post-synchronisée ce qui donne à la bande-son une curieuse tonalité.
Le texte de Claudel est éminemment artificiel. Cette artificialité n’est en rien gommée par la mise en scène de Cuny. Au contraire, on sent que c’est ce décalage qui l’inspire et qu’il accentue.
L’effet est radical. Au début, on hésite entre le fou rire et l’émerveillement. Puis on se laisse peu à peu bercer par la mélopée de cette diction ampoulée. Hypnotisé, on sombre dans un lent et délicieux engourdissement qu’amplifient les paysages ouatés de la neige québécoise où le bannissement de Violaine a été filmé.