Grace n’a pas eu la vie facile. Sa mère est décédée à sa naissance. Elle est affligée d’un bec-de-lièvre qui en fait la risée de ses camarades d’école. Son père, un artiste des rues de nationalité française, est devenu paraplégique et a sombré dans la boisson. À sa mort, Grace est séparée de son frère jumeau, auquel la liait une relation symbiotique. Gilbert est placé à l’autre bout de l’Australie dans une famille d’horribles bigots. Devenue adulte, Grace se marie à Ken, un vendeur de micro-ondes ; mais le mariage tourne court. La seule joie qui aura été accordée à Grace sera l’amitié de Pinky, une octogénaire excentrique.
Adam Elliot est un réalisateur d’animation rare. Mémoires d’un escargot est son second long métrage après Mary et Max sorti en 2009. On y retrouve la même technique, le stop motion, les mêmes personnages sculptés en pâte à modeler et les mêmes tons sourds et gris – les lunettes flamboyantes de Pinky sont la seule touche de couleur de tout le film.
Ce que raconte Mémoires d’un escargot n’est pas gai ; Mémoires d’un escargot n’est pas triste pour autant. Si l’expression n’était pas si éculée (poke Pierre G.), on dirait que cette histoire dickensienne est un hymne à la vie. On ne peut que s’attacher à la disgracieuse Grace. La nature ne l’a pas gâtée. Son physique revêche cache néanmoins un cœur en or. Comme les personnages aux yeux immenses qui leur mangent le visage et qui se remplissent régulièrement de larmes face aux drames qu’ils traversent, le spectateur, sauf à avoir un cœur de pierre, y ira aussi de sa larme.
Cristal du meilleur long métrage au dernier festival d’Annecy, Mémoires d’un escargot n’est assurément pas un feel-good-movie. Mais c’est un film qui, tant par sa forme que par l’histoire qu’il traite, touche notre âme d’enfant et nous émeut au plus profond.