Rester vertical ☆☆☆☆

Il est facile de critiquer les bons films qu’on a aimés et les mauvais films qu’on a détestés. Mais que dire des bons films qu’on déteste ?  Et des mauvais qu’on aime ?

« Rester vertical » est peut-être un bon film. Mais je l’ai détesté.

Je n’ai pas été touché par cette histoire filandreuse d’un réalisateur (double autobiographique d’Alain Guiraudie ?) errant entre la Lozère – où il croise une bergère et lui fait un enfant – Brest – où son producteur s’inquiète du retard pris sur son prochain film – et le Marais poitevin – où le héros consulte une naturothérapeute dans une curieuse cabane. Je suis resté sourd à la beauté des paysages et des lumières. Je n’ai pas compris la métaphore lourdement pesante du loup qui traverse le film, bête effrayante et attirante à la fois. J’ai été décontenancé par l’artificialité des caractères parce que je manque peut-être d’imagination ou parce qu’il s’agit peut-être aussi de grossières caricatures sans épaisseur.

J’ai été choqué par les gros plans répétitifs de sexe, de pénis plus ou moins tumescents, de vagins plus ou moins ouverts. Mon dégoût a culminé avec la scène de sodomie/gérontophilie/euthanasie qui est soi-disant destinée à « briser un tabou » mais qui a plongé la salle dans un silence embarrassé.

Peut-être Alain Guiraudie a-t-il un talent bien à lui. Il en avait donné la preuve avec L’Inconnu du lac. Mais ce talent m’est totalement étranger.

La bande-annonce

2 commentaires sur “Rester vertical ☆☆☆☆

  1. « L’inconnu du lac » était un film sur le désir. Les abords de ce lac en était le lieu parfait, eau brillante le jour, mystérieuse, dangereuse la nuit, les regards, les allées et venues sur la plage, les avances, le passage à l’acte dans les buissons tout proches.
    Rester vertical est pour moi une sorte d’envers de « L’inconnu du lac ». Le désir y est incertain, il n’aboutit pas (Léo passe son temps à rater ce qu’il fait), mais reste une sorte de quête, à l’état de fantasme (rencontrer et se confronter au loup). Réalisme et fantastique / merveilleux (l’approche des loups, la cabane dans le Marais Poitevin) se mêlent sans prévenir comme dans l’incertitude du désir.
    Les plans eux-mêmes alternent entre extrême réalisme presque (paradoxe ?) insupportable à regarder (accouchement, sodomie entre Léo et vieux mourant) et représentation symbolique (plan du sexe de Marie comme une reprise de L’origine du monde de Courbet ou de Léo dépouillé son enfant dans les bras, comme une piéta).
    Ce que je sens surtout chez Guiraudie c’est qu’il parle la langue du cinéma, langue des images dont la teneur et la portée symbolique interagit en permanence avec un propos énoncé, un texte. Et ça, j’aime !

    • Je te comprend très bien Isabelle.

      C’est la raison pour laquelle j’ai ajouté à ma critique à charge une phrase d’introduction où je confesse ma gêne à détester un film que j’aurais pu aimer

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