La Terre est menacée par de mystérieux éclairs électriques. Après avoir manqué mourir dans l’accident qui détruit une station orbitale, Roy MacBride (Brad Pitt) est missionné sur les traces de son père, l’astronaute Clifford MacBride (Tommy Lee Jones), qui seize ans plus tôt avait disparu à la tête d’une mission spatiale chargée d’entrer en contact avec d’autres formes d’intelligence. C’est pour Roy le début d’une odyssée aux confins de la galaxie.
La science-fiction est un genre étonnant. On l’assimile trop vite à une pyrotechnie puérile façon La Guerre des étoiles ou Avengers. Le genre est beaucoup plus sérieux qui s’autorise plus qu’aucun autre de flirter avec la métaphysique.
Ce n’est pas un hasard si les films les plus profonds – et les plus réussis – de ces dernières années (La La Land mis à part évidemment) sont des films de science-fiction : Interstellar, Gravity, Solaris, Premier contact… On pourrait rajouter à cette brochette exceptionnelle des œuvres moins convaincantes mais qui explorent la même veine de la SF existentielle sinon dépressive : First Man (avec Ryan Gosling), High Life (avec Robert Pattinson), Annihilation (avec Natalie Portman), Sunshine (avec Chris Evans et Cillian Murphy).
James Gray est un grand réalisateur. Il n’avait jamais tourné de films de science-fiction. Mais il n’est pas sûr que Ad Astra en soit vraiment un. Ce qui intéresse le réalisateur et son co-scénariste n’est pas d’explorer les étoiles. Le voyage auquel nous sommes conviés de la Terre à Neptune, en passant par la Lune et par Mars, est une odyssée intérieure. Le thème du film n’est pas la conquête de l’espace, ni la découverte d’autres formes d’intelligence. Il s’agit pour James Gray, comme dans ses précédents films, de raconter la quête du père.
Cette remarque préalable permettra de lever les malentendus qui ont brouillé la réception de ce film exigeant. Les spectateurs en escomptaient, comme pour les films du même genre, de l’action et des scènes à couper le souffle. Ils en ont d’ailleurs pour leur argent : une course poursuite muette sur la Lune dont on parle beaucoup, une scène d’ouverture que je trouve plus impressionnante encore et qu’aucune critique n’a saluée.
Mais l’essentiel n’est pas là. Ad Astra est un film sidérant mais pas un film sidéral. Comme dans Apocalypse Now et Au Coeur des ténèbres, le film parle d’un long voyage aux sources, peu importe qu’il se déroule sur le Mékong, sur le Congo ou dans l’espace interstellaire. Ce voyage-là, on peut le trouver sublimement beau ou terriblement chiant, il n’en reste pas moins d’une ambition folle.