Olga est une jeune gymnaste ukrainienne surdouée. Elle se prépare d’arrache-pied aux prochains championnats d’Europe. Mais la politique va la rattraper.
Sa mère, journaliste engagée dans l’opposition au président Ianoukovytch, craint pour sa sécurité et oblige sa fille à quitter l’Ukraine pour la Suisse, le pays de son père aujourd’hui décédé. Olga intègre l’équipe nationale et y continue sa préparation. Mais la jeune fille est tiraillée entre son ambition et l’attachement à son pays et aux siens.
Le jeune réalisateur Elie Grappe vient du monde de la musique classique. Il avait rencontré pendant l’Euromaïdan, les manifestations pro-européennes qui se sont déroulées à Kiev fin 2013, une jeune violoncelliste ukrainienne, tiraillée entre sa carrière internationale et le destin douloureux de son pays. Il a identifié là une tension susceptible de nourrir un film. Il a choisi de le tourner non pas dans le monde de la musique classique mais dans celui, plus charnel et plus visuel, de la gymnastique de compétition. Il y a quelques mois, un film similaire donnait le premier rôle à une nageuse olympique canadienne, Nadia, Butterfly.
Un dilemme se posait à lui pour le choix de son actrice principale. Devait-il prendre une actrice professionnelle, quitte à la faire doubler pour les exercices aux barres asymétriques, ou une gymnaste aguerrie au risque que son jeu soit moins convaincant ? C’est la seconde option qu’il a retenue. Et ce choix, selon moi, s’avère funeste.
Sans doute la jeune Nadya Budiashkina est-elle très crédible dans le rôle d’une brillante gymnaste. Elle en a la morphologie, la musculature et la technique. Mais sa palette de jeu est trop pauvre pour pouvoir porter sur ses épaules tout le film. Elle n’explore qu’un seul registre : celui de la jeune fille renfrognée, rongée par l’inquiétude pour sa mère qu’elle a le sentiment d’avoir abandonnée derrière elle, obsédée par les entraînements. Elle s’exerce sans relâche, quitte à mettre son corps à l’épreuve. Jamais la moindre joie ne vient l’éclairer.
L’héroïne d’Olga est à ce point revêche que le film en devient déplaisant. Faut-il, me rétorquerez-vous, que les héros et les héroïnes d’un film soient sympathiques ? Sandrine Bonnaire l’était-elle dans Sans toit ni loi ? Emilie Dequenne dans Rosetta ? Non. Et pourtant ces deux films-là sont des chefs d’œuvre.
J’aurais peut-être passé outre la mine renfrognée d’Olga si le scénario du film avait été plus stimulant. Hélas, il n’en est rien. Construit sur l’alternance systématique de scènes en Suisse d’entraînements et de scènes à Kiev, filmées avec un téléphone portable, de combats de rue, il ne prend jamais de hauteur.