Johnny (Joaquin Phoenix), la quarantaine bien entamée, est un animateur radio new yorkais lancé dans une enquête au long cours : avec ses deux assistants, il sillonne les États-Unis micro au poing pour interroger les enfants sur leur vision de leur avenir, leurs rêves et leurs peurs.
Johnny a un neveu, Jesse (Woody Norman), que sa mère, Viv, la sœur de Johnny, élève seul à Los Angeles depuis qu’elle s’est séparée de son père dont la santé mentale est fragile. À cause de la distance entre les deux Côtes, à cause aussi du décès de leur mère, un an plus tôt, Johnny et Viv se sont éloignés l’un de l’autre. Mais cela n’empêche pas Viv de demander à son frère de s’occuper de Jesse pendant quelques jours, le temps pour elle de rendre visite à son ex-mari à Oakland.
Nos âmes d’enfants m’a encore plongé dans un épisode schizophrène dont je suis décidément de plus en plus fréquemment victime.
Comme son titre le laissait augurer, ce film américain au noir et blanc onctueux est une exaltation sensible de la richesse de l’enfance et du profit que nous, vieux adultes racornis, devrions tirer à demeurer toujours à son écoute. Le jeune Woody Norman y joue un garçonnet attendrissant sourdement tiraillé par le départ de son père. Son oncle vient s’occuper de lui et l’entraîne dans un voyage au travers des États-Unis, à New York et à La Nouvelle-Orléans. Mais des deux voyageurs, comme de bien entendu, c’est autant l’oncle que le neveu que ce voyage fera réfléchir et grandir.
Voilà pour les bons sentiments
Passons aux plus aigres.
Nos âmes d’enfants, dont le titre gnangnan aurait dû m’alerter, déborde de mièvrerie. Il prospère autour d’une idée qui pue le politiquement correct et qu’il est aujourd’hui criminel de remettre en cause : la dévotion à l’Enfant-Roi qu’il faut protéger d’un monde agressif et dont il faut exalter les qualités et faire bourgeonner les talents. L’insupportable Woody Norman y joue un mioche soi-disant HPI, plus probablement mal élevé à force de caprices que sa mère n’a pas su lui passer, qu’on a plus envie d’envoyer se coucher que de continuer à écouter pendant les presque deux heures que dure ce film interminable.
Irène (Rebecca Marder) a dix-neuf ans à Paris en 1942. Elle a une passion, le théâtre, et un rêve, réussir le concours d’entrée au Conservatoire qu’elle prépare avec ses camarades. L’amour de son père (André Marcon), de sa grand-mère (Françoise Widhoff) et de son frère aîné (Anthony Bajon) fait écran avec le monde.
Louis Durieux (Jérémie Rénier) est un homme politique wallon promis à un brillant avenir. Il entretient une relation passionnelle avec sa femme, Maeva Cordier (Amma Jodorowsky) une journaliste politique. Une nuit, dans un palace d’Ostende, après une soirée très arrosée et une énième dispute bruyante dont attestent les caméras de surveillance, Maeva décède. Crime ou suicide ?
Nora a sept ans. Le jour de la rentrée des classes, elle sanglote dans les bras de son frère Abel, de deux ou trois ans son aîné. Son père (Karim Leklou) essaie en vain de la rasséréner.
Une bande de huit vieux copains, stars de la chanson, du cinéma, du théâtre, du monde de l’art, se retrouve chaque année pour un déjeuner à La Closerie des lilas.
Clémence Collombet (Isabelle Huppert) est la maire de la troisième ville du 9-3 (Aubervilliers ? Aulnay ?). Son second mandat arrive à son terme et, comme elle s’y était engagée, elle s’apprête à passer la main à sa première adjointe. Mais, flanquée de son fidèle directeur de cabinet (Reda Kateb), elle tient à mener à bien avant son départ le projet auquel elle tient depuis toujours : la rénovation du quartier des Bernardins. Pour y parvenir, elle doit décrocher la subvention de soixante-trois millions d’euros que le Gouvernement lui a promise.
Alex est une jeune adolescente d’origine libanaise. Sa mère, Maia, et sa grand-mère, Téta, se sont installées au Canada une trentaine d’années plus tôt. Un carton livré le jour de Noël lui permet de plonger dans leur passé et de comprendre les motifs de leur exil.
Joseph Haffmann (Daniel Auteuil) est joaillier à Montmartre en 1941. Sentant la menace grandir, il envoie sa femme et ses trois enfants en zone libre avant de les y rejoindre. Avant de partir, il passe un marché avec son commis, François Mercier (Gilles Lellouche). Il lui laisse les clés de sa boutique, l’usage de son appartement et les gains de son commerce en échange de la promesse de pouvoir y revenir avec sa famille après la guerre. Mercier accepte, malgré les hésitations de sa femme Blanche (Sara Giraudeau). Le couple prend possession des lieux sous le regard hostile des voisins. Mais coup de théâtre : Haffmann, que la surveillance policière a empêché de quitter Paris, revient à la nuit tombée et doit se cacher dans la cave.
Panique en cuisine pour Andy Jones (Stephen Graham), le chef étoilé d’un restaurant londonien à la mode. Sa seconde réclame une augmentation ; sa cheffe de salle a accepté plus de réservations que prévu ; une jeune stagiaire française peine à prendre ses marques ; une serveuse arrive en retard ; une cliente est allergique aux fruits à coques ; son ancien mentor débarque sans crier gare accompagné d’une critique culinaire impitoyable, etc. Et pendant ce temps, Andy Jones doit gérer au téléphone sa femme en plein divorce et son fils qui lui reproche son départ.
Sans feu ni lieu, Nélie Laborde (Lyna Khoudri) s’engage comme infirmière avec la Croix-Rouge en 1914. Sur le front, sa route croise celle de Rose Juillet (Maud Wyler), une Suissesse, en chemin vers Nancy où une place de lectrice l’attend auprès d’une riche veuve de la Haute Société protestante, liée à son défunt père. Un assaut allemand et un éclat d’obus qui blesse mortellement Rose conduit Nélie à prendre sa place et à se présenter chez Mme de Lengwil (Sabine Azéma) qui l’accueille à bras ouverts. Mais, coup du sort : Rose, qui n’est pas morte, arrive à Nancy en comptant bien reprendre sa place.