Gilles (Nahuel Perez Biscayart), le fils d’un rabbin anversois, est arrêté en France en 1942 alors qu’il tentait de quitter l’Europe. Il ne doit la vie sauve qu’à un réflexe désespéré : au moment d’être exécuté, il a brandi l’exemplaire d’un livre rare échangé à un autre prisonnier et a affirmé être persan. Il est aussitôt conduit dans un camp de concentration chez Klaus Koch, un officier nazi (Lars Eidinger) qui rêve d’ouvrir à Téhéran un restaurant après la guerre. En échange d’un poste en cuisine, Koch exige de Gilles qu’il lui apprenne le farsi. Comment diable le prisonnier réussira-t-il à enseigner à son bourreau une langue dont il ne connaît pas un traitre mot ?
Les Leçons persanes a été fraichement accueilli par la critique. Elle lui reproche d’abord quelques approximations historiques, à commencer par ce camp de concentration censé être le camp du Struthof en Alsace, mais dont le portail est orné de la funeste inscription qui décorait celui de Buchenwald. Elle lui reproche ensuite ses personnages caricaturaux : des soldats nazis sadiques, des prisonniers faméliques et déshumanisés. Elle lui reproche enfin sa facture très classique et la façon démodée et malaisante dont il esthétise les camps de la mort.
C’est avec toutes ces préventions à l’esprit que je suis allé voir ce film, avec quelques semaines de retard sur sa sortie, le 19 janvier. M’attendant à être déçu, j’ai été agréablement surpris. Certes, Les Leçons persanes ne révèle guère de surprise par rapport au pitch qu’en fait la bande-annonce. Mais l’histoire, reconnaissons-le, est sacrément étonnante et on se demande pendant les deux heures qu’il dure, comment son héros se sortira de la supercherie qui lui a sauvé la vie.
Les Leçons persanes est servi par l’interprétation hors pair de son acteur principal, Nahuel Pérez Biscayart, la révélation de 120 battements par minute. Son jeu est incandescent. Cet acteur a l’étoffe d’une star. Il est entouré d’une brochette d’acteurs allemands qu’on avait déjà vus, notamment dans la série Deutschland 83 / Deutschland 86 : Jonas Nay, Alexander Beyer…
C’est la dernière scène des Leçons persanes qui a achevé de me convaincre. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Mais préparez vous à découvrir la plus belle fin que vous ayez vue depuis très longtemps au cinéma.