Teruo, un danseur qu’une blessure condamne à renoncer à sa vocation, et Yo, une conductrice de taxi, se rencontrent, s’aiment et se quittent. Rendez-vous à Tokyo raconte leur histoire du 26 juillet 2015 au 26 juillet 2021 en filmant dans l’ordre rétrochronologique chacun des anniversaires de Teruo.
Sitôt que l’Homme a raconté des histoires, il s’est demandé dans quel ordre le faire [Dieu que cette entrée en matière est pontifiante !]. Pour le dire avec moins de lyrisme : on peut raconter une histoire dans tous les sens, avec des sauts dans le temps, des flashbacks, des flashforwards, ou même en commençant par la fin. Ne me viennent pas spontanément à l’esprit des exemples de récits littéraires antéchronologiques. En revanche, je pense à Irrésistible et à 5*2, le film de François Ozon qui, comme celui de Daigo Matsui, raconte les cinq moments clés de la vie d’un couple en commençant par la fin.
Rendez-vous à Tokyo utilise le même procédé au risque de nous perdre. Nous sommes donc le 26 juillet 2021, le jour de l’anniversaire de Teruo qui vit seul avec son chat dans un appartement minuscule où il regarde Night on Earth de Jim Jarmusch, son film fétiche. Comme en miroir au personnage interprété dans ce film par Winona Ryder, on découvre Yo, une conductrice de taxi dont on aura compris qu’elle fut quelques années plus tôt la compagne de Teruo.
En fait leur liaison ne durera qu’un an, de 2016 à 2017. Un an plus tôt, en 2015, ils se rencontrent à peine. Un an plus tard, en 2018, ils se séparent – avec une dureté que je n’ai pas comprise. Si bien que les trois derniers (pardon « premiers ») volets de leur histoire, en 2019, en 2020 (le plus bref, dont la concision illustre à merveille la parenthèse de nos vies que fut pour nous tous cette année-là) et en 2021 les voient évoluer séparément.
Le problème de ce film est qu’on a l’impression que l’histoire d’amour qu’il raconte aurait été bien fade si sa narration avait été linéaire et que le seul motif pour lequel son réalisateur a eu recours à ce procédé original était de faire naître ainsi une originalité qui manquait à son scénario.