L’Éden ★☆☆☆

Eliú et Mono sont deux gamins des rues colombiens qui ont commis un crime de sang. Arrêtés, condamnés, ils purgent ensemble leur peine dans un curieux centre de rééducation où des détenus réhabilitent une propriété privée délabrée sous la garde d’hommes en armes et y participent, sous l’autorité d’un ancien alcoolique en rémission, à des ateliers de thérapie collective.

LÉden n’a pas été interdit aux moins de douze ans ni même accompagné d’un avertissement. Pourtant LÉden est un film éprouvant qui met en scène des adolescents entre quatorze et seize ans et qui serait de nature à impressionner un jeune public, à supposer qu’il y comprenne quelque chose.

Car LÉden ne prend pas le parti naturaliste de décrire la violence des rues et de la prison telle qu’elle est. Le parti retenu est poétique sinon hermétique. Du meurtre, commis semble-t-il sous l’emprise narcotique, on ne voit et on ne comprend pas grand-chose, comme d’ailleurs ses deux auteurs eux-mêmes qui se sont trompés de victime. Et leur emprisonnement dans un no man’s land au parfum d’absurdie laisse la même impression cotonneuse.

Le contrecoup en est que la violence abjecte imposée à ces gosses réduits en esclavage, enchaînés jour et nuit, est euphémisée. Elle en paraît presque plus douce. Mais la fin du récit prend soin sinon de nous ramener à la réalité du moins de nous rappeler la dureté du sort de ces orphelins sans feu ni lieu, acculés à ne pouvoir compter que sur eux-mêmes et à vivre tant bien que mal avec leurs cauchemars.

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Le Coup de l’escalier (1959) ★★☆☆

Dave Burke (Ed Bigley), un ancien policier corrompu, cherche deux acolytes pour braquer une banque dans le nord de l’Etat de New York. Il convainc Earle Slater (Robert Ryan), un ancien soldat, et Johnny Ingram (Harry Belafonte), un chanteur noir criblé de dettes. Mais la rivalité entre les deux hommes compromet vite la réussite du hold-up.

Le Coup de l’escalier est l’œuvre de Robert Wise, un des réalisateurs les plus étonnants de Hollywood. Il tourne d’abord des films de série B, d’horreur, de science-fiction, un western et même un péplum (avec Brigitte Bardot !) avant d’accéder tardivement à la célébrité avec West Side Story en 1961 et La Mélodie du bonheur en 1965 qui seront l’un et l’autre couverts d’Oscars. Il n’avait guère joué de rôle dans Le Coup de l’escalier, sorti quelques années plus tôt, un film de studio dont l’initiative revenait à Harry Belafonte alors au sommet de sa gloire.

Dans son Dictionnaire du cinéma, Jacques Lourcelles a consacré quelques lignes à ce film noir méconnu, dont le sujet est moins l’organisation d’un hold-up (Quand la ville dort est son modèle indépassable) que le racisme viscéral de l’un de ses protagonistes. Il parle d’un film sur l’échec, d’une « élégie glaciale », d’une « pavane pour l’agonie de trois losers, de trois has-been saisis dans un univers urbain qui les encercle et les asphyxie ».
C’est l’inconvénient de lire d’autres critiques avant d’écrire la sienne : que peut-on rajouter à celles qui ont déjà tout dit ?

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Los reyes del mundo ★☆☆☆

Cinq enfants des rues de Medellin entreprennent un long voyage à travers la Colombie pour aller prendre possession de la terre qui vient d’être restituée à la grand-mère de l’un d’entre eux.

Le cinéma colombien se porte décidément très bien. Après Un Varón et L’Eden, voici un troisième film qui nous vient de ce lointain pays. Son défaut est d’avoir comme les deux précédents, les mêmes héros : une bande d’enfants des rues abandonnés à eux-mêmes comme si le cinéma colombien n’avait que ces seuls héros-là à filmer.

Los reyes del mundo emprunte au genre du road movie. Entre Medellin et Nachi, aux confins de l’Antioquia, tout en bas de la cordillère des Andes, les gamins font de nombreuses rencontres plus ou moins hospitalières : des prostituées bienveillantes leur font un temps office de mères de substitution avant que des rancheros surarmés ne les agressent. Au bout du chemin, on pressent que l’eden escompté ne sera pas au rendez-vous et que les jeunes verront une fois encore se fracasser leurs rêves d’une vie meilleure.

Le traitement de Los reyes est moins naturaliste que l’était celui de Un Varón. Au contraire, le parti retenu est celui de la poésie sinon de l’onirisme au détriment de la lisibilité du récit pas toujours facile à suivre. Ainsi quand les cinq gamins sont kidnappés par des hommes en armes, on ne comprend pas grand-chose à ce qui leur advient : sont-ils enfermés dans une cave, dépouillés de leurs effets, battus voire violés ? réussissent-ils à s’échapper ? qu’advient-il de Nano ? On n’en saura rien….

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Tristana (1970) ★★★☆

Dans l’Espagne des Années Vingt, Tristana (Catherine Deneuve) est une jeune pianiste recueillie par son oncle à la mort de sa mère. Vieux sexagénaire libidineux, Don Lope (Fernado Rey) professe des idées avant-gardistes sur le mariage et l’Église et exerce sur sa nièce une emprise étouffante au point de faire d’elle sa maîtresse. La jeune Tristana parvient à lui échapper avec Horacio (Franco Nero), un peintre  sans talent, qui l’emmène vivre à Madrid. Mais, deux ans plus tard, atteinte d’une tumeur au genou qui conduira à son amputation, elle revient vivre auprès de Don Lope et finira par l’épouser.

Tristana est, avec Viridiana, un des rares films tournés par Buñuel en Espagne. Le moindre des paradoxes du plus grand réalisateur espagnol ne fut pas en effet d’avoir quasi-exclusivement tourné hors de son pays : au Mexique, puis en France. Tristana est l’adaptation du roman éponyme de Benito Pérez Galdós écrit à la fin du dix-neuvième siècle. Buñuel avait déjà porté à l’écran deux romans de cet auteur espagnol naturaliste, Nazarin en 1959 et Viridiana en 1961. Buñuel y a en effet trouvé un thème qu’on retrouve dans plusieurs de ses films à commencer par El ou Belle de jour : la toxicité du désir masculin qui enferme son objet dans un amour possessif et jaloux, opposée à la perversité du désir féminin qui parvient à renverser cette domination à son avantage.

Car, si Don Lope est un personnage abject, qui non seulement abuse de la fragilité de la jeune Tristana mais en plus se paie de mots en se faisant passer pour un libre penseur affranchi de la morale étriquée de son temps, Tristana n’est pas une oie blanche et encore moins une victime. La seconde partie du film, à partir de son retour à Tolède et de son amputation, voit les caractères se renverser. Don Lope devient de plus en plus doux alors qu’au contraire Tristana, de plus en plus amère et dure, achève logiquement son parcours par un crime qui ne figurait pas dans le roman de Pérez Galdós.

Autre différence avec le roman, le fétichisme avec lequel Bunuel entoure la terrible amputation de son héroïne. Ce coup du sort asservit moins Tristana à son tuteur qu’il ne la pare d’un érotisme aussi morbide que fascinant, comme le montre la célèbre scène du balcon où elle se dénude sous les yeux médusés du jeune Saturno ou celle, non moins célèbre, où elle interprète une étude de Chopin. La légende voudrait que Hitchcock – qui ne s’en laisser remontrer à personne en matière de fétichisme – ait nourri une fascination particulière pour cette scène dont il connaissait par cœur le découpage.

J’ai eu la chance de voir Tristana au Louxor dans le dixième arrondissement, avec en bonus la conférence très informée de Fabienne Duszynski. Chaque dimanche depuis le 12 mars, elle y analyse un film de Buñuel. Hélas, le cycle s’achève demain avec Le Charme discret de la bourgeoisie. Aurais-je vu Tristana sans ces commentaires éclairés, j’en aurais compris la moitié et l’aurais d’autant moins apprécié. Mais, Buñuel fait partie de ces artistes dont j’apprécie d’autant plus les œuvres que je me les suis fait expliquer.

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Blue Jean ★☆☆☆

Nous sommes en 1988, en plein thatchérisme, alors que la Section 28, qui interdit de « promouvoir l’enseignement dans aucune école publique de l’acceptabilité de l’homosexualité » vient d’être promulguée. Jean (Rosy McEwen), la petite trentaine, est prof de sport dans un lycée du nord de l’Angleterre. Jean est lesbienne, vit une relation amoureuse avec Viv, mais le cache à ses proches et à son employeur de peur de perdre son poste.

Blue Jean est un film qui malheureusement se laisse écraser par son sujet : l’impossibilité de vivre à visage découvert son homosexualité dans l’Angleterre conservatrice de Thatcher. Tourné à l’époque des faits, il aurait eu la rage rebelle des premiers Stephen Frears, de Prick up your Ears ou My Beautiful Launderette. Mais, trente-cinq ans plus tard, il a un goût de réchauffé.

La faute n’en incombe pas à son actrice principale qui joue à merveille un rôle ambigu, celui d’une femme qui, après un mariage malheureux (dont on ne saura ni comment il s’est noué ni comment il s’est brisé), est tombée amoureuse d’une femme et s’est reconstruite dans la douce sororité d’amies lesbiennes mais n’est pas encore parvenue à assumer socialement son homosexualité.

L’enjeu du film, on le sait par avance, est de deviner quand et comment « Jean la mélancolique » (c’est je crois le sens du titre) fera son coming out. Elle y sera obligée par une de ses élèves, Lois qui, comme Jean quelques années plus tôt, essaie dans l’hostilité générale, d’affirmer son identité sexuelle. Jean est tiraillée entre la crainte que Lois ne la trahisse et le souhait de l’aider. Elle est peut-être aussi animée de pensées plus troubles pour l’adolescente.

Blue Jean est construit au point de rencontre de deux univers dont la description n’évite pas hélas les clichés : d’un côté un lycée anglais engoncé dans son conservatisme hors d’âge avec ses collégiennes en uniforme, de l’autre un club de lesbiennes sans soutien-gorge, l’aisselle buissonnante, tatouées et piercées. Ce qui réunit ces deux univers, outre l’héroïne : la musique new wave aux parfums de madeleine proustienne qui rappellera à tous ceux qui ont mon âge le parfum de leur adolescence plus ou moins rebelle.

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Alma Viva ★☆☆☆

Salomé est une enfant de neuf ans élevée en France. Elle passe tous les étés auprès de sa grand-mère adorée qui l’initie aux rites et coutumes de son petit village du nord du Portugal avant de mourir brutalement. Son décès sème le chaos dans sa famille tandis que les feux de forêt qui cet été-là ravagent tout le pays se rapprochent dangereusement du village.

Alma Viva est, de l’aveu même de sa réalisatrice, la Franco-portugaise Cristèle Alves Meira, en partie autobiographique. Comme son héroïne, elle a passé tous ses étés chez ses grands-parents au Portugal. On retrouve d’ailleurs la même veine autobiographique, chez des enfants d’émigrés portugais de la deuxième génération dans Tous les rêves du monde, un film passé inaperçu de Laurence Ferreira Barbosa, qui racontait les vacances pendulaires d’une jeune Franco-portugaise.

Alma Viva a reçu un succès mérité à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2022. Il joue sur plusieurs registres. C’est un roman initiatique qui raconte la sortie de l’enfance d’une petite fille. C’est une tragicomédie familiale qui met en scène des personnages felliniens hauts en couleur (la naine cocue et revancharde, le frère aveugle et philosophe…). C’est un film qui convoque les plantes et les esprits pour flirter avec le fantastique. C’est presque un documentaire anthropologique.
J’ai vu récemment Traces un autre film portugais, lui aussi passé inaperçu, qui utilisait ces éléments là en les lestant d’une gravité que ce film n’a pas et ne cherche pas à avoir. Je l’avais préféré à cet Alma Viva que j’ai parfois trouvé un peu mièvre.

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Burning Days ★★☆☆

Emre, un jeune procureur, est nommé dans un petit bourg au fin fond de l’Anatolie. Les élections municipales s’y préparent alors que la canicule et la pénurie d’eau y échauffent les esprits. Invité à dîner chez le fils du maire, Emre, assommé par l’alcool et peut-être drogué, sombre dans l’hébétude. Au matin, il apprend que la jeune gitane qu’il a croisée à ce dîner a été violée.

Burning Days est un film qui dénonce la corruption des élites en Turquie. Il emprunte pour ce faire, avec une redoutable efficacité, la forme du polar, mettant en scène un juge qui mène une enquête sur un crime auquel il a peut-être été associé. La recherche du criminel par la police va de pair avec les efforts désespérés du procureur de reconstituer le souvenir de cette nuit chaotique.

Le problème de Burning Days est que le polar devient tellement captivant que la dénonciation des élites corrompues se réduit finalement à un prétexte ou à une toile de fond.
Autre défaut de ce film : son rythme pas assez nerveux qui étire sur plus de deux heures une intrigue qui aurait été diablement plus efficace si elle avait été réduite d’un quart.

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Normale ★★☆☆

À cause de la mort de sa mère dans un accident de moto et de l’aggravation inexorable de l’état de santé de son père (Benoît Poelvoorde), malade d’une sclérose en plaques, Lucie (Justine Lacroix), quinze ans, se voit privée de son adolescence. Son père n’en étant plus capable, elle doit gérer les tâches quotidiennes, la cuisine, le ménage, son pilulier, avant de courir au collège. D’autant qu’une menace plane sur elle : être placée par les services sociaux.

Normale fait partie de ces petits films français, comme il en sort treize à la douzaine : Quand tu seras grand, La Plus Belle pour aller danser, Sage-Homme, À la belle étoile, Les Petites Victoires, etc. Je ne serais pas allé le voir si une amie ne me l’avait pas chaudement conseillé. Je me demande d’ailleurs quelle est l’économie de ces films que je vois défiler sur les écrans et en disparaître deux semaines à peine après leur sortie. Eu égard au nombre de spectateurs en salles qu’ils attirent, sont-ils des désastres financiers ? Ou bien réussissent-ils à atteindre la rentabilité grâce aux rediffusions télévisées que leurs acteurs souvent encore bankables leur garantissent ? Ou bien encore le financement du cinéma français est-il si généreux que leur rentabilité est assurée quelle que soit leur audience ?

Toujours est-il que Normale a dénoncé mon pronostic et fait mentir mon cynisme. L’histoire de cette ado dévouée à son père malade, qui aurait pu verser dans le misérabilisme mais n’y tombe jamais, m’a ému. L’humour tendre de ce teen movie m’a fait sourire. Et même l’histoire d’amour un peu mièvre qui rapproche Lucie d’un camarade de classe est touchante.

Le mérite en revient à un scénario bien écrit et surtout à un duo d’acteurs impeccables. Benoît Poelvoorde, qui au physique sinon, espérons-le, au moral, est en train de se depardieuser à grande vitesse, se bonifie avec l’âge, comme les grands vins, dans le registre de la tragicomédie. Mais la révélation du film, c’est la jeune Justine Lacroix, qui n’a pas le charme et la fraîcheur qu’on escompte de cette catégorie d’actrices mais qui, contre toute attente, se coule à merveille dans le rôle pas si évident d’une ado obligée par la force des choses de monter en graine plus vite qu’elle ne le devrait.

La bande-annonce

Sur l’Adamant ★★☆☆

L’Adamant est une péniche amarrée en bord de Seine, dans le douzième arrondissement, au pied du quai de la Rapée, qui accueille depuis 2010 des malades souffrant de troubles psychiques. Nicolas Philibert, sans doute le plus grand documentariste français, devenu célèbre grâce à Être et avoir (2002), y a posé sa caméra pendant sept mois à la rencontre des patients. Son intérêt pour la psychothérapie institutionnelle – qui met l’accent sur la dynamique de groupe et la relation entre soignants et soignés – n’est pas nouveau. Il avait consacré un précédent documentaire à la clinique de La Borde en 1995 et aux méthodes novatrices du Dr Oury.
Auréolé de l’Ours d’or qu’il a obtenu au dernier festival de Berlin et des lauriers que lui a tressés sa présidente Kristen Stewart, Sur l’Adamant est sorti en salles cette semaine et attire un public nombreux.

Cette curiosité est méritée. Nicolas Philibert n’a pas son pareil pour laisser traîner sa caméra et susciter les confidences. On pourrait craindre son voyeurisme, surtout face à des personnages fragilisés. Mais rien n’est plus empathique que le regard qu’il porte sur les doux dingues qu’il filme et dont il interroge la différence : qu’est-ce qu’être « normal » nous demandent François, qui donne une interprétation incarnée de La Bombe humaine de Téléphone, Frédéric et sa curieuse dégaine à la Houellebecq, Muriel à la gouaille de titi parisien ?
Le seul défaut de ce documentaire est son manque de linéarité. Sur l’Adamant qui aurait pu, sans conséquence, durer une heure de plus ou de moins, tourne en rond et nous mène un peu en bateau. Nicolas Philibert s’en justifie dans le dossier de presse : « J’ai toujours aimé improviser, et avec le temps, l’improvisation est devenue pour moi comme une nécessité éthique. Ne rien expliquer, surtout. Ne pas assujettir son film à un programme, à un ‘vouloir-dire’ préalable. Ne pas chercher à filmer utile. Traquer toute trace d’intentionnalité ». On adhèrerait volontiers à cette idéologie si elle n’ouvrait la porte à toutes les paresses. À force de ne vouloir rien démontrer, Sur l’Adamant court le risque de ne pas montrer grand chose qu’on n’ait déjà vu dans sa bande-annonce.

Sur l’Adamant est le premier volet d’un triptyque consacré à la psychiatrie. Le deuxième se déroulera à l’hôpital Esquirol à Charenton ; le troisième filmera des visites domiciliaires. Ils sortiront dans les mois à venir.

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Chien de la casse ★★☆☆

Dog (Anthony Bajon) et Mirales (Raphaël Quénard) sont inséparables depuis la sixième. Mais tout se dérègle entre eux à l’arrivée d’Elsa (Galatea Bellugi).

Chien de la casse est un premier film d’une étonnante maîtrise. Loin des banlieues multiethniques et de ses voyous en mal d’intégration ou des déserts ruraux et de ses fermiers écrasés de dettes, il décrit un milieu rarement filmé, celui de la jeunesse pauvre, blanche et désœuvrée de la France périphérique, qui tue son ennui en faisant tourner un joint arrosé de bières sur la place d’un bourg en train de se vider de ses habitants.

Chien de la casse doit sa réussite à son trio d’acteurs et au premier chef à l’étonnant Raphaël Quénard. On l’avait découvert il y a deux ans dans Fragile. Depuis il a eu des petits rôles dans Novembre, Coupez ! ou Je verrai toujours vos visages. Mélange paradoxal de Jim Carrey pour la veine comique et Patrick Dewaere pour l’intensité dramatique, son talent éclate en tête d’affiche dans le rôle en or d’un jeune marginal, condamné après la mort de son père à porter à bout de bras une mère dépressive, avec pour seule compagnie un pitbull et un ami d’enfance qu’il martyrise.

Car l’amitié qui unit Miralès et Dog est ambiguë, toxique, presque malaisante. Miralès écrase de son bagout son ami taiseux. Pire, il l’humilie sans pour autant que Dog se cabre. L’arrivée d’Elsa bouleverse l’économie de leur relation.
Anthony Bajon est, comme toujours (Un autre monde, Une jeune fille qui va bien, La Troisième Guerre, Au nom de la terre, La Prière, La fête est finie), excellent dans ce rôle ingrat, tout en silence et en demi-teinte. En revanche, Galatea Bellugi dont on connaît le talent (Tralala, Une jeunesse dorée, L’Apparition, Réparer les vivants, Keeper…), est sacrifiée dans un rôle où elle n’a pas grand chose à dire ni à faire.

La bande-annonce