Au Kurdistan irakien, Ziné et Avdal sont les deux enfants de deux familles déchirées par une haine atavique. Mais Ziné et Avdal s’aiment et rien ne pourra empêcher leur mariage.
À lire le pitch du dernier film de Hiner Saleem, on pourrait imaginer une adaptation plus ou moins kitsch de Roméo et Juliette au Kurdistan. Mais ce serait méconnaître le talent de ce réalisateur franco-kurde qui, depuis plus de vingt ans, nous sert des films lumineux et drôles.
[Attention : cette critique contient des spoilers]
Le scénario de Goodnight Soldier pourrait laisser penser que le film a pour enjeu – et aura pour dénouement – le mariage des amoureux. Il n’en est rien. Vaincre l’hostilité de leurs deux familles n’est que le premier obstacle qui se dresse sur la route des deux tourtereaux et qu’ils franchiront d’ailleurs rapidement. Ils devront en affronter deux autres. Le premier est la guerre qui oppose les peshmergas à l’Etat islamique pour la reconquête des territoires conquis par Daesh. Avdal y participe courageusement au point d’y risquer sa vie quelques jours avant son mariage.
Il survivra à l’escarmouche qui aurait pu lui être fatale. Mais, si l’opération chirurgicale qu’il subit lui rend l’usage de ses jambes, elle le laisse impuissant. C’est le troisième obstacle que Ziné et Avdal doivent franchir. Et ce n’est pas le moindre. Car la société kurde est sacrément machiste et n’accepte pas que la femme soit autonome (Ziné caresse le projet de travailler) ni que le mari soit diminué.
Puisque j’ai déjà largement défloré l’intrigue, je peux en raconter le dénouement. Tout se finit bien. Avdal tombe miraculeusement enceinte (on comprend qu’elle le doit aux baisers échangés par les deux amants avant l’accident d’Avdal) et les époux, qui avaient frôlé la séparation, se retrouvent dans la joie de cette miraculeuse nouvelle. Ce dénouement est attendrissant et il faut être un peu pisse-vinaigre comme moi pour y trouver à redire. Il ne dépare pas avec un film dont le ton est plus léger que dramatique. Mais il a le tort de désamorcer un propos qui, sans lui, aurait eu plus de force.