Giovanni (Nanni Moretti dans son propre rôle) est un réalisateur italien reconnu mais vieillissant dont l’avenir est de moins en moins radieux. Le film qu’il tourne à grands frais sur un épisode de l’histoire italienne qui lui tient à cœur – la réaction du PCI de Togliatti à l’insurrection hongroise de 1956 et à sa répression par les chars russes – subit bien des déboires, à cause des foucades de son actrice principale (Barbara Bobulova) et de la déconfiture de son producteur français (Mathieu Amalric), l’obligeant à une démarche humiliante auprès des producteurs de Netflix (survendue comme la séquence la plus drôle du film mais déjà largement éventée par la bande-annonce). Sa femme (Margherita Buy), la productrice de tous ses films, produit parallèlement le thriller sans âme d’un jeune réalisateur italien surcôté et s’apprête à le quitter. Sa fille, qui compose la musique de ses films, a grandi et refuse de se plier aux rites familiaux auxquels son père est tant attaché ; elle est sur le point de déserter le nid familial pour épouser un barbon polonais qui a bien trois fois son âge.
J’ai lu beaucoup de critiques élogieuses du seizième film de Nanni Moretti et d’autres qui l’étaient beaucoup moins. Je me suis paradoxalement reconnu dans toutes.
J’admets volontiers qu’on puisse ne pas aimer Vers un avenir radieux, qu’on puisse reprocher à son réalisateur, vieillissant et bougonnant, son égocentrisme et à son scénario gentiment prévisible sa paresse. Pour qui n’a jamais vu de film de Nanni Moretti, cette première confrontation est sans doute déroutante sinon décevante, donnant l’impression de faire irruption dans une réunion de famille à laquelle on n’a pas été dûment invité.
Mais, pour les vieux cinéphiles comme moi dont la quasi-totalité de la vie adulte a été bercée, à intervalles réguliers, par les films de Moretti (je l’ai découvert en 1994 seulement avec Caro Diario et ai eu besoin de quelques séances de rattrapage pour découvrir Sogni d’Oro, Bianca et La messe est finie), retrouver le maestro à la sortie de chacun de ses films, comme pour ceux de Woody Allen, a le parfum d’une fidélité nostalgique.
Il ne faudrait pas déduire de la (trop) longue phrase qui précède que la seule qualité de Vers un avenir radieux soit d’ajouter une nouvelle ligne à la riche filmographie de son réalisateur.
Sa principale qualité me semble-t-il est l’auto-dérision dont Nanni Moretti sait faire preuve. Faute avouée, dit-on, est à moitié pardonnée. Nanni Moretti est incontestablement égocentrique. Mais il l’est d’une façon très particulière. Son personnage – dont on se demande la part d’autobiographie qu’il recèle – n’est pas unanimement sympathique. Son aveuglement n’a d’égal que son orgueil. Sa diction est volontiers sentencieuse. Ce vieux beau, toujours élégamment mis, s’écoute parler… et ne tient pas toujours des propos lumineux. Même la trottinette qui a remplacé le scooter mythique de Caro Diario sent un peu trop son boomer. Il faut, me semble-t-il, un sacré culot pour écrire un tel rôle et pour le jouer.
On pourrait reprocher à Nanni Moretti de cabotiner. Les yeux interloqués qu’il roule, les silences qu’il oppose aux situations qui le sidèrent sont les mêmes que ceux qu’il avait dans ses films précédents. Mais là encore, le vieux cinéphile que je suis trouve un plaisir nostalgique à les retrouver, de film en film (on me dira – et on aura raison – que je ne prends pas le même plaisir à retrouver Isabelle Huppert de film en film). Le plaisir manifeste qu’il a pris à tourner les deux dernières séquences est tellement contagieux qu’on sort de la salle revigoré et rajeuni.
Santiago, la quarantaine, est un homme qui vit au rythme de ses passions. Après avoir longtemps été en couple avec Luis, il a adopté un mode de vie chaotique, entre drogue et alcool, passant des bras d’un amant à un autre, au détriment de sa fille Laila, qui vient d’achever ses études secondaires et qui réclame de lui l’attention et l’amour qu’il ne lui donne guère.
Leslie (Mahamadou Sangaré) et Renard (Martin Jauvat) ont grandi à l’ombre de la tour TDF de Romainville dans le 9-3. Le premier est missionné par un dealer de banlieue pour aller récupérer à Saint-Rémy-lès-Chevreuse un colis de beuh. Pour vingt euros, il convainc son ami de l’y accompagner. Sur place, ils font chou blanc mais découvrent, sur le chantier du Grand Paris Express, un curieux artefact. Persuadés d’avoir déniché une relique égyptienne voire un message extra-terrestre, les deux compères cherchent à en éclairer l’origine.
Bigna est sismologue, tout entière absorbée par ses recherches qui sont sur le point de la mener au Chili pour y étudier le comportement des animaux dans l’imminence d’un séisme. Sa vie sexuelle est organisée selon un protocole rigoureux que permettent les sites de rencontres en ligne auxquels elle est abonnée : elle donne rendez-vous à des inconnus sur un lieu désert, leur demande de porter un masque et de simuler une agression sexuelle. C’est ainsi qu’elle rencontre Franck et s’attache à lui. En l’espace de quatre-vingt-dix-neuf lunes, soit huit ans, les deux amants connaîtront une relation enflammée faite de soudains rapprochements et de déchirantes ruptures.
Près de Bichkek s’étend une immense déchetterie à ciel ouvert où des damnés de la terre en haillons viennent trier dans une odeur qu’on imagine pestilentielle quelques rogatons recyclables. Le vieux documentariste Denis Gheerbrandt, qui a derrière lui près d’un demi-siècle de carrière, et la jeune chercheuse russe Lina Tsrimova, qui a soutenu à l’EHESS en 2021 une thèse sur l’histoire de la construction du Caucase aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, sont allés les filmer.
Sur les hauts plateaux du Burundi, dans un futur proche, Matalusa, un ancien forçat échappé de la mine où il était réduit en esclavage, et Neptune une hackeuse transgenre, rejoignent une communauté cyberpunk qui est entrée en résistance contre un pouvoir techno-autoritaire.
En 2015, Claude Lanzmann se rendait en Corée du nord avec son producteur François Margolin, sous le prétexte d’y tourner un documentaire sur le taekwondo mais en fait pour y retrouver la trace d’une infirmière qu’il y avait croisée en 1958 et dont il était tombé éperdument amoureux durant une brève séance de canotage sur le fleuve Taedong. Ce voyage surréaliste a inspiré un documentaire, Napalm, dont j’ai fait
Connaissiez-vous Jack Garfein (1930-2019) ? Moi pas.
Katia et Justine tombent amoureuses. Elles décident d’avoir un enfant ensemble. Mais le couple se sépare avant l’accouchement de Katia. Douze ans passent. L’enfant de Katia, Jeanne, est devenue une jeune fille passionnée de lecture. Katia, qui n’a jamais oublié Justine, apprend qu’un cancer généralisé ne lui laisse plus que quelques semaines à vivre et demande à son frère William de prendre soin de sa fille.
Sophie a quinze ans et étouffe l’été venu dans le petit appartement d’un HLM nancéen où sa mère, ses quatre frères et sœurs et son neveu s’entassent. Quand elle croise Jade, une amie de collège, sur le point de partir en vacances sur la côte atlantique, elle ne résiste pas à la tentation de dérober les clés de la belle villa de ses parents. Dès le lendemain, elle s’y glisse en catimini et jouit de son luxe et de son silence. Mais Stéphane, le frère aîné de Jade, étudiant en école de commerce à Paris, surgit à l’improviste et débusque l’intruse. Après avoir hésité à la dénoncer à ses parents, il choisit de la laisser faire et de lui laisser la porte ouverte.