
Albert (Damien Bonnard) a été totalement dévasté par le kidnapping et la mort atroce de sa fille, huit ans. Il a décidé de se venger lui-même de ses meurtriers. Une psychiatre japonaise installée en France lui sert de complice. Ensemble, ils kidnappent l’ancien comptable d’une fondation mêlée à un trafic d’organes.
Voici le troisième film de Kiyoshi Kurosawa sorti cette année, après Chime fin mai et Cloud début juin. Ils n’ont aucun lien les uns avec les autres même si on reconnaît quelques traits communs : des histoires aux confins de la science-fiction, du thriller et du slasher, des scénarios à l’équerre, filmés à l’os, sans fioritures, des ambiances glauques…
On peut aimer… ou pas. J’appartiens plutôt à la seconde catégorie. Je reconnais volontiers au cinéma de Kiyoshi Kurosawa ses qualités, sa bizarrerie ; mais je le trouve plus dérangeant qu’autre chose. En soi, être dérangeant n’est pas un défaut pour un film. C’est même souvent une qualité. Le cinéma n’a pas pour fonction de nous conforter dans nos certitudes mais de nous dé-ranger, de nous ranger ailleurs, hors de notre cercle de confort.
La Voie du serpent est un film sur la vengeance. Il met en scène deux « victimes » qui, au nom de la justice, vont administrer aux auteurs présumés des sévices infligés à leurs enfants des souffrances plus cruelles encore. Cette loi du talion, qui n’a plus cours depuis l’Ancien Testament sinon dans quelques théocraties rétrogrades, est barbare. La voir à l’écran met mal à l’aise. Le film est d’ailleurs, à bon droit, interdit aux moins de douze ans. Une interdiction aux moins de seize ans, eu égard à la cruauté de certaines situations et de l’atteinte à la dignité humaine, n’aurait pas été selon moi disproportionnée.
Le problème de ce film-là – et au-delà des autres réalisations de Kiyoshi Kurosawa – est que cette immoralité n’est mise au service de rien, sinon d’un sombre nihilisme. Elle se conclut inévitablement dans un hangar désaffecté par une ultime course poursuite. C’est le défaut de sortir trois films par an : s’ils ne se renouvellent pas un tant soit peu, ils donnent vite l’impression de se répéter.








