France de Meurs (Léa Seydoux) est la présentatrice vedette de I télé, une chaîne d’informations en continu. Elle anime des débats enflammés en direct, interpelle Macron à l’Elysée et part en reportage dans des zones en conflit. Mais ce vibrionisme fou cache en fait un vide abyssal.
Bruno Dumont occupe une place à part dans le cinéma français. Son cinéma, âpre et minimaliste, aspire à la fois à la grâce et à l’animalité – pour reprendre le titre d’un essai qui lui a été consacré. Cet ancien professeur de philosophie filme l’humain au scalpel. Originaire du Nord, il est resté fidèle à son terroir : La Vie de Jésus (1997), L’Humanité (1999), Flandres (2006) s’y déroulent. Il a aussi fait un pas de côté en racontant l’histoire de personnalités historiques : Camille Claudel, Jeanne d’Arc…
Avec France, il s’attaque à tout autre affaire : les dérives de l’information en continu à travers le portrait sans concession d’une vedette du petit écran, d’une Claire Chazal ou d’une Léa Salamé fantasmée.
Autant le dire tout net : la mayonnaise ne prend pas.
Pourtant, il en aurait fallu de peu que l’alchimie marche. Car Bruno Dumont a du talent. Son film se tient. Sa direction d’acteur est impeccable. Léa Seydoux – dont on a longtemps hésité à lui reconnaître du talent, suspectant que son succès tienne plus à sa filiation qu’à ses qualités – n’y a jamais été aussi bonne. Elle est de tous les plans, le teint de porcelaine, le rouge à lèvres vermillon impeccable, dans des tenues époustouflantes qui devraient valoir à France sans hésitation le prochain César des meilleurs costumes.
Mais l’ensemble fonctionne mal, comme si on avait voulu agencer des pièces qui, prises séparément sont d’excellente facture, mais n’ont rien à faire ensemble. Prenons un exemple : Blanche Gardin. Elle fait son petit effet dans le rôle de Lou, la fidèle assistante de France. Elle y a la graine de folie et l’humour parfois trash qui ont fait sa célébrité. Mais, hélas, ces qualités là n’ont rien à voir dans le film et ne lui apportent rien. Idem pour Benjamin Biolay et sa beauté ténébreuse, qui semble se specialiser dans le rôle des époux sacrificiels après le rôle qu’il tenait auprès de Chiara Mastroianni dans Chambre 212. Idem aussi de la musique un brin envahissante de Christophe qui avait mieux sa place dans l’élégie moyenâgeuse de Jeanne qu’ici.
France raconte les dérives d’un système. Il met aussi en scène les failles d’une femme. Cette double dimension est le moteur du film. On lui donne sa chance pendant un moment, laissant à Bruno Dumont le bénéfice du doute. Mais, comme le public de Cannes qui lui a réservé un accueil mitigé (en sélection officielle, France est revenu bredouille), on décroche bientôt. La chute est longue : le film dure deux heures quatorze et aurait gagné à être amputé d’un bon quart.
Oui certains plans étaient trop longs tout particulièrement le voyage en voiture de son mari et de son fils . La scène de l’accident par contre est sidérante de précision. L’héroïne pleure un peu trop à mon goùt sur elle-même plus que sur les autres me semble t’il. Film qui ne laisse pas indifférent mais bizarre. La musique n’y est pas pour rien : la partie avec des chants est assez désagréable…
Pour ma part, j’ai vraiment eu du mal à accrocher.
Pour tout dire, ce n’est pas arrivé.
Dès le début, en fait, l’interprétation de Léa Seydoux m’a gêné. Je ne crois pas qu’il y ait une seule journaliste qui ait pu se reconnaitre dans ce portrait un peu stupide et superficiel. Le personnage manque singulièrement d’intelligence et, malgré les efforts constants pour en apporter par la suite, de profondeur. C’est dommage, car le sujet y était.
La seule vraie (bonne) surprise est celle de l’accident de voiture, quoique les lois de la physique ne soient pas vraiment respectées (et qu’on ne retrouve pas le pneu crevé quand la voiture finit sur le toit).
J’ai été absolument horrifié de voir le nom de Bruno Dumont au générique…