Selma (Zoé Adjani, nièce de) a dix-huit ans. Elle a grandi à Neuilly dans une famille aisée originaire d’Algérie. Son père (Lyes Salem) est architecte, sa mère (Amira Casar) était gynécologue avant d’arrêter son travail pour se consacrer à l’éducation de sa fille. On est en 1993 et l’Algérie est en train de basculer dans la guerre civile. Aussi libéraux soient-ils, les parents de Selma entendent contrôler son éducation, lui interdire de fréquenter les garçons qui lui tournent autour dans l’école de commerce qu’elle vient d’intégrer et l’encourager à leur préférer ceux, bien nés, qu’ils lui présentent.
La bande-annonce de Cigare au miel est volontiers racoleuse. Elle nous montre Selma dans son lit de jeune fille, lisant les Mille et une nuits, intimement émue (c’est un euphémisme pour éviter d’écrire « en train de se masturber »). Scène suivante : dans les couloirs de son école, elle croise un garçon, beau et ténébreux, qui la drague sans détour. Scène d’après, Selma s’engueule avec sa mère et son père qui la privent de sortie. Tout est dit en trois plans : 1. L’éveil à la sensualité d’une jeune fille en fleurs 2. Les premières amours estudiantines 3. La brutale censure familiale et la difficulté de s’en dégager.
L’émancipation d’une jeune fille. Le sujet n’est pas nouveau. Il a été traité de tous les temps et sous toutes les latitudes : Bonjour Tristesse, À nos amours, La Boum, Mustang, La Vie d’Adèle, Divines … et, plus près de nous, deux films récents qui m’ont bouleversé, Papicha et Une histoire d’amour et de désir.
Le problème de Cigare au miel est de s’inscrire dans cette longue généalogie et de ne pas y apporter grand-chose de neuf ni de mieux. On a le droit à tous les poncifs attendus sur la perte de la virginité, la prédation masculine et les conflits père/mère-fille. Le tout est lesté d’un arrière-plan historique encombrant : l’action se déroule en 1993-1994 alors que l’Algérie bascule dans la guerre civile, ce qui nous vaut un retour au pays natal qui leste le film d’un quart d’heure supplémentaire et dispensable. Zoé Adjani, de tous les plans, sauve-t-elle la mise ? Même pas….