Fraîchement diplômé de la faculté de médecine de Lille, le docteur Seyolo Zantoko ne veut pas retourner au Zaïre. Il cherche une clientèle en France et échoue dans un village picard. Rejoint par sa femme et ses deux enfants, il réussira non sans mal à s’y faire accepter.
Bienvenue à Marly-Gomont n’est pas sans rappeler un film canadien sorti en 2004 où le maire d’un village québécois reculé cherchait à revitaliser sa commune en y attirant un médecin. Mais la ressemblance avec La Grande Séduction s’arrête là car Bienvenue… est tiré d’une histoire vraie et son sujet n’a rien de québécois.
Comme l’immense succès populaire de 2014, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, le film de Julien Rambaldi traite, avec la même bienveillance, le sujet hautement sensible de l’intégration à la française.
On y voit, dans la France des années 70, celle même du xénophobe Dupont Lajoie croquée avec une joie mauvaise par Yves Boisset, une sympathique famille zaïroise venir à bout, à force de gentillesse, du racisme des habitants. Il faut dire que cette famille a tout pour elle : le père est un médecin rude à la tâche, la mère est belle comme le jour, l’aînée est championne de football et le cadet un Mozart des planches. Quant aux frustes habitants de ce petit village si français, leur racisme épidermique cache en fait un bon fond que quelques verres de calva (du calvados ? dans l’Aisne ?) suffisent à dévoiler.
On ne peut que se réjouir du message positif véhiculé par ce « feel good movie » au scénario prévisible mais efficace, aux personnages bien campés, aux gags souvent très drôles et jamais vulgaires.
Mais on peut aussi émettre quelques réserves sur son excessive bien-pensance. Quel miroir devrait nous tendre le cinéma ? Celui d’une France fantasmée accueillante aux étrangers comme dans Bienvenue… et prête à leur donner leurs filles comme dans Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Ou celui, hélas plus fidèle, mais que le cinéma ne filme guère, d’un département, l’Aisne, où Marly-Gomont est situé, où la liste de Marine Le Pen caracolait en tête des dernières élections régionales avec plus de 40 % des voix obtenues au premier tour ?