En pleine guerre de Sécession, une compagnie est missionnée dans l’Ouest des Etats-Unis encore inexploré, pour en prendre possession au nom de l’Union. Composée de volontaires plus ou moins inexpérimentés, elle se retrouve vite abandonnée à elle face aux attaques, à la faim et au froid.
Roberto Minervini est un documentariste italien installé aux Etats-Unis. Dans What You Gonna Do When The World’s On Fire?, il filmait les membres de la communauté afro-américaine de Bâton-Rouge en Louisiane traumatisée par la multiplication des crimes racistes et l’inaction de la police. Sélectionné dans la section « Un certain regard » au dernier festival de Cannes, Les Damnés est son premier film de fiction. Mais on y retrouve son souci de documenter la condition militaire de jeunes recrues pendant la Guerre de Sécession.
À rebours des innombrables westerns, plus ou moins récents, tournés avec cette toile de fond, Les Damnés ne raconte pas une geste héroïque, des combats hauts en couleur, une page glorieuse de l’histoire américaine. Au contraire, il montre le quotidien banal et monotone d’une compagnie de soldats : le campement qu’on installe et qu’on quitte, les repas pris dans des écuelles malpropres, les tentes dans lesquelles on se blottit pour trouver un refuge contre le froid mordant, les tours de garde qui se succèdent face à un horizon immobile…
Les Damnés montrent ces soldats dans leur quotidien. Il leur donne la parole, dans de longs dialogues au coin du feu où chacun raconte à tour de rôle les motifs de son engagement : tel vient de Virginie, mais s’est rangé du côté de l’Union par conviction anti-esclavagiste, tel autre, âgé de seize ans à peine, s’est enrôlé pour ne pas être séparé de son frère….
Les Damnés voudrait nous faire partager l’ennui et l’émollience qui gagnent bientôt ces soldats perdus, qui ignorent le but de leur mission et ne comprennent rien aux coups du sort qui s’abattent sur eux. D’où viennent ces coups de feu qui les déciment ? Où quatre d’entre eux sont-ils envoyés en mission de reconnaissance ? Les acteurs – qui ont tourné le film sans scénario – semblent ne rien en savoir. Le spectateur en sait évidemment encore moins qu’eux. Perdu, désemparé, il a tôt fait de lâcher prise et de se désintéresser d’une histoire qui n’en est pas une.