Antonin Peretjatko fait partie de ces jeunes réalisateurs qui font souffler un grand vent d’air frais dans le cinéma français. Après La Fille du 14 juillet, il récidive avec ses deux acteurs fétiches. Vincent Macaigne est un éternel stagiaire envoyé par le ministère de la Norme (sic !) en Guyane pour y valider un projet de construction d’une piste de ski (re-sic !). Vimala Pons, elle aussi en stage pour les Eaux et Forêts, est affectée à son service en qualité de chauffeur. La distribution est complétée par quelques vieux habitués : Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Jean-Luc Bideau, Philippe Laudenbach…
Le cinéma français a rarement filmé la Guyane. Au début des années 90, Christophe Malavoy – qui depuis a sombré dans l’anonymat – y campait le rôle de Jean Galmot, un chercheur d’or. Et puis c’est tout. Antonin Peretjatko s’en donne à cœur joie, tournant un Tintin au pays des picaros complètement déjanté et aussi cartoonesque. Les gags s’enchaînent, tous aussi délirants et irrespectueux les uns que les autres. La première moitié du film tient du feu d’artifice, alors que le rythme s’essouffle au fur et à mesure que nos deux héros s’enfoncent dans la jungle.
L’humour d’Antonin Peretjatko ne fonctionne pas à vide. C’est ce qui en fait l’intérêt ; c’est ce qui en fait aussi la principale limite. Car au-delà de l’histoire d’amour – très convenue – qui se noue entre ces deux héros sympathiques, le réalisateur entend brocarder l’administration, ses normes idiotes, son formalisme passé d’âge. C’est parfois bien vu (des stagiaires bientôt quarantenaires qui peuplent l’administration et accomplissent les tâches que les titulaires dédaignent) ; c’est parfois assez creux (Vincent Macaigne ne se sépare jamais de son code Dalloz). Plus grave, ce n’est jamais vraiment très drôle.
Je me sens un peu cul-serré de ne mettre qu’une seule étoile à ce film. Jetez un œil à la bande-annonce et donnez-moi votre opinion.