Laura a disparu. Cette botaniste solitaire s’était récemment installée dans la petite ville de Trenque Lauquen, perdue dans la pampa, à plusieurs centaines de kilomètres à l’ouest de Buenos Aires. Elle y avait même une émission à la radio locale consacrée aux femmes célèbres. Pour la préparer, elle était devenue une habituée de la bibliothèque municipale. C’est là qu’elle découvrit, dans les plis d’un vieil ouvrage, une missive oubliée qui la mit sur la piste d’une relation secrète entretenue près de cinquante plus tôt entre une institutrice de la ville et un bel Italien.
Lorsque Laura disparaît, deux hommes partent à sa recherche. Le premier est son compagnon, le second un employé municipal qu’elle avait associé à sa quête et qui était lentement tombé amoureux d’elle.
Avez-vous vu La Flor, cet objet cinématographique non identifié long de 814 minutes et diffusé en salles début 2019 en quatre épisodes, nonobstant le sage adage de Hitchcock : « La durée d’un film devrait être directement liée à la capacité de la vessie humaine » ? L’avez-vous aimé – ce qui, si vous vous souvenez de la critique décoiffante que j’en avais faite, n’était pas mon cas ?
Si – pour ma plus grande admiration s’agissant de la question 1 et pour ma plus grande surprise s’agissant de la question 2 – vous répondez positivement à ces deux questions, courez voir Trenque Lauquen qui reproduit les mêmes schémas labyrinthiques et volontairement incompréhensibles que La Flor, dans un format plus humain (quatre heures seulement ce qui, à l’aune des treize heures passées de La Flor, lui donne des airs de court métrage).
Si non, ce qui, au doigt mouillé, doit représenter environ 99.99 % de la population, n’allez pas y perdre votre temps sauf si vous avez, comme moi, une tendance coupable au masochisme.
Pourquoi, me direz-vous lui mets-je alors une étoile et pas zéro ? La première raison en est, je l’ai dit, cette durée plus supportable : La Flor était un supplice narcoleptique qui s’est étalé sur deux jours alors que Trenque Lauquen n’a hypothéqué qu’une seule soirée. La seconde, ironie mise à part, est le respect dû au cinéma inventé par ce drôle de collectif de cinéastes argentins, El Pampero Cine, dont j’ai le droit de dire que je ne l’aime pas, mais pas celui d’affirmer qu’il ne vaut rien.