Ricardo Cavallo est un peintre argentin né en Argentine en 1954, installé en France depuis 1976. Il peint sur sa boîte à pouce de minuscules compositions qui, assemblées, composent d’immenses paysages, urbains ou naturels.
Ricardo et la peinture est un titre qui n’est pas entièrement fidèle à son sujet.
Sans doute parle-t-il – et en parle-t-il au premier chef – de Ricardo Cavallo lui-même, petit bonhomme plein d’une énergie débordante, malgré son âge avancé, qu’il doit peut-être à un mode de vie érémétique (il se nourrit uniquement de riz et dort en toute saison la fenêtre ouverte sans chauffage). On le voit, chez lui, à Saint-Jean-du-Doigt dans le Finistère nord. On l’y voit dans sa maison ; on l’y voit avec son attirail, crapahuter sur les falaises et profiter de la marée basse pour se glisser dans une grotte marine où il a installé son chevalet. On le voit aussi dans l’école du village qu’il a créée et qu’il dirige éveiller de jeunes enfants à la peinture.
Sans doute parle-t-il aussi de peinture. Il parle de la peinture de Ricardo en nous montrant ses étonnantes compositions et en le filmant en train d’y travailler. Il parle aussi de la peinture, celle que Ricardo aime et dont il nous transmet le goût avec une passion communicative – qui m’a rappelé celle dont savait faire preuve avant sa mort Jean-Claude Carrière dans L’Ombre de Goya. Il faut le voir évoquer avec ardeur Monet, Delacroix, Vélazquez…
Mais ce titre occulte une troisième dimension : l’amitié fidèle qui unit le réalisateur et le peintre. Ricardo, la peinture et moi aurait été un titre mieux adapté, qui aurait rendu compte de ces trois dimensions. Peut-être l’immense Barbet Schroeder y a-t-il renoncé par modestie. Mais c’est ce qui m’a le plus touché dans ce documentaire somme toute assez banal. L’affiche le montre où Barbet Schroeder passe son bras sur l’épaule de Ricardo – pour s’appuyer sur lui ? pour lui manifester son amitié ?
On a l’impression que le réalisateur a réussi à convaincre son producteur de financer ce film pour lui donner l’occasion de passer du temps avec son ami. Et on se dit que ce métier-là est décidément l’un des plus merveilleux du monde.
PS : Doit-on écrire Ricardo et la peinture ou Ricardo et la Peinture ?