Bakary Diallo (Omar Sy) est un éleveur peul. Sa vie paisible auprès de sa femme et de ses enfants est brutalement interrompue lorsque l’armée coloniale française vient dans son village en 1917 y recruter de force des tirailleurs pour combattre contre l’Allemagne. Pour protéger son fils Thierno (Alassane Diong), son père s’engage. Mais ses tentatives d’évasion échouent et les deux soldats se retrouvent bientôt sur le front à Verdun.
Tirailleurs a été au centre d’une polémique quelques jours avant sa sortie. Une polémique qui a d’ailleurs peut-être servi à donner au film, noyé dans une programmation surabondante, une visibilité qu’il n’aurait pas eue. Cette polémique est née d’une phrase d’une interview donnée par Omar Sy au Parisien. L’acteur y comparait l’émotion suscitée par la guerre en Ukraine avec celle, bien moindre selon lui, que provoque un conflit en Afrique. On lui a aussitôt reproché son ingratitude. Il se défendit en affirmant qu’il avait été mal compris.
Cette polémique semble bien vaine quand on regarde Tirailleurs, qu’on appréciera sans qu’il soit besoin d’en avoir eu connaissance ni a fortiori de compter au nombre des accusateurs ou des défenseurs de son acteur principal.
Sur le papier, Tirailleurs faisait craindre de réutiliser la recette, indigeste, d’Indigènes, un film grand spectacle destiné à défendre une thèse politiquement très correcte – et historiquement parfaitement exacte. Cette thèse s’articule en trois points.
1. Pour se défendre face à l’Allemagne durant les deux guerres mondiales, la France a recruté de force dans ses colonies des hommes. 2. Ces soldats, improprement appelés « tirailleurs sénégalais » alors qu’ils venaient non seulement du Sénégal mais aussi d’autres colonies africaines, ont largement contribué à l’effort de guerre et subi des pertes massives. 3. Cette contribution n’a pas été reconnue à sa juste valeur et les promesses agitées par le commandement n’ont pas été tenues après la victoire.
Tous ceux que la repentance exaspère et qui reprochent au devoir de mémoire d’être trop souvent invoqué pour nous obliger à regarder lucidement notre passé peuvent être rassurés : Tirailleurs, contrairement à ce qu’on pouvait en augurer, n’exploite pas cette veine-là. Tous ceux qui au contraire en escomptaient un discours édifiant lui reprocheront de passer quelques vérités historiques bien senties sous silence.
Tirailleurs est beaucoup plus subtil. Bien sûr, son histoire se déroule dans le décor hyperconnoté des tranchées de 1917. Sans atteindre l’efficacité immersive du film de Sam Mendes, on y retrouve la boue, la crasse, le bruit assourdissant des bombardements, l’absence de sommeil et la peur panique des assauts. On y retrouve aussi l’absurdité de la guerre et de la stratégie menée par les états-majors français et allemand.
Mais Tirailleurs est avant tout un film sur la relation père-fils. Elle l’est dans son postulat de base, à la limite de la crédibilité : ce père qui accepte en s’engageant de risquer sa vie pour protéger celle de son fils. Mais elle l’est surtout dans l’évolution des deux personnages au front. Le père n’a qu’une obsession : s’évader et regagner l’Afrique. Le fils, qui parle français, découvre un nouveau monde et caresse l’ambition de s’y intégrer.
Si le film avait été manichéen, il aurait montré comment ces espoirs d’intégration se seraient fracassés au mur du racisme des officiers français. Mais il n’utilise pas cette facilité-là. Il préfère donner à la fin du film une dimension presqu’élégiaque qui, loin d’insister sur les fautes – bien réelles – commises, met l’accent sur la contribution à l’effort de guerre et au sang versé ensemble pour défendre la patrie. Soyons-lui en reconnaissants.
À Madrid, un soir d’hiver, deux couples écoutent un concert de jazz. Le Covid les a longtemps empêchés de se voir. Susana et Dani habitent désormais hors de Madrid, à la campagne, dans une maison dont ils ont hérité. Ils apprennent à Elena et Guillermo qu’ils attendent un heureux événement et les invitent à leur rendre visite rapidement.
On s’ennuie ferme dans la Roumanie de Ceaucescu, en 1972. Ana y a dix-huit ans. Elle passe son baccalauréat dans un lycée huppé de la capitale. Elle est amoureuse de Sorin, un camarade de classe, et le rejoint, contre l’avis de ses parents, chez une amie, pour une fête durant laquelle les jeunes gens fument, boivent, s’embrassent en écoutant les tubes diffusés par radio Free Europe jusqu’à ce que les agents de la Securitate débarquent et les arrêtent.
Haider étouffe. Sa femme, Mumtaz, aussi. Ils se sont mariés pour obéir aux injonctions patriarcales de leurs familles. Mais Haider a de plus en plus de mal à refouler son homosexualité et Mumtaz n’accepte pas de renoncer à travailler pour se replier sur son foyer.
Avignon. Juillet 2021. Malgré l’épidémie de Covid et le mistral, le festival se tient. Isabelle Huppert joue La Cerisaie dans la cour d’honneur du Palais des papes. Fabrice Luchini lit Nietzsche et Baudelaire dans la cour du musée Calvet. Benoît Jacquot les filme.
Chiara (Cécile de France) a 45 ans. Belge d’origine, elle a suivi Antoine, un marin pêcheur, sur son île et partage depuis vingt ans sa vie laborieuse. Elle prend sur son bateau un apprenti, Maxence (Félix Lefebvre), dont elle tombe amoureuse contre toute raison. Profitant de l’absence de son mari parti défendre à Londres les intérêts de sa profession, elle a une liaison avec lui qui a tôt fait de s’ébruiter dans la petite communauté insulaire.
1609. Le Caravage (Riccardo Scamarcio) a fui les États pontificaux où il vient d’être condamné à mort par contumace pour le crime de Ranuccio Tomassoni. Il bénéficie de la protection de la marquise Colonna (Isabelle Huppert). Il espère obtenir la grâce du pape pour revenir à Rome. Mais avant de la lui accorder, Paul V missionne un prêtre de la Sainte-Inquisition (Louis Garrel) pour enquêter sur le passé controversé du peintre.
Pádraic le bouvier (Colin Farrell) et Colm le ménétrier (Brendan Gleeson) étaient jusqu’à peu les meilleurs amis au monde. Chaque jour, à quatorze heures, ils partageaient en devisant une pinte de bière au minuscule pub de l’île d’Inisherin qui les avait vus naître et qui les verrait mourir. Mais, un beau jour d’avril 1923, en pleine guerre civile irlandaise, Colm rompt cette routine et demande à Pádraic de le laisser tranquille. Cette brutale décision stupéfie Pádraic qui cherche à en comprendre la cause.
Sans jamais déroger à ses habitudes, Mr Williams, un gentleman d’une cinquantaine d’années, prend chaque matin le train de banlieue pour Londres. Il y dirige le bureau des Travaux publics de la municipalité. Les cinq fonctionnaires placés sous ses ordres y font régner une routine administrative qui ne connaît aucune dérogation : dès qu’un dossier soulève une difficulté, il est soigneusement mis de côté.
Et si ? Et si Julia, alors qu’elle était encore adolescente, était partie cette nuit-là à Berlin pour y assister à la chute du Mur, provoquant la colère de son père et l’interruption de ses études de piano ? Et si Julia n’avait pas rencontré Paul dans une librairie un jour d’orage ? Et si Julia n’avait pas remporté le concours Clara-Schuman et avait dû renoncer à la brillante carrière de soliste qui s’offrait à elle ? Et si, à la veille de son premier concert, elle avait eu un accident de scooter qui lui aurait fait perdre l’usage de sa main droite et aurait provoqué une fausse couche ? Et si….