Ana, Veronica et Yoana sont trois sœurs. Leur mère, qui avait consacré sa vie à les élever est morte. Leur père, un homme violent et autoritaire, est diminué par un AVC qui l’a à moitié paralysé. Ana est la mère de deux jumelles : Lora est ingénieure en BTP et Sonja (Maria Bakolova qui interprétait la fille de Sacha Baron Cohen dans le second Borat) vient d’apprendre que son amant, un homme marié, lui avait transmis le VIH. Veronica fait une dépression post-natale avec son bébé qu’un mari absent lui laisse élever seule. Yoana vit en couple avec une femme dans une société qui accepte mal les couples LGBT.
Il n’ya rien de la délicatesse de Tchekov dans cette chronique militante filmée par un couple de réalisatrices bulgares et lesbiennes. Il tire à boulets rouges sur la société bulgare, sa misogynie, son patriarcalisme. Constamment, l’histoire de ces cinq femmes résonne avec les débats qui agitent la Bulgarie autour de la ratification de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes qui a été caricaturée comme une tentative de l’Occident de diffuser la théorie du « genre » – un mot dont on apprend qu’il n’a pas de traduction en bulgare – et de corrompre les familles.
La charge est rude. Elle n’en est pas moins efficace. À lui seul, le personnage de Sonja, le vertige qui le saisit quand elle apprend sa contamination, auraient pu faire l’objet d’un seul film. À vouloir à tout prix y rajouter les histoires de sa mère – qui s’estime coupable d’avoir tu pendant toute son enfance les violences domestiques dont sa propre mère était victime – et de ses deux tantes, Women Do Cry charge un peu trop la barque au risque de la faire couler.