Saint-Ex ☆☆☆☆

Contrairement à ce que son titre annonce, Saint-Ex n’est pas un biopic. S’il évoque, brièvement, son enfance dans le château familial, la mort de son frère cadet, François, puis sa disparition en mer en juillet 1944, Saint-Ex se focalise sur un épisode de la vie du célèbre écrivain : en 1929, avec Henri Guillaumet, employé de la Compagnie générale aéropostale, il traverse la cordillère des Andes et ouvre la route aérienne de l’Argentine au Chili.

Il suffit de jeter un oeil à la bande-annonce pour savoir de quoi sera fait ce film. Tout y sonne faux, depuis l’affiche – dont le sommet montagneux encapuchonné de neige ressemble plus au Kilimanjaro qu’à l’Aconcagua – jusqu’au jeu des acteurs et aux décors de carton pâte. Pas un cheveu du beau Louis Garrel ne bouge quand il vole, la tête nue, dans son Potez 25 à quatre mille mètres d’altitude. Quand  son avion s’écrase dans l’océan, il flotte gentiment, le temps de lui laisser le temps de s’en extraire. Quand son moteur s’arrête, faute d’oxygène à trop haute altitude, Saint-Ex rampe sur la carlingue et redémarre à la main l’hélice immobile.

On se croirait dans une bande dessinée des années cinquante, à la ligne claire, aux héros purs et parfaits, pas dans un film. Quelques références, allusives et pataudes, sont faites à l’oeuvre littéraire de Saint-Exupéry (qui évoque son séjour en Amérique du sud et son amitié avec Guillaumet dans Vol de nuit et Terre des hommes) : lors d’une improbable escale dans une hacienda paradisiaque, il croise un jeune garçon aux cheveux bouclés roux qui pourrait bien lui inspirer le petit Prince s’il lui demandait de lui dessiner un mouton.

Rien ne marche dans ce film : ni les paysages à couper le souffle filmés dans la Cordillère des Andes et en Patagonie, ni les acteurs coincés dans la caricature de leurs personnages (Vincent Cassel incarne l’héroïsme, Louis Garrel la loyauté, Diane Kruger la dévotion matrimoniale), ni un scénario dont on connaît à l’avance le dénouement si on a, comme ce fut mon cas, été biberonné aux histoires épiques des grands explorateurs et si, à côté d’un poème de Rudyard Kipling, on avait dans sa chambre un poster de Guillaumet marchant seul dans la neige orné des mots célèbres :  « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »

PS : Aurez-vous reconnu la voix du directeur de l’Aéropostale à la radio ? Je n’y serai pas arrivé sans aller lire le générique. Il s’agissait de….

La bande-annonce

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