Enzo a seize ans. Il est issu d’un milieu favorisé qui le pousse à faire des études. Mais Enzo a choisi contre toute raison de suivre un CAP maçonnerie et de travailler de ses mains. En stage sur un chantier, il se rapproche de Vlad, un jeune maçon ukrainien, pour lequel il ressent une attirance trouble.
Laurent Cantet est mort en avril 2024 des suites d’un cancer sans avoir fini la réalisation de son dernier film. C’est Robin Campillo, son ami de toujours rencontré à l’IDHEC au début des années 80 et qui avait cosigné plusieurs scénarios de ses films, qui a mené la tâche à bien. Le geste, profondément émouvant, justifie déjà à lui seul le détour au risque d’hypothéquer l’objectivité de la critique qu’on peut faire de ce film.
Enzo a été tourné à La Ciotat, une ville qui, depuis les frères Lumière a été rarement filmée. Je ne connais guère que L’Atelier, un précédent film de Laurent Cantet justement, qui l’ait choisie pour cadre. Pourtant la lumière méditerranéenne y est belle, les vues sur mer paradisiaques et les hautes falaises de la calanque de Figuerolles particulièrement impressionnantes.
Enzo s’inscrit parfaitement à l’intersection des cinémas de Cantet et Campillo. Cantet est un réalisateur de la juste place (comme Annie Ernaux en littérature) : quelle est ma place se demandent les jeunes héros de Ressources humaines, d’Entre les murs ou de Arthur Rambo. Campillo, lui, est un réalisateur de l’homosexualité (Eastern Boys, 120 bpm). Leur Enzo est un adolescent, à peine sorti de l’enfance, qui cherche sa place et découvre son homosexualité.
Le sujet est intéressant et il serait bien injuste de lui reprocher d’être mal traité. En particulier les deux parents d’Enzo évitent la caricature dans laquelle ils auraient pu sombrer (Elodie Bouchez et Pierfrancesco Favino, l’un et l’autre impeccables). Il encourt toutefois selon moi deux critiques.
La première est son hypothèse de base. J’ai trouvé le personnage peu crédible. J’ai du mal à croire – la faute à mes préjugés de classe ? – qu’un garçon de seize ans puisse se prendre de passion pour la maçonnerie et tourner le dos à l’avenir privilégié que ses parents ont dessiné pour lui.
La seconde, la plus rédhibitoire, est le tempo languissant du film où il ne se passe hélas pas grand-chose au point qu’on s’y ennuie ferme.
PS : Qui aura reconnu les ruines romaines où a été tournée la dernière scène ? Réponse en mp