Le Fils de Joseph ★☆☆☆

Eugène Green construit une œuvre à nulle autre pareille. Après La Sapienza qu’une moitié de mes amis porte aux nues, que l’autre n’a pas vu et dont la troisième n’a jamais entendu parler, voici Le Fils de Joseph. Il ne s’appelle pas Jésus, mais sa mère s’appelle bien Marie et il se cherche un père. Il finit par arracher à sa mère le nom de son père biologique ; mais celui-ci s’avère être un éditeur cynique, misogyne et prétentieux. À défaut d’être reconnu par son père, le fils s’en choisira un autre en la personne de son oncle, le bien nommé Joseph.

Mais le scénario n’a au fond guère d’importance. Ce qui compte chez Eugène Green, c’est la forme. Une forme incroyablement artificielle, à la préciosité revendiquée, dont la diction ampoulée et le respect scrupuleux des accords, jusqu’aux plus improbables, constituent la marque de fabrique. Une préciosité au regard de laquelle la dentelle rohmérienne fait figure de boulevard putassier. Un cinéma qui, face aux blockbusters américains abrutissants, aux comédies françaises à l’humour graisseux, affiche son élitisme comme un acte de résistance.

Ainsi posé, le postulat idéologique est séduisant. Sauf qu’un film reste un film : une salle obscure, un écran, des spectateurs qu’un postulat idéologique ne suffit pas à séduire s’il dure cent quinze minutes.

La bande-annonce

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