Rodin ★☆☆☆

Vingt ans dans la vie de l’illustre sculpteur. De 1880 où l’État lui passe commande de La porte de l’Enfer – qu’il n’achèvera jamais – à l’achèvement du Monument à Balzac en 1900 qui fera scandale. Ces vingt ans, ce sont ceux aussi de la rencontre, de l’idylle puis de la rupture avec Camille Claudel, sa plus brillante élève.

Les biopics ont décidément la côte. Pas une semaine sans qu’il en sorte un nouveau : Pablo Neruda, Dalida, Jackie Kennedy, Paula Modersohn-Becker, Django Reinhardt, Emily Dickinson, Lou-Andreas Salome, Winston Churchill … Où diable s’arrêtera cette veine biographique qui produit à la chaîne des œuvres auxquelles je ne trouve guère d’intérêt ?

L’autre défaut rédhibitoire Rodin est qu’il succède à Camille Claudel, l’un des films les plus iconiques  des années 80, apogée de la carrière de la « reine » Adjani, couronné d’innombrables récompenses, entouré de l’aura de film-culte. Je n’ai pas revu Camille Claudel depuis sa sortie – au 14-juillet Odéon, dans une salle qui a été depuis longtemps rebaptisée ; mais j’en garde un souvenir indépassable. Peut-être ce souvenir est-il excessif. Peut-être Camille Claudel m’apparaîtrait-il aujourd’hui démodé. Mais c’est à l’aune de ce souvenir que j’ai vu Rodin. Et Rodin n’est pas de taille à se battre contre un souvenir.

Certes on comprend ce qui a attiré Jacques Doillon dans l’œuvre du maître. Il a voulu le filmer au travail, la main dans la glaise, obnubilé par une impossible quête de perfection. Vincent Lindon se glisse dans les habits trop larges de l’artiste enfiévré. Mais ce qu’il gagne en passion pour son art, il le perd en humanité. Le Rodin de Lindon n’est pas un être de sang, c’est une statue. Aucune étincelle ne jaillit entre Camille Claudel (Izia Higelin est pourtant excellente) et lui. On me rétorquera que tel était peut-être le dessein du réalisateur et scénariste. Mais alors, pourquoi avoir traité de cette dimension là de la vie du sculpteur ? pourquoi ne pas s’être contenté de le filmer sculptant ?

La bande-annonce

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