Le Prix du succès ★★☆☆

Brahim (Tahar Rahim) est un humoriste au succès grandissant. Son grand frère Mourad (Roschdy Zem) l’a accompagné dans toute sa carrière. Mais sa proximité devient envahissante. Brahim qui vient de rencontrer Linda (Maïwenn) ne sait pas comment expliquer à Mourad le nouveau tour des choses.

Le Prix du succès fait d’une pierre trois coups.

La première est celle que l’affiche a voulu – lourdement – souligner. Un trio. Un homme rit en compagnie de la femme qu’il aime. Il tourne le dos à son frère qui regarde dans sa direction sans partager l’intimité de ce couple dont il est désormais exclu.

La deuxième est celle que le titre entend porter : le succès professionnel oblige à des choix douloureux et se fait parfois au détriment du cercle familial. Pour prendre son envol, Tahir doit abandonner ce frère, parfois violent, souvent incontrôlable, pour choisir un autre impresario.

La troisième n’est pas la moins intéressante même si elle est moins visible. Tahir est d’origine modeste, fils d’immigrés maghrébins. Sa soudaine aisance financière lui permet d’offrir à ses parents et à toute sa famille une vie dont ils n’auraient jamais pu rêver. Il fait désormais à son corps défendant partie de la « beurgeoisie ».

Le Prix du succès a une immense qualité : ses acteurs. Roschdy Zem est, comme d’habitude excellent. Il compte, je crois, parmi mes acteurs préférés. Voilà plus de vingt ans que je le suis (il a tourné dans près de quatre vingt films) et qu’il ne m’a jamais déçu. J’adore sa façon de marcher avec les pieds en canard. Le personnage qu’il interprète à la perfection a le seul défaut d’être trop frustre pour cet acteur si subtil. Tahar Rahim est tout aussi bon. La révélation de Un prophète confirme l’immense espoir qu’il avait suscité en décrochant en 2010 à moins de trente ans le César du meilleur acteur – que Roschdy Zem n’a jamais reçu. Maïwenn – que j’aime moins – joue à contre-emploi le rôle d’une femme amoureuse et douce.

Le Prix du succès a néanmoins un défaut : son scénario faiblard. On aurait pu mieux utiliser les ressorts dramatiques de cette intrigue. Le film – qui se regarde sans s’ennuyer – manque de rythme. À vingt minutes de la fin, il marque une pause avant sa conclusion. On se demande dans quel sens il s’achèvera. On est vaguement déçu par son épilogue convenu.

La bande-annonce

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