Universal Theory ★★☆☆

Johannes Leinert présente en 1974 à la télévision allemande son livre La Théorie du tout. Il raconte un épisode de sa vie qui s’est déroulé douze ans plus tôt dans les Grisons, où le jeune Johannes, alors doctorant en physique quantique, avait participé avec son directeur de thèse à un congrès international. Ce congrès avait été marqué par une série d’épisodes mystérieux, à commencer par la défection de son principal intervenant. Johannes y avait fait la connaissance de Maria (Olivia Ross), une pianiste aux dons étranges.

Présenté en compétition à la dernière Mostra, Universal Theory (bizarre traduction française de Die Theorie von Allem, « la théorie du tout ») est un film ambitieux et impressionnant. Ultra-référencé, il multiplie les clins d’oeil, les emprunts, les hommages, jusqu’au vertige :
– à Hitchcock, à ses intrigues compliquées sur fond de Guerre froide (Le Rideau déchiré, L’Etau, La Mort aux trousses….) et à la musique symphonique de Bernard Herrmann ;
– au cinéma fantastique de David Lynch et à ses mystérieuses créatures venues des confins de notre monde ou peut-être de nos cauchemars les plus morbides ;
– à La Montagne magique de Thomas Mann qui se déroule dans le même écrin intemporel dans un palace international niché au sommet des Alpes enneigées ;
– à l’expressionnisme allemand de Lang ou de Murnau et à ses héritiers dans le film noir américain jusqu’à Wenders et l’usage qu’il fait du noir et blanc dans Les Ailes du désir.

On prend un vrai plaisir artistique et intellectuel à retrouver toutes ses références, pendant et après la séance. Elles ne nous écrasent pas moins, ne laissant guère de place à quoi que ce soit d’autre. Car, comme dans les films de Lynch, l’intrigue est passablement filandreuse, sinon totalement incompréhensible. Et, à la différence des films de Hitchcock, aucun suspense palpitant ne nous tient en haleine tout du long. Quant à l’histoire d’amour dont on comprend – sans en être tout à fait certain – qu’elle constitue le fil rouge du scénario, elle est aussi glaciale que la face nord de l’Eiger.

La bande-annonce

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